Amédée, ma délicieuse pépite du Off

Spectacle vu à Avignon le 10 juillet 2015
Au Théâtre de l’Entrepôt jusqu’au 26 juillet 2015 à 13h45
Une pièce écrite et mise en scène par Côme de Bellescize
Dates de tournée sur le site de la Compagnie Théâtre du Fracas
 


 

A ceux qui se demandent ce que je cherche en enchaînant les spectacles, voici la réponse : d’énormes claques comme celle que m’a flanquée Amédée!

Voici un spectacle rattrapé par l’actualité. Plus précisément par ce qu’il est convenu d’appeler “l’affaire Lambert“.
En référence à Vincent Lambert, maintenu en alimentation artificielle depuis son accident de la route survenu en 2008.
Amédée nous raconte un autre Vincent. Vincent Humbert, accidenté lui aussi, qui réclama pendant des années “le droit de mourir”. Amédée incarne donc ces deux Vincent, pour nous parler du droit à l’euthanasie.

Il ne peut plus danser Amédée, ni s’abrutir de jeux vidéo, ni faire l’amour avec Julie, ni conduire très vite, ni chanter, ni rire. Il ne peut même plus en finir avec la vie, Amédée… C’est de cela que traite la pièce. Sans jamais prendre partie, l’auteur nous amène à réfléchir, à nous questionner sur un sujet tellement sensible.
La prouesse de Côme de Bellescize : raconter la paralysie, l’immobilité, le silence, la vacuité. En faire un spectacle tout en mouvements, ultra énergique et dynamique. Au travers notamment des combats entre Amédée et le personnage imaginaire de Clov – son désir ? son inconscient ? son « bon génie » ?
Et puis, Amédée n’est pas seul. Il est bien entouré. Sa mère, l’équipe médicale, son amoureuse, ses copains, les pompiers qui l’ont secouru : tous s’agitent et bruissent et dansent et rient et pleurent auprès de lui. Jusqu’au jour où…

Ce spectacle que le talentueux metteur en scène considère comme « le coup d’envoi » de son parcours mérite amplement le bouche à oreille sur Avignon. Tout est réuni pour un grand moment de théâtre. Un sujet « qui dérange », une écriture sensible et moderne, une mise en scène brillante et énergique, une brillante pléiade de comédiens – Eric Charlier, Eléonore et Vincent Joncquez, Teddi Melis, Chantal Trichet et Benjamin Wangermée. C’est pour découvrir et vivre des moments de grâce comme celui-ci que je vais au théâtre. Pour citer Ariane Mnouchkine : « Du beau, du vrai théâtre, c’est beaucoup plus rare qu’on ne le dit ». Alors, très sincèrement, merci cher Côme de Bellescize, et vivement votre « coup d’Eugénie » !…

Bonne nouvelle : Amédée part en tournée, surfant sur la vague du succès d’Avignon.

1 – Ne vous laissez pas impressionner par le thème qui peut rebuter.
2 – Pénétrez dans l’univers mi-réalité, mi-imaginaire proposé par un jeune auteur metteur en scène avec lesquels il faudra désormais compter.
3 – Et découvrez ou redécouvrez une formidable troupe de comédiens, énergique, homogène, habitée.

INTERVIEW

 

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Trois ruptures disséquées au scalpel

Trois Ruptures : spectacle vu à Avignon le 12 juillet 2015
Au Théâtre des Halles jusqu’au 26 juillet 2015 à 22h30
Une pièce de Rémi de Vos mise en scène par Othello Vilgard

© Othello Vilgard

Pour faire vivre ce texte tranchant de Rémi de Vos, Othello Vilgard n’hésite pas à nous installer dans la posture du scientifique…

