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Roméo et Juliette : le couple inattendu et incandescent d’Eric Ruf

Pour assister à ce Romeo et Juliette, il faut avant tout se départir de tout cliché, tout poncif entourant cette tragédie romantique. L’un des mythes les plus connus, et paradoxalement l’une des pièces les moins jouées de ce cher William. Sans doute les metteurs en scène craignent-ils de se trouver embourbés sous les couches successives de ces fameux clichés.
La vraie bonne surprise : Eric Ruf réussit à donner une lecture totalement nouvelle de cette histoire “archi-connue”. Le parti pris de déplacer l’intrigue dans la Sicile des années 30 fonctionne à merveille. Dès les premiers instants, on est saisi par la chaleur, la langueur, la douce apesanteur de cette contrée. Et surtout, on plonge pendant toute la première partie dans une infinie légèreté. Comme par magie, Eric Ruf nous fait oublier l’imminence du drame.

ROMEO ET JULIETTE -Jérémy Lopez Suliane Brahim

©Vincent Pontet coll. Comédie-Française

Tout d’abord on écoute, charmé, une voix : celle qui nous permet de reconnaître un Serge Bagdassarian physiquement transformé, au jeu toujours aussi brillant. Puis on assiste, ravi, à la préparation de la fête chez le couple Capulet formé d’une facétieuse Danièle Lebrun et d’un formidable Didier Sandre. Et puis, au plus fort de la fête, au détour d’une réjouissante farandole, on assiste médusé au coup de foudre qui conduira Roméo et Juliette au tombeau. Les scènes entre ces deux-là sont d’une justesse, d’une simplicité, d’une évidence, d’une sobriété qui les rendent d’autant plus émouvantes. A l’image de ce premier rendez-vous que nous propose Eric Ruf : la lumineuse, solaire, aérienne, lyrique, sublime Suliane Brahim est à quelques mètres au-dessus d’un Jérémy Lopez troublant de vérité, authentique et captivant.

Puis vient le drame, d’autant plus brutal que la grâce des scènes précédentes l’avait gommé de nos mémoires. Le sang appelle le sang, la vengeance et la haine reprennent leurs droits, et l’histoire, hélas, se termine telle qu’elle a toujours été contée…

Eric Ruf fait souffler sur le plateau un vent de légèreté qui balaye toutes les images d’Epinal et nous transporte dans “son” Roméo et Juliette :

1 – Il est somme toute assez rare de pouvoir rencontrer ce couple mythique sur les planches : la pièce n’avait pas été jouée depuis 60 ans au Français !…
2 – Le duo formé par Suliane Brahim et Jérémy Lopez nous enflamme, nous chavire et nous charme.
3 – La scénographie, la lumière, les costumes, les chorégraphies, les arrangements musicaux : tout concourt à créer un spectacle d’une bienfaisante et absolue beauté.

 

Le patron de la Comédie-Française parvient à nous “désapprendre” la légende pour nous conter une tragique et belle histoire d’amour…

Roméo et Juliette – Spectacle vu le 10 janvier 2016
Reprise à la Comédie-Française du 30 septembre 2016 au 1er février 2017
De William Shakespeare, mise en scène Eric Ruf

Revue de presse du 13 janvier 2016 : Victor F, la Fugue, les Femmes Savantes et les Molière de Vitez

 

1. Laurent Gutmann présente au Théâtre de l’Aquarium Victor F. tiré du «Frankenstein» de Mary Shelley :

– Des acteurs savoureux, une scénographie surprenante, un curieux spectacle qui ouvre un large spectre de réflexions sur les avancées de notre civilisation et son ensauvagement, sur les bienfaits des progrès de la science et la défiance à l’égard du projet transhumaniste.” – Un Fauteuil pour l’orchestre

– “L’excès de second degré tue à la longue l’intérêt du propos.” – Les Echos

– “La mise en scène et la scénographie sont au rendez-vous du propos. La pièce est belle. Le spectacle est un ravissement.” – Toute la Culture

– “Alliant grotesque et profondeur, il nous gagne immédiatement à la cause de son univers.” – La Terrasse

