Revue de presse du 1er mars : La Rive dans le noir, Le Bal, La Garçonnière

1. La Rive dans le noir, un ensorcèlement théâtral : Pascal Quignard et Marie Vialle en un duo plein de poésie, jusqu’au 4 mars au Théâtre 71 de Malakoff, puis en tournée :

“L’écrivain forme avec la comédienne Marie Vialle un duo intense qui, sans trop de mots, met en scène l’inconscient, invoque des nuits d’angoisse, soupire des souvenirs d’enfance. Pour que le spectacle prenne, surtout, ne cherchez pas d’histoire. Il faut se laisser aller, aux bruits, aux corps, au piano où l’écrivain joue du Couperin, à cette mélancolie de l’âme, qu’il examine si bien. La Vie

“Il ne s’agit pas de théâtre, de littérature, de musique et pourtant il y a du théâtre, de la littérature, de la musique pour donner son épaisseur et sa poésie, sa grâce et son mystère, à ce moment étrange, envoûtant. On s’enfonce dans ce monde d’une beauté envoûtante. On est ensorcelé. Figaroscope

“La pièce mêle conte, projection et notes de piano pour un voyage envoûtant. Marie Vialle est bien plus qu’une actrice : elle est une déesse grecque ou une chamane, capable de nous envoûter tous. Mais sans faste et sans façons, sans se prendre au sérieux. Télérama Sortir

“La comédienne Marie Vialle et l’écrivain Pascal Quignard envoûtent leur public, entraîné dans une grotte bruissante de voix animales et défuntes. Libération

“Un spectacle enchanteur et enchanté. Une merveille. Quel spectacle ! Un vrai, au sens du spectaculaire, poétique, étrange, traversé de vols de rapaces et d’oiseaux de nuit… Un moment d’une poésie rare. Le Point

“Dans ce spectacle, Pascal fait revenir des personnes, des êtres ancestraux, des sons d’oiseaux, des souvenirs. Car pour lui, le théâtre, c’est ça : c’est faire revenir des choses. On est donc un peu comme dans un rêve.” – Marie Vialle – La Terrasse

 

2. Le Bal, adapté du roman d’Irène Nemirovski et mis en scène par Virginie Lemoine : une acide comédie de mœurs au théâtre Rive Gauche :

“D’abord on rit, et puis on réfléchit… Virginie Lemoine s’inspire de la comédie italienne des années soixante. Les jeux de regards, les silences, les non-dits… Et l’on rit, jusqu’au moment où la tension fait ressortir la véritable personnalité de chacun. Culture Box

” Le Bal a une connotation autobiographique centrée sur le drame d’Antoinette, adolescente martyrisée, humiliée, frustrée, coincée entre un père absent et une mère méprisante. Cette donnée passe au second plan de la pièce adapté par Virginie Lemoine, qui a préféré mettre en vigueur le couple parental, il est vrai passablement caricatural. Cela peut se discuter. Mais si la pièce y perd en intensité dramatique, elle y gagne en sarcasme et en humour… Marianne

” Le décor art-déco est d’un parfait mauvais goût à la mesure du ridicule vestimentaire et langagier de ses hôtes, qui voudraient « en mettre plein la vue », mais trahissent à chaque détour de phrase la pusillanimité graveleuse et la méchanceté sournoise… Ce tableau au scalpel provoque les rires, d’autant plus stimulés qu’ils sont portés sans répit par les dialogues et la gestuelle des cinq acteurs manifestement dans la jubilation d’un texte si finement ciselé. Un bijou de cruauté pétillante. Spectacles Sélection

“Contrairement au roman, ici, la fille n’est plus au centre de l’histoire, car le jeu hystérique de Brigitte Faure (la mère), digne des grandes variétés, écrase toute l’intrigue et rend marginal le rôle de l’adolescente. Les enjeux du texte sont masqués et l’on a l’impression d’une comédie de boulevard. Télérama Sortir

“Fulgurante comédie « charleston ». Une caricature audacieuse qui marque des points là où ça fait mal. Une mise en scène intelligente… Sur le fond, Virginie Lemoine s’est visiblement attachée à la personnalité de cette jeune fille qui passe de l’enfance à l’adolescence avec sa révolte, sa sensibilité teintée d’une bonne dose de cruauté… et d’espièglerie. Artistik Rezo

3. Au Théâtre de Paris, La Garçonnière, un brillant vaudeville « à l’américaine » :

“Une réussite totale. L’adaptation, fidèle au scénario original, est parfaitement réussie. Sur fond de standards musicaux des années 60, la comédie est acérée et drôle, tendre et enlevée, portée par Guillaume de Tonquédec. Le comédien aux multiples qualités incarne à merveille ce Baxter candide et digne, dépassé par les événements. Parfait dans l’action comme dans les sentiments, sa présence est indissociable de la réussite du spectacle. Il est bien entouré, notamment par Claire Keim, Jean-Pierre Lorit [etc]. Le Journal du dimanche

“Adapté à la scène, « La Garçonnière » de Billy Wilder n’a pas pris une ride. Les comédiens sont épatants et s’amusent dans la mise en scène enlevée de José Paul et le décor formidable d’Édouard Laug. Même si vous vous souvenez parfaitement de cette comédie délicieuse, courez au Théâtre de Paris applaudir une équipe brillante, sympathique et ce spectacle très bien réglé et vif. L’adaptation est bonne. Un superbe décor apporte force et beauté à la représentation. Guillaume de Tonquédec se surpasse. Un très grand comédien, aussi virtuose que sympathique et qui a le sens du partage. Bref, répétons-le : courez au Théâtre de Paris ! Figaro

“Sur scène les moyens déployés pour les décors sont absolument fabuleux. Par la magie d’une scénographie hallucinante tout y est… Les buildings, les ascenseurs, les fêtes et New-York… Guillaume de Tonquedec est absolument parfait dans le rôle. Gauche, attachant, parfois un peu naïf mais d’une justesse toujours bien dosée, il est accompagné par Claire Keim, charmante à souhait dans ses blessures de femme trompée. Une mise en scène magistrale, douze comédiens exceptionnels font de cette garçonnière une pièce qui sans aucun doute sera un des grands succès de cette année. Reg’Arts

“Entre comédie romantique, et vraie critique de son époque, le film devient aujourd’hui théâtre, dans une adaptation à la fois très fidèle et unique. Il y a de belles qualités dans l’adaptation, et dans le jeu. …détaché de l’objet initial, le spectacle reste drôle, très enlevé, et un beau terrain de jeu pour les acteurs, qui ne flouent pas le spectateur, en portant l’intrigue avec enthousiasme et rigueur. Un fauteuil pour l’orchestre

“Le théâtre me fascinait, car c’est un lieu de partage unique avec le public, une interaction très forte – Guillaume de Tonquédec – Artistik Rezo

Revue de presse du 7 février : La Tragédie du roi Christophe, Un air de famille & Cuisine et dépendances, Blasted / 4.48 Psychosis

La Tragédie du roi Christophe, Aimé Césaire, m.e.s. Schiaretti, TNP Villeurbanne-Lyon La Tragédie du roi Christophe @ Romain Lafabrègue

1. Schiaretti s’empare de La Tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire, épopée flamboyante mais parfois perçue par certains comme didactique :

“Sans renoncer à faire entendre la poésie de la langue de Césaire – portée avec bonheur par la diversité des accents de la francophonie… – Christian Schiaretti choisit la pédagogie contre l’ellipse et la métaphore. On saisit entièrement les enjeux politiques de la pièce, les personnages sont clairement identifiés et le texte est parfaitement compréhensible. Reste un spectacle qui doit continuer sa route, ne serait-ce que pour rappeler à l’inquiétant aujourd’hui que les rêves de l’égalité et de la liberté sont aussi difficiles à construire que la citadelle Laferrière, rêvée par Christophe et devenue patrimoine de l’humanité… La Terrasse