Elle lui reproche de lui préférer sa chienne. Il lui avoue son amour fou pour un pompier. Ils ne supportent plus leur progéniture.
Trois points de départ. Trois fins d’histoires d’amour. Trois ruptures. Disséquées devant nous. Façon laboratoire.
Car le metteur en scène prend le parti de nous exposer ces couples au bord de l’implosion. De les « mettre sous cloche ». Nous installant dans la posture d’un chercheur, d’un scientifique qui étudierait les différentes étapes de toute rupture.
Cette scénographie nous surprend, nous gêne, nous met parfois mal à l’aise.
Mais un texte aussi cru, aussi tranchant, un texte au scalpel, valait bien un bocal de 3 mètres sur 5.
De même qu’il méritait deux formidables interprètes. Johanna Nizard et Pierre-Alain Chapuis sont magistraux, saisissants de justesse. Ils nous émeuvent, nous arrachent des rires nerveux, nous terrorisent, nous interrogent.
Pour un peu, on se croirait derrière une vitre sans tain, à épier deux dangereux meurtriers en puissance. A moins que cette vitre ne soit le reflet de nos propres questionnements et agissements…

Merci à la Compagnie Rémi de Vos pour ce spectacle quasi « chirurgical » :

1 – Un texte percutant, sans fioriture, un texte qui met en exergue la cruauté et la bassesse humaine.
2 –  Une scénographie au scalpel, mitonnée avec soin par le talentueux Othello Vilgard.
3 –  Deux comédiens prodigieux, qui parviennent à traverser le quatrième mur, aussi vitré soit-il…

 

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Souterrain Blues ou la saisissante rencontre entre Yann Collette et Peter Handke

Souterrain Blues : spectacle vu à Avignon le 11 juillet 2015
Reprise au Studio Hébertot du 15 septembre au 29 novembre 2015
Une pièce de Peter Handke mise en scène par Xavier Bazin

© Gala Collette

Au détour d’une ruelle d’Avignon, il est possible ces jours-ci d’emprunter une rame de métro, et d’embarquer pour un voyage initiatique façon misanthrope 

Je patiente dans la file, déjà contente d’avoir ma place pour un spectacle dont la liste d’attente s’allonge de jour en jour.
Je pénètre dans la Condition des Soies. Lieu chargé d’histoire. L’une des plus anciennes salles de spectacle d’Avignon. Un théâtre aussi fascinant que son nom laisse à espérer.
Je m’installe, premier rang, mon préféré. Je ne le vois pas tout de suite, intriguée que je suis par cet immense miroir qui nous reflète, moi et mes compagnons de voyage…
Tout à coup, je lève la tête et je l’aperçois. Il nous espionne depuis un moment, le bougre! A peine repéré, il dégringole de son refuge et débute sa harangue. Une harangue en vingt stations. Ah oui, j’oubliais : il existe un passage secret entre cette fameuse Condition des Soies et une rame de métro anonyme. Me voici donc avec mes camarades d’infortune, prête à me faire invectiver une heure durant. Et bien figurez-vous que j’aime ça, me faire insulter, critiquer, houspiller, moquer, rudoyer, harceler, engueuler! Suis-je dans un “rapport sado-maso” avec ce forcené qui me prend à partie? Ai-je la tentation de rétorquer, de me défendre, de lui clouer le bec, de lui en coller une?… Absolument pas! A aucun moment je ne me sens agressée par ses paroles, aussi rudes soient-elles. Pourquoi? Simplement parce que ces mots résonnent en moi de façon tellement juste. Je les ai prononcés si souvent moi-même, intérieurement, sans jamais oser hausser le ton. Sans faire l’effort d’être entendue. Sans avoir son courage à lui, le désespéré, qui me toise de son oeil – ô combien unique!

Car cet enragé au verbe fou qui me malmène avec tant d’empathie a eu la bonne idée de se glisser dans la peau du formidable Yann Collette. Quel comédien! Communiquer toute cette humanité en si peu de temps, si peu d’espace. Transcender à ce point un texte aussi efficace, incisif et superbe. Bravo Peter Handke, bravo Yann Collette, bravo Xavier Bazin. Merci d’avoir touché du doigt mon côté misanthrope, je ne prendrai plus jamais le métro comme avant…

Ne ratez surtout pas le prochain arrêt de cette rame si spéciale. Ce spectacle est tout simplement une sensationnelle déclaration d’amour…

1 – Le texte de Peter Handke est à la fois poétique, drôle, touchant, vindicatif et nostalgique.
2 – Xavier Bazin s’empare du texte de façon physique, quasi charnelle, à l’opposé du cérébral et du conceptuel.
3 –  Et l’incarnation de ce texte n’aurait pu tomber plus pertinemment que sur ce formidable comédien qu’est Yann Collette.

