Articles

Un « Roi Lear » aux atours baroques et punk au Théâtre du Soleil

De la compagnie Théâtre Amer, on avait beaucoup aimé le Peter Pan découvert l’an dernier au Théâtre Paris Villette.
On se retrouve cette fois dans ce lieu magique de la Cartoucherie pour leur nouvelle création.

Des effluves d’encens et de musique baroque accueillent les spectateurs. C’est sur une scène dépouillée que se déroulera la tragédie shakespearienne – un sol terreux, cerné de deux hautes marches courant le long du plateau, qui hiérarchisent verticalement l’espace. En fond de scène se révèlera un cadre de loupiotes, petit théâtre dans le théâtre, castelet de cabaret rougeoyant qui offrira une judicieuse accentuation des comédies de faux-semblants qui se jouent entre les protagonistes.
 

 
Un noir profond, un tambourin grave, une rythmique de halètements, un chant de gorge diphonique : l’ouverture a quelque chose de cérémoniel et crée tout de suite une attention particulière.

Le Roi Lear est une tragédie, on s’y marre peu et on y meurt beaucoup. La nouvelle traduction d’Emmanuel Suarez et l’adaptation de Mathieu Coblentz, finement actualisées, l’aèrent toutefois un peu, les allusions à la société contemporaine font réagir les spectateurs mais restent toujours dans le juste mouvement du texte. Quelques intrigues et personnages en moins (notamment les époux des sœurs Goneril et Regane disparaissent, elles portent seules leur statut et leur stature – on pourra peut-être regretter alors qu’elles soient si uniment mauvaises, plus archétypales qu’humaines) en simplifient l’appréhension, on ne se perdra point dans le labyrinthe des trahisons en cascade de ce Roi Lear.

Le roi Lear, c’est ce roi qui va répartir son héritage entre ses trois filles à l’aune de l’expression de leur dévotion filiale. Ce roi fou qui attend de sa fille préférée qu’elle maquille ses mots, ce roi bébé qui veut être cajoler plutôt qu’aimer. Ce roi qui spolie la benjamine et son cœur franc mais sans artifice au profit des deux aînées, grandes gagnantes au concours de la lèche-botterie et de l’hypocrisie.

En miroir des vilénies sororales, Edmond le fils bâtard du comte de Gloucester déchire lui aussi le tissu familial en intrigant contre son frère Edgar, le fils légitime.

On se détruit en famille dans Le Roi Lear, les frères et les sœurs s’entretuent et le cœur des pères lâchent devant le désastre. C’est un temps bien sombre et sans espoir.
 

 
Mathieu Coblentz a le sens du spectaculaire, et compose une fresque ambitieuse aux enjeux limpides et à l’humeur obscure.
Sous des lumières soignées, les atours sont baroques et punk, cheap et majestueux – bijoux fantaisie, fourrures, satin, kilts, cuirs rock et maquillages gothiques. Ceux du roi Lear aux allures de roi Soleil tomberont au fur et à mesure de son dénuement social et mental.
Les sept interprètes ont de l’allant, certains passent d’un personnage à l’autre avec beaucoup de souplesse, et il est assez jouissif de les voir déployer d’autres facettes de leur talent dans des rôles très différents les uns des autres, ainsi du fou, d’Edgar et Gloucester incarnés avec brio par les trois sœurs. L’énergie de la troupe laisse peu de place à l’émotion, qui naîtra pourtant – de la puissance des images, de la beauté d’un chant ancien de plusieurs siècles, de la profondeur d’une ombre, de la rage d’un riff de guitare, de la voix de roches éboulées de Jo Zeugma (qui orchestre aussi la superbe création musicale).

On aurait aimé plus de souffle, et sans doute aussi plus de nuances à ce Roi Lear, mais quelques scènes fortes, splendides et puissantes, resteront en mémoire, le geste théâtral est beau et les jeunes spectateurs sont à juste raison enchantés : Mathieu Coblentz ouvre là une magnifique porte d’entrée vers l’univers foisonnant de Shakespeare, avec ce Roi Lear désespéré et fastueux.