“Césaire en majesté. On est ému de retrouver sur scène une troupe intense de 18 comédiens, 14 figurants, 4 musiciens, mis en scène avec sobriété et tranchant par Christian Schiaretti. Si, par moments, le spectacle paraît un peu didactique et figé, on est emporté par la force de la langue, l’énergie et la beauté des comédiens. Les Echos

” Un puissant acte de résistance créatrice. Le comédien Marc Zinga excellait dans le rôle du héros congolais ; il brille tout autant en despote haïtien, entouré de son très formel secrétaire Vastey (Marcel Mankita) et de son bouffon Hugonin (Emmanuel Rotoundam Mbaide). Dans la scénographie minimaliste de Christian Schiaretti, lui et ses trente-six compagnons de plateau d’origines diverses sont à eux seuls le pays de convulsions où se déroule la fresque de Césaire. Time Out

“Le verbe de Césaire traverse le vaste plateau, habité par l’agitation, les combats politiques, les rêves et les ambitions de Christophe. La pièce a du souffle, la mise en scène en donne à voir la dimension humaine et historique et fait entendre la pensée du poète. La scénographie, les costumes, la musique interprétée par les musiciens installés sur une estrade en fond de scène, les chants, l’interprétation, notamment de Marc Zinga (Lumumba dans « Une saison au Congo »), dans le rôle du roi Christophe, de Emmanuel Rotoubam Mbaide, dans celui d’Hugonin, tous portent haut et clair la parole de Césaire. Le Journal du dimanche

“Une épopée surprenante par sa lucidité politique sans concession et écrite dans une langue somptueuse. C’est à Marc Zinga que revient le rôle-titre. Il incarne ce roi devenu tyran par aveuglement, ce monarque au destin brisé, et il le fait avec énormément de nuances et de finesse, beaucoup d’émotion aussi. Cependant, la mise en scène dans son ensemble, et malgré la belle vitalité que montre cette troupe burkinabé, reste assez froide et statique… Il est vrai que la parole est parfois couverte par les instruments et rend donc peu compréhensible un texte qui oscille entre discours politiques relativement subtils et poésie très imagée. Ce spectacle demande encore à être rodé pour prendre véritablement sa juste mesure. Il en porte les promesses… Les Trois Coups
Un air de famille, de Jaoui et Bacri, Théâtre de la Porte Saint-Martin photo © Pascal Victor Un air de famille @ Pascal Victor

2. Le retour des cultissimes Un air de famille et Cuisine et Dépendances, mis en scène par Jaoui, portés par une troupe applaudie !

“Les pièces d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri sont des pièces d’époque. Elles sont dans leur jus. Mis à part les accessoires, le reste n’a pas pris une ride. Agnès Jaoui a réuni des acteurs de haut vol. Le talent des Jouai-Bacri est de ne pas figer les personnages, de ne pas les condamner. Chacun, ou presque, est sauvé d’une manière ou d’une autre. Figaroscope

“Le pari est gagné. Plus de vingt ans après leur création, ces pièces n’ont pas pris une ride, résonnent avec la même justesse et suscitent toujours autant de rire et d’empathie. Rien n’a été actualisé : décors, costumes, nous sommes toujours dans les années 1990 avec le téléphone fixe et le lourd annuaire des pages jaunes. Et c’est tant mieux. Le Monde

“Après les succès des films, il était difficile de relever la gageure de l’incarnation de leurs personnages, tant l’accent et les mimiques des comédiens qui les créèrent demeurent dans la mémoire des spectateurs. Il faut donc saluer le talent de ces interprètes qui parviennent à habiter leurs rôles avec talent, sans que la comparaison ne joue en leur défaveur. Aujourd’hui – peut-être parce que les valeurs décriées ont uniformément gagné les esprits – le débat paraît dépassé, et les deux pièces un peu datées. D’autres comiques, plus insolents encore, ont envahi les scènes et les écrans, et la critique sociale de ces deux textes semble rétrospectivement assez sage. On rit évidemment, mais l’insolence initiale s’est affadie avec le temps. La Terrasse

“Retour réussi des pièces cultes de Jaoui-Bacri sur les boulevards ! Les Echos

“La production est très soignée, avec deux grands décors d’Alban Ho Van, des costumes malins de Nathalie Raoul qui indiquent l’époque, mais si discrètement que l’on n’oublie que l’on n’est pas aujourd’hui et maintenant. Les dialogues sont brillantissimes, avec cette ironie, cette amertume sans férocité excessive et ces scènes cocasses… Le secret de la réussite de cette double reprise tient évidemment en grande partie à l’équipe de six comédiens excellents réunis. On rit beaucoup, on est ému. On admire ! Figaro

“Cette fois Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ne font pas partie de la distribution, mais 23 ans après, leur sens de l’observation et leur talent d’écriture font toujours mouche. On citera le magnifique travail du décorateur, Alban Ho Van. Ce café des années 1950, on pourrait passer tout le temps de la pièce à le détailler tellement il sonne vrai. Agnès Jaoui, oubliant la mise en scène de la création, réorchestre avec habileté et humour et sans chercher à la rendre contemporaine, cette pièce qui a vraiment fait connaître son couple et qui n’a pas pris une ride. Culture Box
Blasted - 4,48 Psychosis, Sarah Kane, m.e.s. Benedetti - Théâtre d'Alfortville - © Simon Annand Blasted @ Simon Annand

3. Blasted/4.48 Psychosis, première et dernière pièces de Sarah Kane, montées par Benedetti – peut-être un “grand écart”, de toutes façons des spectacles intenses :

“Avec « 4.48 Psychosis », le directeur-metteur en scène nous plonge dans un espace abstrait, où seule compte la comédienne convoquant l’esprit de Sarah Kane. Hélène Viviès joue sa partition sans pathos, avec maîtrise, une implacable ironie, des flashs de colère, de la douceur parfois. Dirigée au cordeau, elle exprime toute la poésie noire et les enjeux du texte. Las, « Blasted » paraît aujourd’hui bien démonstrative. Et le choix d’une mise en scène brute, sans filtre, n’arrange rien. En voulant tout montrer pleins feux, il rend la pièce trop réaliste, la violence désespérée du propos se noie dans le trash et l’hémoglobine. Ce retour à Sarah Kane s’avère donc un peu bancal. Il mérite toutefois le détour. Pour la lecture lumineuse que nous offrent Christian Benedetti et Hélène Viviès de « 4.48 Psychosis ». Les Echos

“Descente aux enfers. L’intimité âpre et rustique du Théâtre-studio d’Alfortville fraîchement rénové devient écrin sanglant, antichambre de mort et de cauchemar comme dans un conte d’Edgar Poe. Christian Benedetti ose le réalisme et ne fait pas dans la litote. Mais la brutalité de sa mise en scène, au ras du texte, en exorcise bizarrement, et sans complaisance, l’épouvante… La beauté suffocante des mots, du rythme en plus. Monter ce diptyque est un geste magnifique qu’a eu Christian Benedetti. Il traque et célèbre à la fois une œuvre qui écorche, blesse, coupe le souffle mais fait mieux voir aussi et comprendre — et aimer ? — le désordre atroce du monde. Télérama

“Le texte est riche, exigeant et terrible. La mise en scène enveloppante et minimaliste cache un travail admirable sur les lumières et la scénographie. C’est épatant. Toute la culture

“Dans « Blasted » s’emmêlent aussi bien les cruautés shakespeariennes que [d’autres] plus insoutenables encore. Autant d’horreurs que Christian Benedetti met en scène à cru, sans effet de manches et sans fioritures. Prenant l’écriture au mot, il hisse la pièce au-delà de la banale provocation et derrière ces trois humains perdus et éperdus, ce sont les échos de nos actuels désastres et tragédies qu’il nous fait entendre. Dans « 4.48 Psychosis », où s’entrecroisent poésie, cri de rage, et compte rendu clinique, c’est un déchirant appel à l’amour, au partage, à la vie. Hélène Viviès irradie littéralement cette sombre et éprouvante partition aux rives des enfers. En mettant à l’affiche en alternance ces deux pièces, Christian Benedetti met en regard les fractures intimes et la folie du monde. « La lucidité est la blessure la plus proche du soleil » écrivait René Char, c’est exactement cela, qu’à travers Sarah Kane, nous dit Christian Benedetti et son excellente troupe de comédiens. WebThéâtre