 

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La Maison de Bernarda Alba à la Comédie-Française, mise en scène Lilo Baur

Spectacle vu à la Comédie-Française – Salle Richelieu, le 2 juillet 2015
Reprise du 2 octobre 2015 au 6 janvier 2016
Mise en scène Lilo Baur

 

© Brigitte Enguérand

 

L’occasion, assez rare finalement, de découvrir La maison de Bernarda Alba, cette “vraie pièce de femmes”, dans une mise en scène très énergique, servie par dix comédiennes exceptionnelles du Français

 

Comme l’a fait remarquer Cécile Brune, La maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca, pièce bien connue des troupes amateurs est très peu programmée par les scènes nationales. A la Comédie-Française par exemple, il faut remonter à 1974, avec le spectacle de Robert Hossein qui avait confié le rôle d’Adela à la jeune pensionnaire…Isabelle Adjani !

Lilo Baur a déjà monté un spectacle au Français : c’est à elle que l’on doit “La (formidable) Tête des Autres” au Vieux-Colombier. Nouveau challenge, nouveau lieu pour cette metteure en scène tellement contemporaine. Grâce à un sublime décor architectural, elle parvient à transplanter le plateau de la Salle Richelieu aux fins fonds de l’Andalousie.
Premières en scène, sur fond de glas annonçant l’enterrement de l’homme de la maison -le deuxième mari de Bernarda Alba- apparaissent Claude Mathieu en servante et Elsa Lepoivre en Poncia. Cette dernière est méconnaissable, pas tant par le grimage que par son jeu : elle est l’un des personnages qui nous font rire, en dépit de l’ambiance souvent pesante.  Surviennent ensuite Bernarda –formidable Cécile Brune – et ses cinq filles. Angustia l’aînée, interprétée par une Anne Kessler tordante, et dont il convient de souligner, en plus de son talent habituel, l’incroyable travail qu’elle a dû fournir en reprenant au pied levé le rôle de Véronique Vella. Coralie Zahonero et Claire de la Rüe du Can sont respectivement Magdalena et Amélia, les deux sœurs inséparables. Jennifer Decker s’est glissée dans le costume de Martirio la bossue, tandis que la benjamine Adela est incarnée par la si touchante Adeline d’Hermy.

Les voici toutes cinq contraintes par leur abominable mère à observer une période de huit années de deuil. Soucieuse du qu’en dira-t-on, Bernarda Alba n’hésite pas à élever la demeure familiale au statut de prison. N’a-t-elle pas pour habitude d’enfermer sa propre mère totalement folle dans un cachot? Cachot dont parvient parfois à s’échapper la pauvre Florence Viala (aussi méconnaissable que drôle, elle aussi).

Aucun homme dans ce huis-clos ? Un seul, si, et qui fera le malheur de toutes… Pepe le Romano, que Lilo Baur a choisi de nous montrer sous les traits d’Eliott Jenicot – rappelons que d’après le texte de Lorca, ce personnage n’est jamais en scène. Pepe le Romano, promis à Angustia, la plus argentée des filles (la seule!) née d’un premier mariage et ayant hérité de son père. Pepe le Romano qui séduit la jeune Adela pendant la période de ses fiançailles. Pepe le Romano dont Martirio tombe éperdument amoureuse. Un seul homme pour tant de femmes. Unique objet de tous les fantasmes.

Tant de passions inassouvies déboucheront forcément sur le pire. Peu à peu, on sent poindre le drame, aussi clairement que l’orage qui explose à la fin d’une journée d’été…

Encore une vingtaine de jours pour ce voyage dans l’Andalousie de ce début de siècle :

1 – Voyage en excellente compagnie : les dix comédiennes du Français sont toutes incroyables.
2 – Voyage dans l’univers à la fois poétique, charnel, énergique et percutant d’une Lilo Baur inspirée.
3 –  Voyage dont l’on ne ressort par indemne : force est d’admettre que cette “condition de la femme” pointée du doigt par Lorca est encore bien trop souvent bafouée en 2015…

 

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INTERVIEW

 

 

Un Fil à la patte ou le Système Ribadier? Les deux, off course!!