– “Laurent Gutmann créé une version moderne du mythe de Frankenstein dans laquelle on retrouve la question du transhumanisme mais aussi celle de la responsabilité du créateur.” – Theatral Magazine

 

2. La reprise aux Bouffes du Nord de Fugue de Samuel Achache, l’une des bonnes surprises du in avignonnais 2015 :

– Sous forme d’une orchestration à plusieurs voix successives, les comédiens, qui sont également musiciens, accompagnent le texte d’airs joués au violoncelle, piano ou clarinette.” – Libération

– “Un spectacle où s’entremêlent la musique et le texte… à l’autre bout du monde : en Antarctique, sur une drôle de base scientifique internationale.” – Arte

– “Les six interprètes ont composé chacun leur partition dans ce travail très collectif, et qui sonne juste, en dépit de longueurs dans la narration par moments.” – Le Parisien

– Interview de Samuel Achache pour La Terrasse

 

3. Après Les Femmes savantes vues par Macha Makaïef, voici celles vues par Elisabeth Chailloux au Théâtre des Quartiers d’Ivry :

– “Elisabeth Chailloux indique procéder à une mise en résonance avec le féminisme des années 1960, parallèle non pertinent dès lors que ses revendications concernent la remise en cause des rôles familiaux traditionnels et la liberté sexuelle.” – Froggy’s Delight

– “Hélas, il y a beaucoup de contresens dans cette transposition interprétée sans homogénéité.” – Le Figaro

– “Elisabeth Chailloux revisite ici la pièce de Molière en l’inscrivant dans une ambiance de fin des années 1960.”–  Le Parisien

– Interview d’Elisabeth Chailloux pour La Terrasse

 

4. Pour rester chez Molière, le pari fou de Gwenaël Morin de remonter ceux deVitez aux Amandiers :

– “Pour jouer L’École des femmes, Tartuffe, Dom Juan et Le Misanthrope, Morin a travaillé avec des élèves acteurs du Conservatoire de Lyon.” – Le Figaro

– “C’est Molière en lâcher prise que nous offrent le directeur du Point du Jour et sa jeune troupe – du théâtre vibrant, fiévreux, intemporel, qui semble inventé à même le grand plateau.” – Les Echos

– “La distribution s’est faite au hasard, par tirage au sort, sans tenir compte des rôles d’hommes ou de femmes, des personnages principaux ou secondaires.” – France Inter

– “Le texte, rien que le texte, mais tout le texte joué hors de toute tentation psychologique, sous le regard du metteur en scène Gwénaël Morin.” – Le Progrès

 

 

Jérémy Lopez_Portrait

Interview de Jérémy Lopez, pensionnaire de la Comédie-Française

Interview de Jérémy Lopez, pensionnaire de la Comédie-Française – 16 décembre 2015
A l’affiche de Roméo et Juliette jusqu’au 30 mai 2016 (Lire l’article en ligne)

 

Si l’on applique sa propre théorie, on peut dire que Jérémy Lopez, par son jeu cru, net et ultra réaliste, nous attire vers le “haut de la bande du kif”

Un faux air de Patrick Dewaere – accentué par la moustache que son “patron” Eric Ruf lui a demandé de porter pour incarner Roméo – une profonde bienveillance, un franc parler et un sens de l’humour qui font tellement de bien : on se sent de suite à l’aise avec lui. On adore l’écouter digresser au sujet de sa formation à l’ENSATT, de sa carrière au Français, de ses coups de blues, de sa “théorie de la bande du kiff”, de son adoration pour William Sheller, de son émerveillement face à ses enfants…
Entré à la Comédie-Française en même temps que Pierre Niney, il dit y avoir découvert une troupe généreuse, accueillante, bienveillante, transparente, soudée… Tant d’attributs qu’il n’aurait pas forcément associés à ses camarades de jeu avant de les connaître.