“Scéniquement Benedetti fait le grand écart ! Sa mise en scène démonstrative de « Blasted » appuie jusqu’à l’écœurement. Le texte de Sarah Kane passe au deuxième plan dans cette mise en espace dont on ne retient que les images gores et sanguinolentes. C’est très différent dans « 4.48 Psychosis ». On retrouve le Christian Benedetti que l’on aime, radical. Hélène Viviès est statique, droite comme un I. Son visage se transforme en fonction des éclairages sculptés de Dominique Fortin, tantôt enfantin, tantôt féminin, tantôt masculin. Elle est remarquable, tout comme le travail tout en minutie de Christian Benedetti, qui a choisi de faire le grand écart en ce début d’année 2017 pour continuer de nous surprendre, encore et toujours. Sceneweb

“Entretien : « Cette parole unique est tellement forte qu’elle concrétise l’ambition ultime de Sarah Kane : faire en sorte que le fond et la forme parviennent à se rejoindre, à se confondre. » Christian Benedetti La Terrasse

Revue de presse du 1er février : Orfeo, J’ai couru comme dans un rêve et Aglaé

Orfeo je suis mort en Arcadie, Samuel Achache, Jeanne Candel, Monteverdi, Théâtre des Bouffes du Nord, revue de presse Pianopanier© Jean-Louis Fernandez

1. Samuel Achache et Jeanne Candel présentent Orfeo, je suis mort en Arcadie au Théâtre des Bouffes du Nord jusqu’au 5 février  :

“Au-delà de l’opéra et de ce qu’il représente, la réussite de cet Orfeo tient dans la solidité de la fratrie, dans la cohérence du patchwork mythologique dont toutes les pièces sont incarnées, jouées et chantées par une troupe d’une connivence inouïe, qui peaufine son intimité à force de spectacles, et dont la force est peut-être d’être aussi tissée de fibres musicales. Libération

“Le mythe d’Orphée et d’Eurydice, son aimée mordue par un serpent qu’il va chercher en vain aux Enfers, est encore lisible. Mais les chanteurs ne font pas forcément de bons acteurs. Le spectacle fait rire certains spectateurs mais n’émeut pas. L’exercice de transposition et de déstructuration ne convainc pas.” – Telerama Sortir

“Le couple d’artistes, à la tête de sa troupe incandescente, La Vie brève, cultive avec bonheur le choc des formes et des cultures. Le premier opéra de l’histoire (créé à Venise en 1607) devient un spectacle total, où théâtre et chant se marient, dans un jeu de perpétuelle transgression.” – Les Echos

“De la pureté des arias de Monteverdi, délicatement et sensuellement chantés par Anne-Emmanuelle Davy, fine messagère aux cuisses fuselées, aux dialogues parlés et aux échanges cocasses entre Charon et Cerbère à la porte des Enfers, l’élégance champêtre de cette métamorphose vire au burlesque et à la farce, métissés de références à notre actualité. Ce qui fait que, hormis quelques longueurs et complaisances inutiles, on s’amuse beaucoup dans ce spectacle destiné à tous les publics, constamment transportés de surprises en charades poétiques et blagues métaphysiques.Artistik’Rezo

– “On reconnait bien le ton de ces artistes complices qui regroupent admirablement une multiplicité de talents théâtraux, vocaux, musicaux. Ils font preuve d’autant de maîtrise que de désinvolture, de potacherie grasse que d’érudition pointue. Ovide, Virgile, Platon, Kant, Char sont convoqués. Bourré d’excès, le spectacle s’est étiré et épaissi jusqu’à l’étiolement.” – SceneWeb

– Le collectif La Vie Brève réunit des trublions talentueux, fougueux et touche-à-tout férus de musique et d’univers joyeusement bricolés. Appuyés sur l’Orfeo de Monterverdi, jamais à court d’idées farfelues et d’entrées fracassantes, ils nous embarquent dans leur univers visuel et musical immédiatement foutraque et follement baroque.” – Les5Pièces

Les détours, déviations, dissidences saugrenues de tout poil peuvent démanger les amateurs pur sucre de musique ancienne, Renaissance ou baroque. Les épisodes parlés se traînent un peu, mais la folie qui se déchaîne devient vite contagieuse, le rire s’y faufile, et, quand elle interrompt ses galipettes pour laisser place à la musique, le charme rejoint le divertissement. Car ils savent y faire et sont bons musiciens.” – WebTheatre

“Auteur de l’arrangement musical de Traviata, vous méritez un avenir meilleur, ainsi que de Crocodile trompeur/Didon et Enée, Florent Hubert réalise une transcription de la partition originale délicate et sensible, au point que toutes les périodes et tous les styles s’imbriquent naturellement les uns dans les autres, mettant ainsi en évidence la pérennité de la musique de Monteverdi.La Croix

– “Sacrés « virtuoses de la polyphonie » depuis « Fugue », Samuel Achache et Jeanne Candel n’imposent rien et suggèrent discrètement la marche à suivre. Tout glisse, comme la transformation scénographie de la terre aux enfers : un seau d’eau et un coup de balai pour que le sol prenne les reflets noirs et argent du Styx (…) On s’étonne toujours autant de ce fin mélange des genres et des registres, encore une fois renouvelé par leur imagination folle.” – I/O Gazette

 

J'ai couru comme dans un rêve, Igor Mendjisky, Compagnie Les Sans Cou, Théâtre du Monfort, critique Pianopanier

2. Reprise au Monfort du spectacle J’ai couru comme dans un rêve de la talentueuse Compagnie des Sans Cou :

– “Plutôt que de dérouler une histoire écrite à l’avance, la compagnie des Sans Cou a décidé de placer les comédiens sur le fil dynamique de l’improvisation, de ne bâtir à coups de propositions individuelles qu’un canevas de situations qui à tout moment laisse libre cours à la fragilité de l’instant.” – La Terrasse

“En parlant de la mort, J’ai couru comme dans un rêve ne parle que de la vie, dans un sursaut de conscience. Le public vit une expérience collective qui rassemble toutes les générations. Au-delà de la justesse des comédiens et d’une grande créativité, c’est surtout ce sentiment d’avoir traversé quelque chose ensemble qui fait de cette pièce un moment de théâtre vertigineux et très émouvant.– Un Fauteuil pour l’orchestre

“En associant, dans l’espace dépouillé et mouvant de Claire Massard en relation de proximité et de complicité avec le public, un jeu en constante mutation, une chorégraphie signifiante (Ester van der Driessche), et les musiques et les chansons interprétées par un crooner (Clément Auber). A travers les formes présentées, qui fusionnent ou s’entrechoquent, une manière aussi d’interroger le théâtre pour lequel Les Sans cou œuvrent avec liberté et vitalité dans un bel esprit de troupe.” WebTheatre

“Deux choses font plaisir à voir : la cohésion des Sans Cou, indéfectible tout au long de ce marathon de l’amitié, et la formidable énergie qui se dégage de leur prestation. Autre bon point : ils ne trichent pas avec leur sujet. Les protagonistes apprennent donc en direct, devant nous, la terrible nouvelle. Il y a là, des instants de théâtre-vérité fascinants.Les Trois Coups

“Le collectif invente des scènes qui traversent tous les genres du burlesque, à la tragédie shakespearienne, en passant par le vaudeville. Ils inventent. On sent que jour après jour la mise en scène va évoluer.SceneWeb