Deux spectacles vus à la Comédie-Française
Un fil à la patte (reprise) à l’affiche jusqu’au 26 juillet 2015 – Salle Richelieu
Mise en scène Jérôme Deschamps

Le Système Ribadier (reprise) à l’affiche jusqu’au 17 juillet 2015 – Vieux-Colombier
Mise en scène Zabou Breitman

 

© Brigitte Enguérand

Entre le Feydeau déjanté de Jérôme Deschamps et le Feydeau déjanté de Zabou Breitman, ne choisissez surtout pas : courez à la  Comédie-Française!!!

En ce début d’été, moment où les salles de spectacle parisiennes commencent à se vider et où les colonnes morris annoncent déjà les potentiels succès de la rentrée, il est encore possible de (re-)découvrir de véritables enchantements.
Sans aller chercher loin, les deux reprises de Feydeau à la Comédie-Française ne vous décevront pas  – quel bonheur cette alternance qui se poursuit tout le mois de juillet!

D’un côté, Rive Droite, Salle Richelieu, Christian Hecq enfile le costume du désopilant notaire Bouzin pour la cinquième année consécutive. Chacune de ses apparitions provoque l’hilarité générale. Il tourbillonne, sautille, s’entortille, se plie et se déplie, dévale et dérape : cet homme est un toon! La mise en scène de Jérôme Deschamps est réglée au cordeau. Pas un temps mort, des comédiens rivalisant de facéties, entre un Stéphane Varupenne parfait  (Bois d’Enghein), un irrésistible Serge Bagdassarian (Fontanet), un Thierry Hancisse haut en couleur (le Colonel) et un Guillaume Gallienne une fois de plus époustouflant en Miss Betting. Sans oublier les rôles féminins : Coraly Zahonero et Florence Viala se partagent celui de Lucette au rythme de l’alternance – pour un peu, on irait voir deux fois le spectacle! Une chose est sûre : Eric Ruf ne s’est pas trompé, qui a décidé de programmer pour la sixième fois cet incontournable vaudeville…

Pendant ce temps-là, Rive Gauche, sur la scène du Vieux-Colombier, ne manquez pas l’occasion de découvrir une autre pièce du même auteur. Avec une mise en scène subtile et euphorisante, Zabou Breitman confirme son formidable talent. Sa première bonne idée : avoir confié le décor au regretté Jean-Marc Stehlé. Décor que l’on ne dévoilera pas, pour ménager l’effet… Les bonnes idées et les surprises s’enchaînent tout au long de ce spectacle. Tellement bon pour les zygomatiques! Comme souvent à la Comédie-Française, la nouvelle distribution modifie sans doute le spectacle mais le résultat est tout aussi pétillant. Jérémy Lopez remplace Laurent Stocker et Anna Cervinka succède à Julie Sicard. Ils incarnent respectivement le meilleur ami et l’épouse du fameux Ribadier qui n’est autre que le truculent Laurent Lafitte.

Alors, un fil à la patte ou le système Ribadier? Franchement, il serait trop dommage de devoir choisir entre un excellent Feydeau repris Salle Richelieu et un excellent Feydeau repris au Vieux-Colombier : vous avez jusqu’à fin juillet pour jouer le jeu de “l’alternance”!

 

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Festival Off Avignon 2015 : J-5

A moins d’une semaine du lancement du Festival Off Avignon 2015 : retour sur douze coups de coeur de Pianopanier

 

1. Amédée

Théâtre de l’Entrepôt – 13h45 (durée : 1h30)

L’un de mes gros coups de coeur de la saison 2013-2014, découvert  au (feu-!)-TOP de Boulogne.
L’histoire d’Amédée, 20 ans, qui voit son destin basculer après avoir percuté un camion…
“Du beau, du vrai théâtre. Et c’est beaucoup plus rare qu’on ne le dit” – Ariane Mnouchkine

 

2. Homag à la chanson française par les Blond and Blond and Blond

Théâtre Actuel – 21h53 (durée : 1h20)

« Et si Blond and Blond and Blond était la meilleure chose venue de Suède après la bibliothèque Billy d’Ikea ? » – France Info
Eclats de rire garantis à l’occasion de ce voyage que vous proposent Tø, Mår et Glär.