En cinq ans, on l’a beaucoup vu, il a énormément travaillé, comme tous les comédiens du Français, enchaînant les rôles au gré des projets : Horace dans l’Ecole des Femmes de Jacques Lassalle, Ernesto dans La Pluie d’été d’Emmanuel Daumas, Bottom dans Le Songe d’une nuit d’été de Murielle Mayette, Thommereux dans Le Système Ribadier de Zabou Breitman, et bien d’autres… sans oublier ses participations aux Cabarets Brassens et Boris Vian.
Jusqu’à ce Roméo – “c’est notre Roméo, insiste-t-il, à Eric, Suliane et moi”. Un Roméo qui en surprendra sans doute plus d’un, tant il est éloigné des clichés de l’imaginaire collectif. Rompre avec ces fameux clichés, camper des personnages tout en réalité, fuir les jeux de voix et autres effets de style, c’est ainsi que Jérémy envisage son métier.

Mais à l’heure où l’on écrit ses lignes, Roméo est déjà presque derrière lui. Jeu de l’alternance oblige, il vient de débuter les répétitions de La Mer d’Edward Bond. L’occasion de retrouver Alain Françon, croisé à l’ENSATT. Ainsi va la vie au Français, “une maison, dit-il, où l’on ne fait que passer”. Espérons que son passage à lui gardera toujours ce parfum de totale et entière vérité qui nous plaît tant chez lui !

Benjamin Jungers

Interview de Benjamin Jungers

Interview de Benjamin Jungers – 11 décembre 2015
Actuellement à l’affiche du Théâtre de Poche-Montparnasse dans l’Autre de Florian Zeller (Lire l’article en ligne)

Benjamin Jungers, d’un Autre à l’Autre…

On se souvient d’avoir découvert ce comédien sous les traits du si touchant Chérubin de Christophe Rauck à la Comédie-Française. Il avait été recruté pour ce rôle par Murielle Mayette, alors qu’il était encore sur les bancs du Conservatoire. L’ex-administratrice ne s’y était pas trompée… En près de huit années au sein de la Troupe, ce jeune prodige nous a éblouis, émus, étonnés, chamboulés, émerveillés. Enchaînant les rôles et les projets, parfois imprévisibles : de Chérubin à Cléante, en passant par Poil de Carotte et le Petit Prince, il mit également en scène l’Ile des Esclaves de Marivaux au Studio-Théâtre.

Je conserve un souvenir très profond de son interprétation de Gianni, dans La Maladie de la famille M. de l’italien Fausto Paradivino. Epoustouflant également, il le fut en X dans la mise en scène de Christian Benedetti d’Existenz. Des personnages qui ne correspondaient pas forcément à l’image que l’on projetait de Benjamin. Est-ce la raison pour laquelle la Maison de Molière décida tout à coup de se séparer de lui? Nul n’en saura jamais rien, lui-même fut le premier surpris…

Le dernier spectacle dans lequel je l’avais admiré et applaudi était une création de Françoise Gillard. Au Vieux-Colombier, un tableau chorégraphique au-delà des frontières de ce que l’on voit d’habitude au Français. Une fois encore, Benjamin se trouvait là où l’on ne l’attendait pas. Corporellement incandescent et interprétant à merveille la fameuse Tempête (sonate pour piano n°17 de Beethoven). Ce spectacle s’intitulait l’Autre. Il serait son dernier au Français. Coïncidence des rencontres, joli pied de nez artistique, hasard de la vie : on peut aujourd’hui l’applaudir sur la scène du Poche-Montparnasse dans la reprise de la première pièce de Florian Zeller… un “autre Autre”.

 

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L’Autre, la première pièce de Florian Zeller reprise au Poche-Montparnasse

Garder en tête les images d’un spectacle vu dix ans plus tôt. Un souvenir vague, mais suffisamment évident pour avoir l’envie d’y revenir, dix ans plus tard. Et dix ans plus tard, avec dix ans de plus, “se prendre la pièce en pleine tête”. Au point de ne pas comprendre le caractère si vague, si brumeux du fameux souvenir…
La pièce est de Florian Zeller : sa première, son oeuvre de jeunesse pourrait-on dire. Créée en 2004 au Théâtre des Mathurins, elle avait connu un large succès. Ceux qui promettaient à l’époque un brillant avenir au jeune auteur ne s’y étaient pas trompés.