– “Tout est permis : se promener dans un Paris-Brest, rencontrer Victor Hugo, organiser une dernière fête, fixer un appareil photo sous chaque semelle histoire de prendre d’improbables clichés du sol… Autour de lui, frère, sœur, femme et amis s’activent. Si le mélo n’est jamais loin, les nombreuses incursions dans l’absurde sont là pour nous rappeler qu’on est tout de même là pour rigoler.” – Les5pièces

“Si le spectacle brille par l’excellence de ses comédiens capablent de passer instantanément d’un registre à un autre, c’est surtout la maîtrise de la direction d’Igor Mendjisky qui impressionne puisqu’il réussit le pari de donner du sens et de la vie à la juxtaposition d’intentions qui prises séparément pourraient être inaudibles. Il en résulte un théâtre en mouvement, vivant, inattendu mais surtout plein d’un allant, d’un souffle qui ressemble à l’espoir. Un théâtre inspiré et inspirant.” – Froggy’sDelight

 

Aglae, Jean-Michel Rabeux, Théâtre du Rond-Point, Claude Degliame, revue de presse Pianopanier

3 – Sur la scène du Rond-Point, Claude Degliame interprète Aglaé, un monologue dramatique écrit et mis en scène par Jean-Michel Rabeux :

Claude Degliame, statique ou dynamique, dans la pénombre ou la lumière, proche ou lointaine, tient son auditoire en haleine. Elle peut énoncer une vérité et se rétracter dans la foulée. On est béat devant son jeu, devant sa manière de s’approprier cette vérité ou ces mensonges de cette femme dont elle pourrait n’être que le porte-parole mais qu’elle interprète vraiment, avec une petite distance qui marque sa qualité de grande actrice.” – Froggy’s Delight

– T – Claude Degliame, grande et belle actrice plus toute jeune, se promène vêtue d’une nuisette noire. Elle déambule parmi des tabourets installés sur la scène pour les spectateurs ; les déplacements sont variés. Claude Degliame est souvent drôle, mais le texte n’est pas passionnant.” – Télérama Sortir

“En d’autres circonstances, tout cela ne demanderait qu’à prendre une tournure ridicule, gênante ou pathétique. Or, c’est l’exact opposé qu’inspire Claude Degliame, qui fait corps avec son sujet, dont on recueille une heure durant les confidences lucides, empreintes d’un humour radical.Libération

“Une partition cousue main pour Claude Degliame, sa muse et sa compagne depuis quarante ans. Degliame qui est, cela ne se sait pas assez, une des reines de notre théâtre, aux côtés d’Anne Alvaro et de Dominique Valadié. Une grande dame, mais nettement plus « mauvais genre » que ses consœurs. En Aglaé, elle est magistrale.” – Le Monde

“Pas de théâtre documentaire, donc, mais un spectacle nourri de réel, qui s’attache à restituer la parole de son héroïne, sa lucidité, son humour et sa rude délicatesse, sans pour autant gommer ses contradictions. Une femme provocante, mais cultivée et dotée d’une rare intelligence de la vie, des hommes, des rapports humains.Les Trois Coups

“Il fallait tout le talent de Claude Degliame, magnifique actrice à la voix frémissante et rocailleuse, pour incarner et irradier, dans un jeu fort et vrai, ce personnage de femme qui jusqu’au bout de son âge s’affirme corps vivant et insoumis.L’Humanité

“Pas question de trahir les propos d’Aglaé, qui s’exprime cependant moins crûment au théâtre que dans la vie, précisent les signataires du spectacle. Ces derniers revendiquent une fidélité absolue à celle qu’ils ont rencontrée mais se refusent habilement de jouer la carte de la provocation. Il se dégage de leur portrait beaucoup de respect et une infinie tendresse pour leur modèle.” – Toute la Culture

L’heure que Claude Degliame passe dans la peau dévêtue d’Aglaé est une plaisante parade contre les préjugés bourgeois. Non, disent Rabeux et Degliame à Mallarmé, la chair n’est pas triste. Ce tour de piste est si charmant et moqueur qu’il nous fait oublier qu’il y a, partout dans le monde et même à quelques kilomètres, dans un bois ou le long d’un périphérique, de terribles enfers de la prostitution.WebTheatre

– “On tombe évidemment sous son charme. C’est un hommage d’une classe folle que l’actrice et son metteur en scène rendent ici à Aglaé. Un hommage à travers lequel nos esprits s’ouvrent à une autre façon d’être et de penser. Une autre façon de vivre. De regarder le monde.” – La Terrasse

Revue de presse du 25 janvier : Le Temps et la Chambre, Karamazov, Mon Traître, Elvira

Le Temps et la Chambre © Michel Corbou @ Michel Corbou

1. Alain Françon plonge et entraîne avec lui les spectateurs dans l’étrange Temps et la Chambre de Botho Strauss :

“Une pléiade de comédiens puissants sert avec jubilation un monde où tout peut advenir. Figaro

“On est dans un univers insaisissable, un temps impossible à déchiffrer faute de cheminement chronologique. Dans ces conditions, on pourrait redouter une pièce obscure, extérieure, insaisissable. Il n’en est rien tant les situations évoquées sont en prise sur l’humaine condition. Botho Strauss a l’art de jouer avec les personnages comme un joueur avec ses cartes. Il le fait avec humour et sens de la tension. Marianne

“Une expérience théâtrale à part. Sa structure est particulière, et le terme de fragmentaire ne saurait suffire à la définir, même s’il est en partie approprié. Les personnages sont comme en suspension, entre le néant et l’infini. On pense à Pascal, à Beckett, à Sarraute. La traduction de Michel Vinaver semble magnifier le texte. L’absurde et la comédie se mêlent. La Terrasse

“La pièce de Botho Strauss ne date pas d’hier mais de près de trente ans. Alain Françon s’en empare à son tour avec une jubilation juvénile. Françon ne craint pas ce qu’il y a de cocasse dans cette plongée perturbante au cœur d’un monde où les règles logiques de l’espace-temps n’ont pas cours. Il y a de la magie… Figaroscope

– em>“Une distribution éblouissante. La pièce de Botho Strauss (traduite par Michel Vinaver) est un objet théâtral fascinant par son étrangeté, sa construction fragmentaire, ses personnages fantomatiques quoique bien réels, son croisement des solitudes. Mystérieuse, abstraite, elle peut déconcerter. La mise en scène d’Alain Françon illumine et rend perceptible cette traversée du temps et des lieux. De grands comédiens investissent l’espace-temps dessiné par Jacques Gabel et les lumières de Joël Hourbeigt… Tous habitent intensément la chambre, et le temps. Le Journal du dimanche

“La pièce de Botho Strauss est difficile. Aucune histoire, seulement des bribes d’histoires d’amour ou de querelles. Un espace, un feuilleté de temps et des mots qui constituent le tissu censé prendre vie devant nous. Sauf que là, non. Alain Françon n’arrive pas à nous intéresser. Il nous fait rire un peu en proposant une mise en scène ironique. Dans ce temps « suspendu », il manque peut-être un cœur vivant… Le spectacle est froid et assez vain. Télérama Sortir

“Alain Françon monte la très énigmatique pièce de Botho Strauss « Le Temps et la chambre » en relevant ses vertiges et son comique. Dans un beau décor à la Hopper, les acteurs se prêtent avec facilité à ce double jeu. Rue du théâtre

“Relevant les défis de la rationalité et de la représentation de l’étrangeté, et instillant quelques échappées burlesques et presque vaudevillesques, Alain Françon orchestre cette ronde évocatoire avec des comédiens émérites… Jacques Weber et Gilles Privat sont magistraux dans l’excellent duo d’hommes en gris qui ouvrent et referment la porte du temps. Froggy’s delight

“La thèse est faible, la poésie en retrait, mais Françon et ses comédiens ont su magnifier un texte jusqu’à un plaisir non prévu par son auteur. Une pièce aussi étrange qu’envoûtante… cette pièce est une parade du théâtre français, de ses talents. Des talents exceptionnels. Toute la culture