Marie-Hélène Guérin

 

LE ROI LEAR
Un spectacle de la Compagnie Théâtre Amer
À voir à partir de 13 ans
Au Théâtre du Soleil du 22 octobre au 15 novembre 2025
De William Shakespeare
Mise en scène et adaptation Mathieu Coblentz
Traduction Emmanuel Suarez
Jeu et musique Florent Chapellière, Maud Gentien, Julien Large, Laure Pagès, Camille Voitellier, Florian Westerhoff, Jo Zeugma
Scénographie Vincent Lefèvre | Création des costumes Patrick Cavalié | Régie sonore Simon Denis | Régie polyvalente Julien Crépin

20 000 lieues sous les mers, un certain Charles Spencer Chaplin, le Roi Lear et le bizarre incident du chien dans la nuit

Revue de presse du 7 octobre 2015

 

1. Critique unanime pour la mise en scène de 20 000 lieues sous les mers par Christian Hecq au Vieux-Colombier :

– « Le capitaine Christian Hecq (Nemo froid et mystérieux) a dessiné avec précision et drôlerie les personnages.« – Le JDD

– « Interprète clownesque et polymorphe, Christian Hecq s’est initié à la manipulation marionnettique en 2008, auprès de Philippe Genty et Mary Underwood. » – La Terrasse

– « Nous sommes attrapés par la beauté de la mise en scène, par l’esthétique des tableaux. On rit beaucoup. On s’émerveille comme des enfants.« – Toute la Culture

– « Si la devise de l’illustre maison est Simul et singulis (ensemble et chacun en particulier), ce projet est, de l’aveu même de Christian Hecq, plus simul que singulis.« – Théâtral Magazine

– « Interview de Christian Hecq et Valérie Lesort par Vincent Josse« – La matinale de France Musique

 

2. Bel accueil également du « biopic » de Charles Spencer Chaplin proposé par Daniel Colas au Théâtre Montparnasse :

– « Un biopic éclairant sur la vie tourmentée de Charlie Chaplin au théâtre Montparnasse, porté par le jeu éblouissant de Maxime d’Aboville.« – Les Echos

– « C‘est un film théâtral que nous propose Daniel Colas qui a composé cette succession de scènes qu’il développe lui-même sur le grand plateau du Théâtre Montparnasse. » – Le Figaro

– « Nous sommes au théâtre, au cinéma, au cirque peut-être, où l’on voudra, dans un lieu imaginaire, en tous les cas, et dans lequel se déroule une histoire vraie, une histoire telle que l’imaginaire justement n’aurait jamais oser inventer.« – Artistic Rezo

 

3. Au Théâtre de la Madeleine, Jean-Luc Revol transpose la tragédie du Roi Lear dans les années folles :

– « Une transposition gonflée, mais la greffe fonctionne : voici une version moderne, rythmée, accessible à tous, d’une des plus complexes tragédies shakespeariennes, portée par un Michel Aumont au top de sa forme.« – Le Parisien

– « Après Le Roi Lear vu par Olivier Py, voilà la vision de Jean-Luc Revol : Lear est un nabab du cinéma qui, en 1929, renonce à son empire et le transmet à ses filles. » – Théâtral Magazine

– « La distribution est aiguisée, menée par un Michel Aumont subtil et émouvant. Un « King Lear » attachant, à découvrir au Théâtre de la Madeleine. » – Les Echos

– « On devrait être bouleversé, emporté, touché au cœur. On est loin du compte. Et on l’est d’autant moins que Michel Aumont n’est pas encore parvenu à faire exister le roi Lear.« – Le blog de L’Express

– « Une pièce aboutie, exigeante et populaire : à voir par tous !« – La Terrasse

 

4. Le bizarre incident du chien pendant la nuit, le nouveau spectacle de Philippe Adrien à la Tempête,  :

– « Inventive, soignée et finement burlesque, la mise en scène de Philippe Adrien dépeint le parcours initiatique d’un autiste surdoué, découvrant des vérités enfouies.« – La Terrasse

– « Ce texte adapté au théâtre par le dramaturge Simon Stephen à partir du roman de Mark Haddon n’est pas vraiment un whodunnit.« – Libération

– « La scénographie est imaginative, le rythme enlevé (sauf une fin convenue) et les acteurs parfaits. » – Marianne

– « Epaulé par de solides comédiens (qui jouent plusieurs rôles), Pierre Lefebvre-Christopher est porté par la mise en scène onirique de son père, Philippe Adrien. » – Les Echos

– « Sur scène, s’il a la bosse des maths, Christopher est aussi multi-cabossé par le destin génétique avec yeux révulsés, tics, bégaiement, spasticité des mains et stéréotypie kinétique (belle composition du poly-handicap par Pierre Lefèvre).« – Froggy’s Delight

Les Sonnets de Shakespeare, le Roi Lear et Ciel mon placard!