Plaisir, donc, de retrouver, réentendre, reméditer ce texte. Et de plonger à corps perdu dans cette tragi-comédie. Qui va bien au-delà d’une sordide histoire d’adultère. Car si l’Autre est l’Amant, il est aussi la Mort, la Solitude, le Remords, l’Enfance, la Colère… L’Autre est tellement de sentiments et d’impressions.

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©Pascal Gely

D’après la distribution, l’Autre est incarné par Jeoffrey Bourdenet (séduisant, inquiétant, énigmatique). Mais l’Autre n’est-il pas également le talentueux Benjamin Jungers ? Et aussi l’incandescente Carolina Jurczak – autre promesse, dix ans plus tard ? Benjamin Jungers est lui (Lui). Il nous entraîne dans son histoire, ses doutes, jusqu’au plus loin de son inconscient. Passant à merveille d’une douceur angélique à une brutalité froide et intrigante. Lui, c’est une part de nous. La part de nous que l’on souhaiterait oublier. Celle que l’on préfèrerait laisser profondément enfouie. Mais l’Autre veille, l’Autre nous surveille : l’Autre c’est nous…

Que ce soit pour raviver un souvenir de dix ans ou pour découvrir la première pièce du prolifique Florian Zeller, courez donc au Poche :

1 – La mise en scène précise et sensible de Thibault Ameline nous permet d’accéder au cœur même de ce trio infernal.
2 – L’intimité est palpable dans la petite salle du Poche-Montparnasse qui nous rapproche tant des comédiens.
3 – Grâce à un jeu subtil et intelligent, ces trois-là nous font entrer dans une danse qui va nous enchaîner peu à peu à cet Autre aux multiples facettes.

Redécouverte de l’Autre, dix ans plus tard : un spectacle qui s’est bonifié avec le temps…

L’Autre – Spectacle vu le 17 décembre 2015
A l’affiche du Théâtre de Poche-Montparnasse jusqu’au 28 février 2016
Une pièce de Florian Zeller, mise en scène Thibault Ameline

Benjamin Porée_portrait

Interview de Benjamin Porée

Interview de Benjamin Porée – 9 décembre 2015
Toute son actualité en cliquant sur le lien suivant

Rencontre avec un jeune metteur en scène qui prouve que “la valeur n’attend pas le nombre des années”

J’ai découvert le travail de Benjamin Porée en allant voir son Platonov aux Ateliers Berthier. Je me souviens d’un spectacle tellement plein de jeunesse, tellement visuel aussi, quasiment cinématographique. Sa jeunesse : c’est la première chose qui frappe lorsque l’on rencontre Benjamin Porée. Parce que la lecture de son déjà prolifique CV nous ferait oublier qu’il n’a que 30 ans. Après 5 années passées dans la classe libre du Cours Florent, il signe sa première mise en scène, Une saison en enfer de Rimbaud en 2006.
Il est remarqué par José Alfarroba, le Directeur du Théâtre de Vanves, qui l’invite comme artiste résident, puis artiste associé. Une rencontre qui marque le début de carrière du talentueux Benjamin. Il y montera notamment une Andromaque pleine de fougue et de passion. Et José Alfarroba aura la bonne idée de lui laisser carte blanche lorsqu’il proposera de monter l’œuvre de jeunesse de Tchekhov. Une version de 4 h 30, une trentaine de figurants pour un résultat magique, ardent, féérique, jouissif, enchanteur…
La seconde chose qui frappe lorsque l’on discute avec Benjamin Porée, c’est son amour, sa passion pour le cinéma. Une passion qui rejaillit nécessairement et idéalement sur son travail.
Au printemps prochain, on pourra voir ou revoir sa Trilogie du Revoir, de Botho Strauss. Créé au Festival d’Avignon 2015, ce spectacle sera repris au Théâtre des Gémeaux de Sceaux, qui ne s’y est pas trompé en lui proposant une place d’artiste associé. Pas de doute, le théâtre – et sans doute bientôt le cinéma – français devront désormais compter avec lui…

Revue de presse hebdo : A tort et à raison, Fin de série, Alice et autres merveilles et Isabelle Carré

Revue de presse du 30 décembre 2015

 

 