“On rit souvent pendant cette représentation qui aborde avec légèreté des drames existentiels. Alain Françon met en scène une histoire éclatée du sentiment plutôt qu’une histoire sentimentale. Les comédiens entre thème et variations sont pris dans le bonheur du jeu et se rient des situations. Le travail du rythme de la pièce rappelle que le spectacle se joue toujours au présent pour le plaisir du spectateur autant que son étonnement. Théâtrorama
Karamazov © C. Raynaud de Lage @ C. Raynaud de Lage

2. Jean Bellorini s’empare avec lyrisme du Karamazov de Dostoievski, en une fresque énergique :

“Du toit de la datcha, calée devant la pierre qui surplombe la scène, les acteurs s’adressent aux étoiles et leurs ombres agrandies se projettent sur le mur. Devant, sur un double rail, des plateaux vont et viennent avec les personnages en situation, comme manipulés par la main d’un auteur invisible au gré de son inspiration. Dans ce canevas complexe, tissé de haines familiales et d’interrogations existentielles, on parvient à suivre la ligne claire bellorinienne de bout en bout. Libération

“Un spectacle palpitant et dense. Toute la place est laissée aux acteurs, en contact permanent avec le public. Le prenant généreusement par la main, pour le conduire à travers les arcanes abyssaux du roman, pour lui en faire vivre, en même temps que les questionnements, les émotions. En homme de troupe, Jean Bellorini a réuni une distribution composée de comédiens fidèles… Tous s’emparant avec une belle énergie communicative de leurs personnages, en épousant les affres, les contradictions, les tourments. Offrant au public, avec une vérité rare, leur humanité. La Croix

“Le dispositif scénique foisonne de trouvailles, Bellorini joue sur de petits espaces dans lesquels l’homme apparait démuni face à l’immensité de la nature. L’espace de jeu est autant sur le toit de la datcha que sur des modules de décor qui traversent la scène sur des rails, en portant les comédiens dans de très beaux va-et-vient.  L’inventivité de Bellorini nous ménage des moments d’une grande beauté plastique et parfois de burlesque… Culture Box

“Une épopée lyrique et flamboyante, une fresque haute en cris et en excès. Le texte est secoué de soubresauts, traversé par des passions amoureuses, religieuses, philosophiques, politiques et existentielles. Et c’est sans doute pour retrouver cette furieuse véhémence que les comédiens de Jean Bellorini jouent avec une énergie qui confine parfois à l’hystérie. Ce théâtre extraverti a pour lui un tempérament de feu. Pourquoi pas ? Le spectacle est populaire et festif malgré la noirceur du propos. Mais il laisse à quai ceux qui espéraient s’immerger dans ce que Dostoïevski manie si bien : l’introspection, cet abîme vertigineux où plongent des héros totalement minés par le doute. France Culture

“Une vision trop respectueuse… Du récit à tiroirs qui plonge avec fièvre et frénésie aux enfers et monstruosités de chacun d’entre nous, Bellorini a sauvegardé la parfaite lisibilité. Ce n’est pas assez. On attend d’une création théâtrale qu’elle transcende un texte. Pas qu’elle le résume, même au gré d’images fortes, parfois magnifiques et bouleversantes. On aurait préféré que Bellorini soit moins respectueux de l’œuvre, qu’il la fasse ré-entendre pour l’aujourd’hui… Télérama

“Jean Bellorini met en scène le roman de Fiodor Dostoïevski avec une belle simplicité. Le Monde

“Une plongée dans les bouillonnements de l’humain. Un spectacle total. Plutôt que de s’efforcer de rendre compte du texte de Dostoïevski dans son intégralité, Jean Bellorini en a extrait des fragments qui investissent, à travers des jeux de clairs-obscurs, ses principaux mouvements. Comme dans la vie, des espaces de flottement voient le jour, ainsi que des zones de complexité. Des moments de fulgurance, aussi – scènes à dimension lyrique ou poétique qui imposent définitivement la beauté du projet. Peut-être plus escarpé que les précédentes créations de Jean Bellorini, Karamazov donne également l’impression de davantage de liberté. On sort de ce spectacle avec de l’humain plein les yeux. Et des élans métaphysiques au fond de soi. La Terrasse

“Entretien – Jean Bellorini aime raconter des histoires : « Quitte à passer pour un ringard ! L’homme a besoin de se représenter son propre monde, passé, présent et à venir. Privilégier des traversées longues dans ces théâtres où l’on reste ensemble est une forme de résistance. » Télérama
Mon Traître, affiche © Stéphane Trapier @ Stéphane Trapier

3. Emmanuel Meirieu réunit deux textes de Sorj Chalandon dans Mon Traître, spectacle sobre et crépusculaire :

“On peut faire du beau théâtre avec presque rien – un micro dans la pénombre, un brouillard blanc… – du moment qu’on tient un grand texte, des comédiens habités… et qu’on sait dompter les mots. Aux Bouffes du Nord se produit ce miracle. Les trois comédiens sont admirablement dirigés : cultivant la retenue plutôt que la distanciation, Meirieu se pose en maître de l’émotion. Plus fort encore que « De beaux lendemains », parce que plus concentré, plus politique, « Mon traître » est le frisson théâtral inattendu de cette fin de saison. Les Echos

“L’ambiance sépulcrale, la haute tenue des interprètes créent une tension qui sous-tend la force de l’écriture de Sorj Chalandon, son épure. Pas de mise à distance, un choc frontal, une confrontation directe avec la réalité de l’engagement politique, la violence de la trahison, le chagrin inconsolable. On peut sans doute regretter une musique un peu trop présente, tels détails secondaires, la puissance et la vérité du texte l’emportent, saisissantes. Le Journal du dimanche

“Une bouleversante tragédie. Emmanuel Meirieu a fait de ce double récit littéraire du théâtre. Dans un roulement de tonnerre et une lumière blafarde, on commence par le récit du trahi, celui d’Antoine, le jeune Français, pas journaliste mais luthier, double de Chalandon, joué par Jérôme Derre ; on remonte au fils du héros, qu’incarne Stéphane Balmino, en chanteur à blouson de cuir de combattant ; on débouche sur la confession du traître par le trahi, monologue dont Jean-Marc Avocat, le torse cuivré, à l’indienne, la voix basse, fait un morceau de bravoure. Bouleversant. L’Humanité

“Un spectacle halluciné que l’on écoute le souffle suspendu et le cœur chahuté. Le metteur en scène-adaptateur parvient en outre à nouer un spectacle hypnotique irrigué par une réflexion subtile sur la puissance des secrets. Dépouillée mais implacable, sa mise en scène laisse place à une forme de recueillement extatique pour dire l’amitié bafouée et le deuil impossible. C’est suffocant d’humanité, intellectuellement et esthétiquement passionnant. A ne manquer sous aucun prétexte. A nous Paris

“Selon l’affreuse formule consacrée, personne ne sortira indemne de cette longue description clinique de ces jeunes gens idéalistes noyés dans leurs excréments par l’intransigeance de Mme Thatcher. Qu’on se le dise d’emblée : Emmanuel Meirieu n’a aucune pitié pour son spectateur. Il ne sera pas question d’édulcorer ce qui s’est réellement passé. En tout cas, c’est ce qui donne cette force inouïe au travail d’Emmanuel Meirieu, parfaitement dans la lignée des “romans” de Sorj Chalandon. Ici, la violence n’est pas exhibée avec complaisance. Les mots sont forts pour qu’au terme du bout de la noirceur, l’humain puisse survivre. “Mon Traître” est paradoxalement une œuvre pleine d’espoir. Froggy’s delight