Revue de presse du 30 septembre 2015

 

 

1. Les Sonnets de Shakespeare, version rock au Théâtre de la Bastille :

– « Au menu de ce voyage lyrique et théâtral, une vingtaine de sonnets-chansons (adaptés par Pascal Collin) qui épousent tous les genres.« – Les Echos

– « La Krief, qui est une des actrices les plus singulières et inventives de notre paysage théâtral, a rencontré les Sonnets de Shakespeare en 1999. » – Le Monde

– « Norah Krief y propose une version rock de Shakespeare en chantant certains de ses Sonnets. Gonflé.« – Marianne

– « Petit OTNI (Objet Théâtral Non Identifié) musical de cette rentrée conçu par Richard Brunel et Frédéric Fresson, « Les Sonnets de Shakespeare« , à mi-chemin entre le concert théâtralisé et le spectacle chanté, déroutent tout autant qu’il séduisent.« – Froggy’s Delight

– « Entretien avec Nora Krief.« – Un fauteuil pour l’orchestre

 

2. Michel Aumont époustouflant Roi Lear au Théâtre de la Madeleine :

– « Michel Aumont rayonne en roi brisé, dont l’arrogance folle se meut en folie douce.« – Les Echos

– « Après Le Roi Lear vu par Olivier Py, voilà la vision de Jean-Luc Revol : Lear est un nabab du cinéma qui, en 1929, renonce à son empire et le transmet à ses filles. » – Théâtral Magazine

– « Et puis il y a la très belle composition de Michel Aumont, qui file doucement vers la sénilité.« – Scene Web

– « Michel Aumont est toujours aussi charismatique. On sent sa passion intacte, lui pour qui le théâtre est le seul endroit où on se sent légitime, où on a l’impression d’exister.« – Les Trois Coups

– « Cette adaptation très réussie fait entendre la tragédie dans toute son acuité et frappe d’abord par l’équilibre remarquablement cohérent des relations.« – La Terrasse

 

3. Reprise au Théâtre du Rond-Point de Ciel mon placard!:

– « Nicole Genovese procède dans cet opus qu’elle qualifie d' »ignominie culturelle » – attention humour à effet kiss kool – au dynamitage en règle du théâtre de boulevard dont elle connaît bien les codes et les thématiques.« – Froggy’s Delight

– « La pièce rend grâce aux genres de mauvaise réputation. Une machine à jouer efficace et ludique, bien servie par la jeune Nicole Genovese et ses camarades endiablés. » – France Inter

– « Pastiche irrévérencieux plus que ricanant, du boulevard abordé par un chemin de traverse, Ciel ! mon placard tient la route.« – Libération

– « Pastiche irrévérencieux plus que ricanant, du boulevard abordé par un chemin de traverse, Ciel ! mon placard tient la route.«  La Terrasse

– « Il y en a qui font des copies pirates, Nicole Genovese est une femme pirate qui fait de l’original à partir de copies« – Rue89-le blog

Mummenschanz à Paris, Le Roi Lear, Richard III et Valère Novarina à Avignon

Revue de presse du 8 juillet 2015

 

1. Du 3 au 12 juillet, la troupe du Mummenschanz débarque au Théâtre Antoine  :

– « La seule certitude reste l’univers magique dans lequel vous entraine cette troupe d’artistes atypique. » – Europe 1

– « Tout n’est que poésie, délicatesse, et surprises. » – Sortir à Paris

– « L’esthétique de Mummenschanz n’est pas sans rappeler l’univers du Cirque invisible – de Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin – avec ces costumes fabuleux qui s’animent sur scène. » – La Presse

– « What is very fascinating is that in a world like today where people are so much into their computers and high-tech communication, they still adore and have fun interacting and playing with just about nothing. » – Chicago Tribune

 

2. Le Roi Lear d’Olivier Py divise la critique…

– « Olivier Py ne cache pas sa joie de monter ce Roi Lear qu’il couve depuis trente ans. » – Le Point

– « Dérangeant, inabouti, ce « Roi Lear » gonflé d’un Olivier Py furieux est un spectacle clivant, qui va déchaîner les passions. » – Les Echos

– « Seul Jean-Damien Barbin, un fou au bonnet de laine blanc à pompon, est comme toujours surréaliste et décapant. » – Telerama

– « Paresseuse, boursouflée, la mise en scène part dans tous les sens, et rend incompréhensible le point de vue d’Olivier Py. » – Le Monde

 

3. …et le Richard III d’Ostermeier la réconcilie :

– « Un triomphe comme une évidence, tant ce théâtre-là est à la fois d’une intelligence magistrale et totalement accessible, jouissif et inscrit dans une modernité qui n’a rien de cosmétique. » – Le Monde

– « Les spectateurs, déçus par le « Roi Lear » d’Olivier Py donné dans la Cour d’Honneur par des acteurs vociférants, n’ont pas boudé leur plaisir à la vue de ce « Richard III » virtuose. » – Le Parisien

– « La puissance de ce spectacle teigneux, pas une seconde ennuyeux, vif comme le feu — ou le rock qui le baigne — est en effet comme toujours chez Ostermeier de déplacer les frontières. » – Telerama