1. Au Théâtre Hébertot, Michel Bouquet reprend son rôle de Wilhelm Furtwängler, dans A tort et à raison :

– Michel Bouquet incarne brillamment le chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler, soupçonné de sympathie avec le nazisme” Le Figaro

– Bouquet jongle entre maîtrise totale et total don de soi. On en est saisi d’émotion.” – Telerama

– “On passe néanmoins un bon moment de théâtre, transporté par la petite musique de la pièce et par la grande musique de l’artiste Michel Bouquet.” – Les Echos

– “La pièce doit jouer 3 ou 4 mois à Hébertot, et on compte sur Michel Bouquet pour peaufiner le rôle de soir en soir, fouillant toujours plus loin pour enrichir son personnage.”  – L’Express

Interview de Michel Bouquet pour Le JDD

 

2. Alors que la Mairie de Paris s’apprête à faire disparaître le Vingtième Théâtre, il est encore temps d’aller y voir ou revoir Fin de série de Jean-Claude Cotillard :

– Une comédie très fine, très drôle et sans paroles.” Le Figaro

– La mise en scène rappelle Christoph Marthaler et comme chez lui, nous rions dès le premier bruit, ici le « blob » du poisson rouge. Une pièce à voir et à revoir.” – Toute la Culture

– “Il faut aller faire un triomphe à Jean-Claude Cotillard, à Zazie Delem, à Alan Boone. Ils sont rares, très talentueux, modestes et pleins d’imagination et d’humanité.” – Le blog du Figaro

– “La compagnie Cotillard égrène son art de la cocasserie avec Fin de série, comédie méchante et burlesque en hommage aux vieux. Sans complaisance.”  – La Terrasse

“Une fin de série résolument réussie et roborative et donc totalement indispensable.” – Froggy’s Delight

 

3. Au Théâtre de la Ville, Emmanuel Demarcy-Mota met en scène Alice et autres merveilles, un enchantement pour petits et grands :

– “Emmanuel Demarcy-Mota, qui a demandé à l’auteur Fabrice Melquiot d’écrire une version contemporaine de l’histoire inventée par Lewis Carroll, signe avec cette Alice et autres merveilles un spectacle superbe sur le plan scénique.” Le Monde

– Des cris, des bravos, des applaudissements qui n’en finissent pas!” Le Figaro

– “L’héroïne contemporaine navigue dans un imaginaire composite, qui flirte avec l’étrange.” – Telerama

– “Au milieu du territoire d’inventions des enfants, sans règles, tout apparaît ou disparaît aussi vite qu’un songe.”  – Paris bouge

 

4. Le retour d’Isabelle Carré au théâtre, c’est à l’Atelier, dans une pièce intitulée De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites :

– “La pièce de Paul Zindel date des années 70. Son titre improbable nous est  connu car elle a fait l’objet d’un film de Paul Newman (avec Joan Woodward). Reg’Arts

– “Dans l’ambiance étouffante de la mise en scène et par le jeu rigoureux d’Isabelle Carré, nous explorons la description quasi complète et académique de ce qu’est une mère abusive et toxique. Toute la Culture

– Isabelle Carré, qui signe ici sa première mise en scène, donne une version convaincante de la pièce de Paul Zindel.” Froggy’s Deligth

– “Interview d’Isabelle Carré pour RTL

 

Revue de presse du 23 décembre 2015 : Madame Bovary, Singin’ in the rain et Bigre

 

1. Au Poche-Montparnasse, une version originale et très réussie de Madame Bovary :

– “Gilles-Vincent Kapps et Sandrine Molaro signent une mise en scène volontiers blagueuse qui n’étouffe ni l’émotion, ni les larmes, ni la cruauté.” – Le Figaro

– “La pièce, très drôle, est une réécriture magnifique et contemporaine du roman de Flaubert, une révision non de l’intrigue, non des conflits psychiques, mais du contextuel.” – Toute la Culture

– “Portés par la mise en scène dynamique de Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps, qui interprètent respectivement les rôles d’Emma et de son amant Rodolphe Boulanger, les acteurs ont toute latitude de développer leur jeu.”  – Froggy’s Delight