“Emmanuel Meirieu réunit les deux textes de Chalandon avec intelligence; le destin tragique de cet homme apparaît discrètement, plus le texte résonne moins il est aisé de juger cet homme déclaré coupable de trahison. Mais la scénographie pourtant très sobre ne parvient pas à aller à l’essentiel. L’usage de la vidéo, de la fumée qui envahit le plateau et de la ligne musicale en fond sonore, apparaît plutôt comme décorum et n’apporte rien à la beauté du texte. Le jeu des comédiens est assez inégal et on le regrette beaucoup. Emmanuel Meirieu fait le pari avec raison, d’un spectacle dans lequel tout repose sur le jeu, sur l’incarnation du verbe ; il est dommage que l’écriture de Chalandon ne prenne pas toujours corps chez les trois comédiens. Un fauteuil pour l’orchestre

“Dans cette pénombre à peine éclairée de brume, sur une scène de théâtre, c’est toute la guerre fratricide, infigurable, innommable, qui nous rend visite… Le texte est dur, sublime, l’interprétation grandiose. Mais ne subsiste aucune lumière… Toute la culture
Elvira © Fabio Esposito @ Fabio Esposito

4. Au théâtre de l’Athénée, Elvira (Elvire Jouvet 40), une leçon de théâtre portée par Toni Servillo et ses partenaires :

“Dans le costume du professeur, l’immense acteur et metteur en scène Toni Servillo… Cet art du comédien est magistralement incarné par Toni Servillo qui, se démarquant de la personnalité de Jouvet et de son phrasé particulier, impose sa formidable présence et sa passion du théâtre et du répertoire. Petra Valentini assume avec beaucoup de finesse le double rôle de la jeune Claudia et d’Elvire, dans les moindres directions de jeu indiquées par le maître pour qu’advienne la rencontre entre l’élève comédienne et son personnage. La quête passionnera les apprentis comédiens. Mais Elvire Jouvet 40 ne se réduit pas au seul enseignement, l’arrière-plan, indiqué par les seules dates, de février à septembre 1940, est omniprésent. L’intérieur du Conservatoire où maître et élèves perpétuent un art ancestral devient un enclos de résistance face à la barbarie extérieure. Le Journal du dimanche

“Entretien « Pourquoi choisir cette pièce ?
Toni Servillo : Surtout parce que j’ai un grand respect, une grande admiration pour Louis Jouvet. Son travail et sa réflexion sur le théâtre en font un des grands réformateurs du théâtre en Europe, à l’instar de Copeau, ou d’Artaud, ces grands hommes qui ont donné une dimension nouvelle à l’interprétation et à la mise en scène.
La Terrasse

“Toni Servillo donne un maximum d’intensité au personnage de Jouvet. Le spectacle ne souffre pas de la traduction ni du surtitrage tant l’interprétation de Servillo est habitée par la passion du théâtre et l’amour de la transmission. Rue du théâtre

“On assiste à un exercice complexe passionnant, au fil duquel les mots de Jouvet dialoguent avec ceux de Molière, une mise en abyme du théâtre.  Jouvet revu par Servillo c’est un homme passionné capable d’emportements, qui parle avec les mains. Cette version très italienne ne nuit en rien au spectacle qui garde sa densité et reste une célébration du théâtre. Webthéâtre

“La première sensation, photographique, avant que Servillo ne prenne la parole est dans une élégance sobre. Et Toni Servillo va prendre la parole pour ne plus la rendre; il va  prendre la répétition en main et lentement effacer Jouvet tout en l’honorant. Nous assistons à une magnifique leçon de théâtre. Toni Servillo est charismatique, Petra Valentini envoûtante. L’élégance des jeux discrets de Francesco Marino (Dom Juan) et de Davide Cirri (Sganarelle) vient habiller un peu plus l’éblouissant enseignement. Toute la culture

Revue de presse du 18 janvier : Vangelo, Hôtel Feydeau et Grande

 

Vangelo, un spectacle de Ippo Delbono, au Théâtre du Rond-Point, revue de presse Pianopanier, affiche du spectacle

1. Hyper sensible et militant, l’artiste italien Pippo Delbono présente Vangelo sur la scène du Rond-Point  :

“Pour apprécier Vangelo, il faut se laisser porter par des mots, des images, des sentiments. Et des gens, surtout. Car Pippo est sur le plateau avec son monde, des comédiens pas comme les autres, qui sont avant tout des personnes, venues de tous horizons, souvent bizarres, grandes, grosses, maigres, trisomiques comme Gianluca ou microcéphales, sourdes et muettes, comme Bobo. Le Monde

“Voir un Pippo Delbono c’est assister à une cérémonie dont le rythme se casse parfois laissant place à la divagation. Ce grand plasticien est surtout un peintre qui sait fabriquer des images, la plus forte étant peut être l’une des dernières, une explosion hippie  où trône en maître bouddha, dans un lit bébé, Gianluca Ballare qui est atteint de Trisomie 21.” – Toute laCulture

“Tantôt sur scène, tantôt dans la salle, Pippo Delbono est le maître de cérémonie d’un cabaret rempli de personnages contrastés, emblématiques de l’humanité telle qu’elle est. Les tableaux s’enchaînent comme autant de visions : petits diables déchaînés, bonnes sœurs dansant le disco, femmes emprisonnées dans du cellophane ou encore réfugiés naufragés...” – Les5pièces

“L’art de Pippo Delbono est de créer des atmosphères envoutantes. De la scène d’ouverture, où sa troupe siège devant le public tel un parterre d’aristocrate décadents, à l’ascension du Golgotha par l’acteur lui même tirant un gigantesque mur en béton, chaque scène frappe par sa beauté. Il partage avec la metteuse en scène Pina Bausch cet art rare de savoir créer une émotion à partir d’un geste ou d’un objet. Comme chez Bausch, les plateaux dépouillés contrastent avec la force des images qu’ils dégagent. La comparaison s’arrête toutefois là, tant l’absence de décors foisonnant chez Pippo Delbono est largement compensé par un discours envahissant qui épaissit trop souvent la finesse de l’image.Un fauteuil pour l’orchestre

– “La voix caressante et rocailleuse, le corps massif et le souffle lourd, l’homme-orchestre, à fleur de peau, hurle et danse pour mieux se faire le chantre de l’amour et de la liberté. Il livre une charge anti-cathos radicaux et contre tous les fanatismes proférés au nom de Dieu. Quelque chose d’à la fois funèbre et d’éclatant paraît dans l’alliage du rouge capiteux et du noir caverneux qui éclairent le plateau d’une lumière toute particulière, proprement infernale.” – SceneWeb

– Accroché de manière indéfectible à la vérité, le théâtre de Pippo Delbono se hisse une nouvelle fois à la hauteur du réel. C’est sans doute ce qui lui confère une telle puissance. Vive, libre, musicale, à la fois brute et recherchée, cette nouvelle création nous entraîne dans la matière incandescente du monde.” – La Terrasse

Pippo parle, projette ses mots, cite des auteurs (saint Augustin), chante, saisit un violon, une guitare, prend ses acteurs par la main. C’est un rockeur mais de fête foraine, faisant tourner les mots et les gens avec la fièvre du samedi soir. Il trimballe partout où il va la place italienne, celle des petits villages où l’on peut parler et chanter tard dans la nuit, où les migrants sont parfois arrivés. Précisément, ils sont là, les réfugiés. Pippo les a filmés, à Asti où il est établi. Et la fraternité s’amplifie.” – WebTheatre

“La parole est le domaine réservé de Pippo Delbono qui, naviguant entre salle et scène, délivre son verbe profératoire riche en imprécations homilétiques et harangues furieuses, honnit le Dieu paradoxal, préfère le Diable vu comme un diablotin chantre de la liberté sexuelle et prône la vertu théologale de la charité. Et il danse aussi, sa danse-signature de vie et de mort. La tiédeur n’est pas de mise pour ses spectacles, dont celui-ci qu’il veut une fête et une provocation à la fois. On aime ou on déteste.Froggy’s Delight