 

3. Un obus dans le coeur

Théâtre du Balcon – 12h15 (durée : 1h10)

Ce seul en scène a valu le Molière 2014 du meilleur comédien à Grégori Baquet.
Pianopanier a découvert ce spectacle au Théâtre des Déchargeurs à Paris : retrouvez la critique et l’interview de ce formidable comédien en cliquant ici

 

4. Les Chatouilles ou la danse de la colère

Théâtre Actuel – 17h (durée : 1h25)

Un autre seul en scène, décliné au féminin : je prédis un bel avenir à ce bijou écrit et interprété par la lumineuse Andréa Bescond.
Pianopanier a découvert ce spectacle au Festival Off Avignon 2014 : retrouvez la critique et l’interview d’Andréa Bescond en cliquant ici

 

5. Livret de Famille

Théâtre de la Luna (Salle 1) – 21h05 (durée : 1h15)

Une “quasi-création” pour ce spectacle qui a joué 5 soirs au Théâtre du Pavé à Toulouse en septembre dernier.
La Compagnie La Belle Equipe propose un tête-à-tête tendre et touchant entre deux frères qui se sont perdus de vue et se retrouvent le temps d’une nuit.

 

6. La Danse du Diable

Théâtre des Carmes – 13h45 (durée : 3h) – les 4, 6, 10, 13, 17, 20, 24 juillet

Trente ans après sa création, Philippe Caubère recrée le spectacle mythique qui a fondé sa légende, de la saga du Roman d’un acteur à celle de L’Homme qui danse.
A noter que Philippe Caubère reprend un autre spectacle, également au Théâtre des Carmes : Le Bac 68 (les 5, 7, 11, 12, 14, 18, 19, 21, 25, 26 juillet à 20h30).

 

7. Des cailloux plein les poches

Théâtre du Chêne Noir – 11h (durée : 1h30)

Egalement une reprise – plus de 10 ans après sa création – d’un spectacle à succès 5 fois nominé aux Molières.
Eric Métayer et Elrik Thomas interprètent une irrésistible galerie de personnages dans une mise en scène enjouée de Stéphane Meldeg.

 

8. Les Cavaliers

Théâtre Actuel – 10h15 (durée : 1h30)

L’un des coups de coeur du public du Festival Off d’Avignon 2014, d’après le roman de Joseph Kessel, dans une mise en scène pleine d’inventions d’Eric Bouvron et Anne Bourgeois.

 

9. Le Cercle des Illusionnistes

Théâtre des Béliers – 10h30 (durée : 1h40)

La pièce d’Alexis Michalik aux 3 Molières (dont meilleure mise en scène et meilleur auteur).
Une histoire d’illusions, de théâtre, de peinture, de photographie, d’escamoteurs, de magiciens, d’amour et de kinétographe…

 

10. Le Porteur d’histoire

Théâtre des Béliers – 22h30 (durée : 1h30)

L’autre spectacle à succès du même talentueux Alexis Michalik.
Chasse au trésor littéraire impossible à résumer, succès-surprise des trois saisons passées, Le Porteur d’Histoire revient aux origines, là ou le spectacle est né : à Avignon.

 

11. Naturellement Belle

Théâtre des Béliers – 13h50 (durée : 1h10)

Un spectacle musical plein de fraîcheur, interprété par un duo très talentueux.
Une réflexion, pas si innocente, sur les diktats de la beauté imposés par notre société du paraître.

 

12. Le cas de la famille Coleman

Théâtre du Roi René – 14h35 (durée : 1h25)

Grand vainqueur du concours Jeune metteur en scène du Théâtre 13 à double titre, Le Cas de la famille Coleman dresse le portrait acerbe et corrosif d’une famille marginale et sans-le-sou, dont la structure bouscule les conventions.