– “Sandrine Molaro, dans sa composition d’Emma, fait le choix d’une interprétation habitée, hystérique, zulawskienne. À ses côtés, les trois autres déploient un jeu plus sobre, presque désincarné, extrêmement précis.”  – Les trois coups

 

 

2. Pour les fêtes de fin d’année, le Théâtre du Châtelet prend des airs de Broadway avec la formidable reprise de Singin’ in the Rain :

– “Robert Carsen réussit une mise en scène très élégante, joue à la perfection de la rapidité entre les scènes, distille un sens du rêve qui ne tient qu’à lui, aidé par une équipe formidable.” – Le Point

– “Un véritable tour de force du metteur en scène qui parvient au théâtre à rendre le solo mouillé de Don Lockwood (Gene Kelly/Dan Burton) à la fois poétique et spectaculaire.” – Time Out

– “Le metteur en scène d’opéra nous offre une mise en abîme cinématographique de la comédie musicale de Stanley Donen et Gene Kelly. – Les Echos

– “Les 31 interprètes sur scène -des Britanniques- jouent, chantent, et dansent les claquettes avec virtuosité.”  – BFMTV

– “On ne s’étonnera donc pas que le public fasse un triomphe à cette production et qu’elle aussi soit demandée à New York.” – L’Obs

 

 

3. Pour rire, on va voir Bigre au Rond-Point, petit bijou absurde et surréaliste :

– “Au Rond-Point, Pierre Guillois, Agathe L’Huillier, Olivier Martin-Salvan ont imaginé un mélo burlesque irrésistible.” – Le Figaro

– “Sur la scène du Rond-Point, Bigre, spectacle muet, épingle la vie urbaine en plein dérapage sur un mode burlesque.” – L’Express

– “Entre tableaux, récit et portraits, ce spectacle doux-amer aux belles images superpose la vie et l’absurde, le bête, le méchant et le poétique. Et offre un moment accessible et intelligent, de clown et de cinéma.” – Un fauteuil pour l’orchestre

– “Pas un mot ne sera dit, mais les catastrophes vont s’enchaîner allègrement entre le geek, le bordélique et l’apprentie en médecines plus ou moins douces.”  – Les Inrocks

– “Virtuose du burlesque, Pierre Guillois est bel et bien l’héritier de Jacques Tati et de Jérôme Deschamps.”  – Telerama

 

Pinocchio : quand le magicien Pommerat rencontre le génie Collodi

Pinocchio – Spectacle vu le 12 décembre 2015
A l’affiche de l’Odéon-Théâtre de l’Europe jusqu’au 3 janvier 2016, puis en tournée (dates ici)
Un spectacle de Joël Pommerat, d’après Carlo Collodi

 

Pinocchio réinventé par l’un des génies du théâtre contemporain : incontournable pour les petits et les grands

Un spectacle de Joël Pommerat : c’est toujours un cadeau précieux, un rendez-vous privilégié, une promesse de bonheur… Le retour de Pinocchio, je l’attendais d’autant plus que c’est grâce à un autre conte – Cendrillon – que j’avais découvert le Pommerat magicien. Dans ma vie de spectatrice, il y a clairement un avant et un après Cendrillon.

Succédant sur la scène des Ateliers Berthier à la truculente Cendrier, un curieux pantin blafard nous invite à un voyage tout aussi inoubliable. Dès les premières secondes, le charme opère, avec l’apparition d’un conteur aux allures de forain (réincarnation du fameux criquet). Ce Monsieur Loyal nous décrit ce qu’il voyait lorsqu’il ne voyait pas… Le voyage vient de débuter. Il nous entraînera tour à tour dans la forêt, dans une salle de classe, sur une piste de danse, dans un cachot, chez une Fée, au plus profond de l’océan ainsi qu’à la surface d’une mer déchaînée. Tout cela sans autre artifice que les jeux de clair obscur. La lumière, toujours la lumière…

Mais l’efficacité du texte n’a rien à envier à la beauté de ces images. Joël Pommerat revisite le mythe créé par Collodi avec intelligence, finesse, subtilité, humour souvent, philosophie toujours. Il aborde des thèmes tels que la pauvreté (“En plus d’être vieux, tu es pauvre, alors ça c’est la meilleure de la journée !“), le mensonge (“Rien n’est plus important dans la vie que la vérité”), la paternité (“J’ai envie de rentrer chez moi et de revoir mon père, il me manque”) et surtout la liberté (“Pinocchio, c’est le symbole de la transgression, la liberté par la bêtise et l’ignorance” explique Joël Pommerat). Au final, ce spectacle est une sorte de parcours initiatique pour l’enfant – et parfois le pantin – qui sommeille en nous.