– “Des vidéos de réfugiés dans un centre d’accueil italien soulignent le propos de manière appuyée mais touchante. Bien sûr, nous sommes d’accord avec ce cri d’amour pour l’humanité en danger, exilée et blessée, avec cette difficulté de se sentir abandonnés, trahis par les divinités censées nous guider. La troupe de Pippo Delbono, personnages sublimes et déchirants, qui danse sur une bande-son aux multiples couleurs, nous aura tendrement charmés à la lumière d’un plateau, colorée par les costumes et contrastée comme la vie. Un patchwork à la gloire de l’existence, en somme.” – Artistik Rezo

– “Á travers ce spectacle, j’ai eu besoin de revenir à des choses qui appartiennent à mon histoire personnelle, à ma vie d’homme élevé dans le catholicisme, à la relation que j’entretiens avec Dieu et la religion.” –  Pippo Delbono pour La Terrasse

 

Hôtels Feydeau, Odeon Théâtre de l'Europe, Georges Feydeau Georges Lavaudant, revue de presse Pianopanier, Feu la mer de Madame, On purge bébé, Léonie est en avance, Mais ne te promène donc pas toute nue

2. En ce début d’année, l’Odéon Théâtre de l’Europe nous propose de prolonger l’esprit festif avec Hôtel Feydeau, spectacle conçu par Georges Lavaudant :

– “Dans cet écrin immaculé, éclairé pleins feux, tout paraît trop simple, trop évident. Les monstres de Feydeau, vus par Georges ­Lavaudant, sont si fondamentalement aimables et élégants qu’ils peinent à nous provoquer, à nous secouer vraiment. On salue la performance, l’exercice de style brillant. Mais on sort avec un léger sentiment de frustration. La folie de cet « Hôtel Feydeau » nous a paru trop douce.” – Les Echos

T – Feydeau est d’une lucidité irrésistible et infernale. Georges Lavaudant l’aborde, lui, avec bonhomie et bienveillance. Il en ferait pour un peu une comédie musicale, au risque de l’assagir en l’attendrissant trop. Reste qu’André Marcon, Gilles Arbona et Manuel Le Lièvre sont exceptionnels de drôlerie. Télérama Sortir

“Le rythme, fait d’accélérations, de décélérations, et de climax savamment orchestrés dans les pièces originales fait ici entendre un tout autre son. Hôtel Feydeau, poussif en ses débuts, prend enfin de l’ampleur, mais doit se relancer sans cesse, comme le moteur d’une auto du temps jadis, que la manivelle doit sans cesse ranimer.– Un Fauteuil pour l’orchestre

“Les allers et venues vont permettre aux acteurs de croiser leurs paroles comme on croise le fer. Certes, l’auteur a ses obsessions habituelles (scatologie, cocufiage, nudité féminine). Mais au-delà de ces passages obligés, il propose un détricotage explosif des relations hommes-femmes et des rapports de pouvoir, le tout avec un humour propre à dérider un synode. Les acteurs doivent n’en faire ni trop ni trop peu. C’est rien de dire que leur prestation est réussie. L’Hôtel Feydeau mérite ses cinq étoiles.” Marianne

“On le sait pourtant que le génie de Feydeau, c’est son rythme. Viendrait‑il à l’idée de chanter un standard de Louis Armstrong à l’envers ou en intervertissant les phrases musicales ? Quand une œuvre est parfaitement équilibrée, il faut un orgueil confinant à l’aveuglement pour penser qu’on va l’améliorer en la réorganisant au petit bonheur.Les Trois Coups

“On chante et on danse entre chaque séquence un peu comme dans le feu Palace de Jean-Michel Ribes sur des airs de jazz, de mambo ou de cha-cha-cha. Jean-Pierre Vergier a imaginé un décor neutre et blanc, rehaussé par du mobilier et des accessoires aux couleurs acidulées. Avec cet hôtel Feydeau on peut ainsi prolonger un peu plus les fêtes en ce début d’année frigorifique.SceneWeb

– “La langue, tranchante, mène le bal dans une danse infernale propice aux saillies à double sens, jeux de mots, et joutes verbales qui mettent à mal le couple réduit en l’absence de tout désir, à une provocation dominatrice et un constat d’impuissance. Et dans cette fuite en avant aussi drôle que féroce, André Marcon, Gilles Arbona et Manuel Le Lièvre sont formidables de cocasserie.” – Publik’Art

– “Georges Lavaudant a découpé les cinq pièces qu’il monte en passages les plus percutants, qui s’articulent entre eux de manière alternée. Les maris répondent ainsi à leur femme selon des problématiques voisines, ce qui crée un parachutage onirique et drôle. Entre les pièces, un intermède musical fait danser les comédiens à la manière d’une comédie musical.” – Artistik Rezo

“Georges Lavaudant connaît bien son Feydeau et il aura soigneusement démoli les deux spécificités emblématiques du maître du vaudeville ; et son Monsieur Chouilloux ne rencontrera jamais l’amant de sa femme. Et ceci ne semblant pas suffire à ce massacre, les intermèdes copiés sur PALACE de Jean-Michel Ribes viennent détruire le troisième attribut, l’âme même de Feydeau, le scepticisme et la défiance de ce misanthrope blessé qui aura toute sa vie interrogé ce qui se cache de désespoir derrière la loi patriarcale, derrière les pères et les époux, lui à la généalogie complexe et au père déficient.” – Toute la Culture

– “Au sein de ces pièces, tout est dans l’art de la réplique. C’est le langage qui fait avancer la psychologie, et non l’inverse.” –  Georges Lavaudant pour La Terrasse

 

Grande, Vimala Pons, Tsirihaka Harrivel, 104, cirque, théâtre, revue de presse Pianopanier

3 – Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel proposent au 104 un spectacle inclassable – Grande – qui sera repris au Monfort au printemps :

“Quatre ans après le succès de De nos jours (Notes on the Circus), conçu en collectif avec Erwan Ha-Kyoon Larcher et Maroussia Diaz Verbèke, le duo relance la pelote. Une championne de portés sur la tête capable de tenir une hache en équilibre, mais aussi une machine à laver, donne la main à un roi du mât chinois pour former la paire d’artistes la plus iconoclaste du moment.” – Le Monde

– TTT – Après l’ovni que fut De nos jours [Notes on the circus], deux des circassiens du collectif Ivan Mosjoukine créent une revue… du quotidien. Avec imagination et brio, ils dissèquent des moments, des émotions, des concepts de la vie de tous les jours (…)” – Télérama Sortir

“Comme deux makers, les deux comédiens ont (re)construit leurs sentiments à coups de chalumeaux et des scies, de tôles et de plaques de cuisson étincelantes. Le résultat est une succession de scènes magnifiques, ou défilent des cercueils pliables, des pistes de saut amovibles ou des bouquets de fleurs massifs. Grande est un foisonnement d’idées saugrenues et poétiques, intimes et décalées, destiné aux trapézistes des émotions comme aux ingénieurs de l’âme.Un fauteuil pour l’orchestre

“Un petit côté populaire donne un charme indéniable à l’ensemble, dans ses images ludiques, l’absence totale de manœuvres de séduction, comme un premier degré enfantin qui s’impose naturellement.Les Trois Coups

“Diablement inventifs et réglés comme un concert d’horloges, l’enchaînement est parfait, le rythme trépidant, la musique jubilatoire.Les5pieces

Grande est une revue symbolique. Chaque action fait figurer un sentiment : qui dit première rupture dit jean, un pantalon auquel Tsirihaka Harrivel s’accrochera jusqu’à se hisser à plusieurs mètres de hauteur. Face à nous, rien n’est aussi simple qu’on ne le croit.SceneWeb

– “Notre cirque invente des actes, de l’inédit, de la surprise, avec une multitude d’objets et de combinaisons.” –  Vimala Pons pour La Terrasse

Revue de presse du 11 janvier : Vu du pont, Hamlet, Une maison de poupée, Faust

Vu du pont, © Thierry Depagne @ Thierry Depagne

1. Aux Ateliers Berthier-Odéon, reprise remarquée de Vu du pont d’Arthur Miller, mis en scène avec maestria par Ivo van Ove :