La tragédie de Hamlet, mise en scène par Dan Jemmett

Merci pour cette reprise de la tragédie de Hamlet à la Comédie-Française

Spectacle vu à la Comédie-Française – Salle Richelieu, le 14 juin 2015
A l’affiche jusqu’au 26 juillet 2015
Mise en scène Dan Jemmett

 © Cosimo Mirco Magliocca

Y a t-il quelque chose de pourri au royaume de la critique ?…

Un autre spectacle que j’avais découvert lors de sa création l’année dernière et que je suis retournée voir en famille. Eh oui! Pour ceux d’entre vous qui n’auraient pas encore saisi… je suis FAN de la Comédie-Française. Descendue par la critique, la mise en scène du britannique Dan Jemmett m’avait emballée. L’idée de départ d’avoir transposé l’intrigue dans un “club-house” seventies ne m’avait pas choquée, au contraire.
Je me souviens des nombreux papiers qui s’insurgeaient contre rouflaquettes et pattes d’éph’. Et alors? Qu’importe! En quoi ces décors et costumes décalés vont-ils à l’encontre du chef-d’oeuvre intemporel de Shakespeare?

Ce qu’apporte à mon sens le facétieux Dan Jemmett pourrait se résumer à trois mots : limpidité, humour et performance collective.
Limpidité de la traduction d’Yves Bonnefoy, qui rend tellement accessible le texte de ce cher William. Limpidité de la mise en scène, qui parvient à replacer le récit dans la quotidienneté et la modernité.
Humour : car il est vrai que l’on rit souvent au cours des trois heures que dure le spectacle. L’on y rit énormément, s’agissant de l’une des plus sombres tragédies du répertoire.
L’esprit de Shakespeare est sans doute dans ce rire-là, n’en déplaise aux “mauvais coucheurs”, ces “ronchons de la critique”! Citons pour seul exemple le subterfuge qui permet à Elliot Jenicot d’incarner les deux personnages de Rozencrantz et Guildenstern en même temps. Bravo pour ce numéro de ventriloque!
Performance collective enfin, et pas uniquement parce que nous sommes face aux “meilleurs des meilleurs”. Aussi parce que Dan Jemmett parvient à insuffler sa folie pince sans rire à l’ensemble de ces comédiens d’exception. Hervé Pierre, en ignoble et trivial Claudius, tellement convaincant, est sans doute le plus hilarant de tous.

Et puis, il y a Denis Podalydès, toujours aussi magistral. Il campe un Hamlet tellement juvénile, pâle, fragile, angoissé. Ainsi qu’un Hamlet désespéré, enragé, imposant, révolté. Le comédien boulimique de théâtre embrasse enfin “le rôle des rôles”. Et “le succès des succès” est bien au rendez-vous.

Ce Hamlet ne sera pas repris la saison prochaine, alors courez-y d’ici fin juillet :

1 – La mise en scène de Dan Jemmett qui continue de déchaîner la critique est saluée unanimement par le public, notamment les jeunes et très jeunes!
2 – Le rendez-vous tant attendu Denis Podalydès / Hamlet vaut sérieusement le détour : un rôle unique pour une immense palette de talents.
3 – Les autres comédiens sont comme toujours impeccables, cette petite touche de folie “jemmettienne” en plus.

Les fausses confidences avec Isabelle Huppert

Reprise des Fausses Confidences à Odéon : une nouvelle leçon de direction d’acteurs par le maître Luc Bondy

Spectacle vu à Odéon-Théâtre de l’Europe le 4 juin 2015
A l’affiche jusqu’au 26 juin 2015
Mise en scène Luc Bondy

les fausses confidences Odeon
© Pascal Victor

Quel bonheur que la reprise de ce spectacle! Une distribution impeccable, autour d’une Isabelle Huppert magnétique…

J’avais déjà vu ce spectacle l’année passée à sa création, mais sans mon chéri…
Y retourner avec lui était la promesse d’une excellente soirée : un bon spectacle est toujours meilleurs la seconde fois.
J’adore Marivaux, j’aime sa modernité, sa façon de décortiquer et critiquer la nature humaine.
J’aime la langue de Marivaux, tellement contemporaine, bien qu’âgée de près de 300 ans.
Cette modernité, Luc Bondy la met à l’honneur : sa mise en scène la porte aux nues.