A découvrir ou revoir en famille, cette variation magique de Joël Pommerat autour du mythe de Pinocchio :

1 – L’occasion de découvrir, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, un auteur de spectacles d’une intelligence rare et précieuse.
2 – Par son jeu de noirs et de lumières tellement caractéristique, Joël Pommerat grave en nous des images d’une beauté mémorable.
3 – Un spectacle destiné, non pas aux enfants, mais à la part d’insouciance, de candeur et d’indispensable naïveté enfouie en chacun de nous.

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Les Rustres Bruno Rafaeli

Les Rustres jubilatoires de Jean-Louis Benoit

Les Rustres – Spectacle vu le 13 décembre 2015
A l’affiche du Théâtre du Vieux-Colombier jusqu’au 10 janvier 2016
De Carlo Goldoni, mise en scène Jean-Louis Benoit

©Christophe Raynaud de Lage coll. Comédie-Française

On adore détester ces Rustres et voir leurs épouses se rebeller peu à peu contre tant de rudesse et de grossièreté. 

En cette période de fin d’année, il est toujours agréable de programmer des sorties théâtre en famille.
Ne manquant pas à sa réputation, la Comédie-Française propose actuellement deux spectacles jubilatoires. Côté Studio-Théâtre, il ne faut pas louper la reprise du Loup de Marcel Aymé dans une mise en scène de Véronique Vella, avec l’excellent Michel Vuillermoz. Côté Vieux-Colombier, vous avez rendez-vous avec les Rustres de Carlo Goldoni, dans une mise en scène jouissive de Jean-Louis Benoit.

Qui sont-ils exactement, ces rustres? Trois compères sauvages, grossiers, pingres, rustiques, impolis, bourrus…et tellement drôles à la fois. Le trio interprété par l’inégalable Christian Hecq – génie comique du moment – le désopilant Bruno Raffaeli et le bougonnant Nicolas Lormeau fonctionne à merveille. L’intrigue est assez simple : Lunardo (Christian Hecq) veut marier sa fille Lucietta (Rebecca Marder, nouvelle recrue du Français) à Filippetto (Christophe Montenez) qui est le fils de son ami Maurizio (Nicolas Lormeau). Il veut les marier, mais sans qu’ils se soient rencontrés au préalable.

Chez Goldoni, les femmes sont aussi sensées, philosophes et généreuses que leurs époux sont mufles, goujats et bornés. La plus hardie et téméraire de toutes, Felice (formidable Clotilde de Bayser) incarne une sorte de féministe avant l’heure qui mène son mari (le doyen Gérard Giroudon) par le bout du nez. C’est elle qui manigancera une entrevue entre les deux jeunes gens. C’est grâce à son audace que ses amies (Céline Samie et Coraly Zahonero) se rebelleront contre leurs rustauds de maris. C’est elle qui aura le dernier mot, laissant entendre la voix de Goldoni à travers son plaidoyer final. Une voix qui prône ouverture aux autres, bienveillance et hauteur de vue… Une voix qui résonne en nous bien après le spectacle.

Au Vieux-Colombier, on échauffe ses zygomatiques en même temps qu’on médite sur la nature humaine :

1 – Jean-Louis Benoit qui connaît bien la maison de Molière y revient avec une gaieté communicative.
2 – L’alchimie entre l’intelligence de ce metteur en scène et le talent de la troupe parvient à transcender le “génie Goldoni”.
3 – En à peine deux scènes, et quelques mois après sa brillante interprétation dans Comme une pierre qui… Christophe Montenez confirme ici l’étendue de son talent.

 

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