– « À la rigueur de la mise en scène s’ajoute celle du jeu des comédiens, pour la plupart complices d’Ostermeier depuis des années. » – La Croix

 

4. « Vivier des noms », le spectacle de Valère Novarina, délicieux vivier de mots :

– « La troupe de Valère Novarina dévoile Le Vivier des noms, stupéfiante et savoureuse méditation sur le théâtre, le langage et la mort. » – Le JDD

– « Un régal de théâtre, novarinien en diable. » – Les Inrocks

– « Il suffit de s’abandonner pour se laisser prendre au piège de cette langue généreuse, chatoyante, étourdissante, aussi jubilatoire que du Rabelais. » – La Croix

– « Valère Novarina tente une nouvelle aventure langagière, Le Vivier des noms, réminiscence enrichie des milliers de figures ayant déferlé dans son oeuvre. » – Telerama

Jean-Damien Barbin portrait

Jean-Damien Barbin, portrait d’un poète révolté

Ce « fou » de théâtre parvient à communiquer sensations et émotions, à la manière des poètes d’autrefois…

La première chose qui frappe chez Jean-Damien Barbin, c’est sa voix. Une voix chaude, grave, rocailleuse, envoûtante. Pour un peu on fermerait les yeux et on l’écouterait parler pendant des heures. Ce jour-là, justement, le comédien ne voit que d’un oeil. Des suites d’une opération subie la veille. Il espère recouvrer la vue avant la première du Roi Lear d’Olivier Py qui inaugurera dans la Cour d’Honneur le prochain Festival d’Avignon. Un Roi Lear dans lequel il incarnera le fou. Un fou qui guide son Roi et tente de l’éloigner d’une sorte d’aveuglement spirituel. Un aveuglement engendré par le pouvoir et la vanité. Un aveuglement spirituel auquel répond l’aveuglement physique de Gloucester. Car l’aveuglement est bien l’un des thèmes principaux de la pièce de Shakespeare… Etrange collision, non, que celle de son actualité théâtrale avec l’existence de Jean-Damien Barbin?

Cependant, lorsque je le rencontre, le 21 mai 2015, ce n’est pas son oeil morne qui soucie le comédien. C’est la prise de Palmyre, berceau de la civilisation, berceau de la poésie (« Palmyre, c’est Jérusalem!« , s’exclame-t-il). C’est peu de dire qu’il semble bouleversé, lui qui était en Syrie en 2012 pour y tourner un film sur les événements. Ce qui arrive aujourd’hui à Damas, il l’avait prédit. A la manière du fou de Lear qui prédit le chaos…

Que reste-t-il alors?… Le théâtre bien sûr, et la poésie. Par amour de la langue il a fait de la scène son lieu d’habitation, son refuge.  Il a débuté sa formation au Conservatoire National de région de Nantes, sa ville natale, puis à l’école de la rue Blanche à Paris, l’ENSATT et, enfin, au Conservatoire National dans les classes de Denise Bonnal, Michel Bouquet et  Daniel Mesguich. Lequel Daniel Mesguich l’avait nommé professeur au CNSAD, rôle qu’il a tenu passionnément, jusqu’à l’éviction de son ami.
L’une de ses envies, lui qui reconnaît avoir été gâté par ses rencontres? Etre dirigé par le jeune homme ou la jeune femme qu’il aura formé durant toutes ces années. Car il regarde l’avenir en se retournant, à la manière d’Orphée. Poète et philosophe, il « aspire à être libre comme l’oiseau qui suit sa route sans laisser de trace ». Il en laisse forcément une, de trace, dans la mémoire du spectateur qui le croise sur une scène!

Les douze coups de Jean-Damien Barbin 

Piano Panier : Un coup de coeur?

Jean-Damien Barbin : La Syrie

Piano Panier : Un coup de gueule?

Jean-Damien Barbin : La Syrie!

Piano Panier : Coup de blues?

Jean-Damien Barbin : Michel Jonasz

Piano Panier : Coup bas?

Jean-Damien Barbin : L’ONU

Piano Panier : Coup de foudre?

Jean-Damien Barbin : Une main…

Piano Panier : Coup de génie?

Jean-Damien Barbin : La poème

Piano Panier : Coup de sang?

Jean-Damien Barbin : Cou de sang (cf. Apollinaire)

Piano Panier : Coup de tête?

Jean-Damien Barbin : La Corse

Piano Panier : Coup d’essai?

Jean-Damien Barbin : La joie

Piano Panier : Coup dur?

Jean-Damien Barbin : Maman

Piano Panier : Coup d’envoi?

Jean-Damien Barbin : Silence!

Piano Panier : Coup de théâtre?

Jean-Damien Barbin : Jésus…