En s’installant, les spectateurs découvrent  des dizaines de paires de chaussures sur l’immense plateau de l’Odéon. A faire pâlir n’importe quelle fashionista. En fond de scène, toute fine, quasi juvénile, souple et gracieuse, attentive aux gestes de son professeur de taï-chi, elle est là. Une star s’apprête à brûler les planches sous nos yeux, deux heures durant.
Pendant ces deux heures que vont se nouer les intrigues, au rythme des fameuses confidences, Isabelle Huppert va tour à tour piétiner, sautiller, virevolter. Jusqu’à s’effondrer quasiment, ses jambes se dérobant sous elle. Comme si elle chavirait au rythme de son coeur.

les fausses confidences Odeon

Chacun de ses gestes nous attire et nous hypnotise. Elle nous envoûte, nous électrise et nous subjugue. Elle brûle les planches, en véritable star qu’elle est. Et cependant elle n’écrase jamais ses partenaires de scène. Une fois de plus, Luc Bondy démontre son talent de directeur d’acteurs.
La distribution est impeccable. Bulle Ogier en mère ambitieuse, vénale, et surtout infernale, est l’un des personnages comiques de la pièce : chacune de ses apparitions déclenche les rires du public.
Yves Jacques est remarquable dans le rôle du valet Dubois, véritable manipulateur et pivot de l’intrigue.
Mention spéciale à Manon Combes que j’avais déjà remarquée dans Le Prix Martin de Peter Stein et Le Bourgeois Gentilhomme de Denis Podalydès –  croyez-moi : cette “petite” ira loin!
Pour interpréter Dorante – l’amoureux transi – Louis Garrel, encore trop rare sur les plateaux, confère un côté quasi romantique à cette pièce de Marivaux. Lorsque débute la pièce, il semble encore sous le coup de foudre provoqué par sa rencontre avec Araminte. Et la dernière scène le laissera éreinté, fatigué d’avoir tant bataillé pour rendre victorieux son amour.

les fausses confidences Odeon

Plus que quelques jours pour aller recueillir les fausses confidences d’Isabelle Huppert :

1 – Pour la première collaboration entre le talentueux metteur en scène Luc Bondy et la véritable “star” Isabelle Huppert.
2 – Pour la mise en scène moderne qui colle parfaitement à la langue de Marivaux.
3 – Pour la distribution, impeccable, comme toujours avec Luc Bondy.

 

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Journal de ma nouvelle oreille de et avec Isabelle Fruchart

Voyage au centre de ses oreilles

Spectacle vu à Avignon en juillet 2013
A l’affiche du Studio-Hébertot, tous les soir à 21h à partir du 17 septembre 2015, puis en tournée
Spectacle écrit et interprété par Isabelle Fruchart dans une mise en scène de Zabou Breitman

 

© BM Palazon

Embarquez avec Isabelle Fruchart dans une promenade hors du commun : un voyage au creux d’une oreille pas comme les autres…

Deux ans déjà!… Deux ans que j’ai découvert ce spectacle “Journal de ma nouvelle oreille” (JDMNO pour les intimes) sur la scène du Chêne Noir d’Avignon. C’était la création. Et en même temps une sorte d’aboutissement.
Le spectacle, qui a pas mal tourné depuis, sera à l’affiche du Théâtre du Rond-Point du 3 juin au 4 juillet prochain. Puis en clôture du Festival “Seules en scène” au TOP – il sera d’ailleurs, hélas, l’ultime spectacle de ce lieu mythique…

Alors, c’est quoi au juste, ce JDMNO? Tout simplement un journal de bord, un journal intime. Celui que la comédienne Isabelle Fruchart a tenu pendant 9 mois. 9 mois particuliers de son existence : les 9 mois qu’ont duré son appareillage. Car Isabelle Fruchart a perdu l’audition à l’âge de 14 ans. Comme ça, sans explication. 25 ans plus tard, elle se fait appareiller et réinvite ses oreilles à la vie.

C’est donc un récit autobiographique que l’on découvre lorsqu’on assiste à ce spectacle. Isabelle Fruchart “joue” Isabelle Fruchart. Isabelle est dirigée par Zabou Breitman, qui avait assisté à une lecture de son “fameux journal” et l’avait immédiatement contactée pour lui proposer d’en faire un spectacle.

La mise en scène est plutôt épurée, s’agissant d’un monologue. Le partenaire principal d’Isabelle Fruchart, c’est la bande son.  Créée sur mesure par Laury Chanty, elle permet au spectateur de pénétrer à l’intérieur des oreilles d’Isabelle. Et de vivre à travers elles (les oreilles!) des sensations plus ou moins agréables… Croyez-moi : cette expérience vaut le déplacement, ce spectacle unique vous touchera sans doute de l’intérieur. Et vous n’écouterez peut-être plus jamais pareil…

Trois raisons de réserver vos places au Théâtre du Rond-Point :

1 – Le thème abordé dans ce spectacle n’est pas tant celui du handicap que celui de la beauté du monde qui nous entoure :  une ode à la vie, tout simplement.
2 – Zabou Breitman, avec la sensibilité qui la caractérise, a su donner vie à ce journal peu commun.
3 – Isabelle Fruchart qui incarne son propre rôle est une comédienne tout en empathie, elle a les oreilles grandes ouvertes sur le monde et c’est un bonheur de la voir écouter aussi farouchement!!

 

INTERVIEW

 

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Le jeu de l’amour et du hasard : un Marivaux acidulé qui “donne la pêche”!

Spectacle vu au Théâtre Côté Cour le 17 mai 2015
Reprise au Lucernaire du 6 avril au 4 juin 2016
Par la Compagnie “La Boîte aux lettres”
Mise en scène Salomé Villiers

 

 

Reprise au Lucernaire de cette mise en scène qui fait la part belle à la langue toujours aussi moderne de Marivaux.

Près de deux mois après la mise en ligne de ce blog, et à six semaines du lancement du Festival Off d’Avignon 2015, il n’est que temps de consacrer une rubrique aux compagnies de théâtre qui n’en finissent pas de nous surprendre.
Voici par exemple le travail de la compagnie “La Boîte aux Lettres”, née en 2009 de la rencontre de Salomé Villiers, Bertrand Mounier et François Nambot.

Rappelons l’argument de départ de la pièce de Marivaux. Silvia accepte difficilement d’être mariée par son père à un inconnu. Pour observer tout à loisir le caractère de ce fameux prétendant, elle endosse le costume de sa suivante Lisette. Péripéties et rebondissements seront au rendez-vous, jusqu’à ce que l’amour finisse par triompher, par jeu et par hasard!…

Le parti pris de Salomé Villiers, qui met en scène et interprète le rôle de Silvia était de donner un côté “rock” à la pièce de Marivaux. Ainsi les costumes d’époque sont-ils remplacés par des tenues mode tendance “psychédélique”. De même la musique nous entraîne-t-elle du côté des Sonics et des Troggs. L’usage de la vidéo apporte également un petit côté décalé à ce spectacle. Personnellement ce n’est pas ce que je retiendrai de cette mise en scène. Le plus important restant le texte : la langue de Marivaux qui n’a pas besoin d’être modernisée tellement elle demeure contemporaine. Et cette langue est servie par une troupe de comédiens réellement talentueuse.
Salomé Villiers campe une Silvia touchante dans son désarroi, Raphaëlle Lemann une Lisette époustouflante de justesse, Philippe Perrussel un Orgon tout en nuances, François Nambot un Dorante séduisant de sincérité, tandis qu’Etienne Launay et Bertrand Mounier rivalisent de drôlerie.
Ensemble, ils nous font rire, ils nous émeuvent, ils nous étonnent et nous enchantent.

Trois raisons d’aller faire un petit tour au Lucernaire

1 – Pour découvrir ou redécouvrir ce texte toujours aussi moderne de Marivaux : à mon sens sa plus belle pièce.
2 – Pour les comédiens réunis par Salomé Villiers, avec mention spéciale “aux filles” : Salomé Villiers et Raphaëlle Lemann sont bourrées de talent.
3 – Rien de tel pour chasser “le spleen du dimanche soir” : testé pour vous, l’effet est garanti, sur les grands et les petits! Un Marivaux acidulé, puisque je vous le dis!

 

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