“On tremble d’émotion. … Avec une telle histoire, on pourrait craindre un pathos généralisé. Mais c’est sans compter avec la finesse du texte d’Arthur Miller, qui a su éviter les pièges du simplisme et du caricatural, et le doigté d’Ivo van Hove. Grâce à une maîtrise parfaite de la direction d’acteurs, la tragédie évite tous les pièges du genre. Les applaudissements qui clôturent une prestation hors normes sont à la mesure du choc. Marianne

“Une remarquable mise en scène. Pas une once de gras, d’anecdote ou de lourdeur psychologique dans ce spectacle où le metteur en scène et son équipe tiennent de bout en bout le fil de la pureté tragique. La première surprise vient, pour le spectateur, de la scénographie, d’une intelligence et d’une beauté magistrales.
Ces personnages existent ici avec une crédibilité rarement atteinte au théâtre, parce qu’ils sont interprétés par des acteurs choisis et dirigés avec une science confondante. ….Enfin, il y a Charles Berling, que l’on n’avait pas vu aussi bien depuis longtemps : un bloc granitique d’humanité douloureuse et blessée, opaque à lui-même.
Le Monde

“La mise en scène de Ivo van Hove transmue la pièce d’Arthur Miller en tragédie intime et universelle. Une mise en scène d’exception et un bloc d’émotion.
Dans une tension continue, d’une densité compacte qui dilate le temps de la représentation, aux accents du Requiem de Fauré, la distribution est remarquable de justesse et d’intensité. Tous impressionnent et bouleversent. Ils sont les figures tragiques de l’humanité. Exceptionnel.
Le Journal du dimanche

“Ivo van Hove a transformé le drame d’Arthur Miller (1955) en une tragédie universelle, où toute l’humanité est sublimée en un grand geste de douleur. Huit comédiens en apesanteur… Ivo van Hove a eu l’intuition géniale de proposer le rôle d’Eddie à Charles Berling. Depuis longtemps, on n’avait pas vu l’acteur à de tels sommets. Avec pudeur, humilité, une fièvre intérieure sans pareil, il porte la croix de son personnage maudit… La boîte tragique se referme alors sous les vivats d’un public submergé par l’émotion. Les Echos

“La mise en scène d’Ivo van Ove est vraiment géniale. Dans le rôle du brave type devenu délateur sans savoir comment ni pourquoi, Charles Berling, qui a récolté le molière 2016 du meilleur acteur, est magnifique. A ses côtés, dans le saisissant décor, tous ses partenaires sont parfaits. L’Obs

“Nu, sans accessoires, ce plateau scénique offre la priorité au jeu des comédiens. Sous la direction de Ivo van Hove, ils sont tous excellents et rendent palpable, sans surcharge psychologique, les sentiments, fractures, passions et contradictions qui animent chacun des personnages… Avec un dosage contenu du réalisme porté par la pièce, mais en portant ses tensions à l’extrême, dont la violence est accompagnée en contrepoint par la douceur poétique du Requiem de Fauré, le spectacle s’achève sur une belle image spectaculaire colorée, émouvante et métaphorique, sous la pluie. Webtheatre

“Un récit sensible et tragique, superbement raconté par un esthète de la mise en scène… Les comédiens évoluent ainsi dans un espace scénique tri-frontal extrêmement dépouillé, une langue de lumière qui s’avance dans la salle. Dans cette scénographie à l’épure déconcertante, on ne voit qu’eux, personnages meurtris aux destins fragiles. Un récit sensible et tragique, superbement raconté par un esthète de la mise en scène. Time Out
 
 
hamlet © christophe raynaud de lage @ Christophe Raynaud de Lage

2. Ostermeier “survolte” Hamlet, dans une mise en scène énergique portée par une troupe de comédiens au talent incontesté :

“Une table de banquet délimite le fond de la scène, symbole ironique où trône un pouvoir immature… Dans toutes ses mises en scène, Thomas Ostermeier fait résonner fortement les textes dans l’actualité de notre monde. Cette lecture radicale et énergique théâtralise avec vigueur les effets dévastateurs d’une société pourrie, et réduit la profondeur métaphysique du drame de Shakespeare. L’un des atouts majeurs de la pièce est comme à l’accoutumée chez ce si talentueux metteur en scène la limpidité du jeu théâtral. Un immense bravo à l’exceptionnel acteur Lars Eidinger dans le rôle d’Hamlet… La Terrasse

“Certes le spectateur peu familier de l’œuvre-maitresse de Shakespeare aura du mal à se retrouver dans cette représentation destroy et survoltée où six acteurs seulement se partagent une vingtaine de rôles (seul Hamlet, l’époustouflant Lars Eidinger n’a à gérer que son personnage…)… Mais comme toujours la force et l’énergie du metteur en scène, son formidable appétit de comprendre et de partager le théâtre au plus urgent, au plus violent, emporte le morceau. Et si cet “Hamlet”-là n’est pas forcément des plus subtils, il entraîne superbement le public au royaume de la folie. Télérama

“Sommes-nous alors si loin des questionnements d’aujourd’hui ? se demande, et nous demande, Thomas Ostermeier, qui s’adresse à Shakespeare pour nous donner matière à réflexion dans un ici et maintenant plein de zones d’ombre, d’incertitudes et de manque de repères. France Inter

“L’action s’ouvre sur l’enterrement du roi, par lequel Ostermeier s’engage dans une voie tragi-comique sur fond de gros rock à guitares. Le burlesque s’invite dans le trou où tombent le fossoyeur et le cercueil, glissant sur un plateau couvert de terre arrosée d’eau… Armé d’un théâtre d’acteurs très physique et sans tabous, flirtant avec le “trash” sans s’y noyer, Ostermeier ose tout. La Dépêche

“L’attente n’est ni clairement déçue ni vraiment comblée. Le spectacle a laissé à l’issue de la première un sentiment partagé, qu’a exprimé le public en l’applaudissant plutôt chaleureusement, sans excès. La pièce, resserrée, adaptée avec acuité par le dramaturge Marius von Mayenburg, prend place dans un dispositif élégant et efficace. Comme toujours dans les spectacles du directeur de la Schaubühne de Berlin, on prend un plaisir fou avec les comédiens, avec leur jeu précis et physique, d’une rare intensité… Cet “Hamlet” déploie nombre d’autres qualités, une incontestable fluidité et efficacité scénique… Et pourtant, le spectacle ne prend pas vraiment. Comme si le metteur en scène n’avait pas encore parfaitement ajusté sa focale. Le Monde

“Ostermeier et Shakespeare, c’est un sans faute assuré ! Chaque fois que le metteur en scène berlinois s’est attaqué au dramaturge élisabéthain, il a signé une éclatante réussite.
Lars Eidinger est toujours le rôle-titre, aux antipodes du héros romantique idéalisé. L’acteur se fait tornade qui rase et saccage tout sur son passage. En dépit des qualités indéniables de jeu, de mise en scène et de dramaturgie, l’”Hamlet” de la Schaubühne se résume à sa seule performance. Il fait son numéro d’acteur-roi et c’est hallucinant. Avec sa folle démesure et une impeccable justesse, il hisse le spectacle encore et toujours plus haut.
Toute la culture

“Sublime spectacle qui force l’admiration. Thomas Ostermeier reprend Hamlet avec six comédiens extraordinaires… Deux heures trente d’extrême tension et de plaisir. Tout est critique de notre monde quotidien, tout est Shakespeare, tout est merveilleusement recréé et distancié. C’est unique ! À voir et à revoir ! Artistik Rezo
 
 
Une maison de poupées © Pierre François @ Pierre François

3. Dans une version resserrée, une actualisation pertinente d’Une maison de poupée d’Henrik Ibsen, mise en scène par Philippe Person :

“En voyant la version qu’en propose Philippe Person, on comprend pourquoi, au moment de sa création, à la fin du XIXème siècle, la pièce fit scandale… C’est du Simone de Beauvoir avant l’heure, et c’est un superbe hommage au féminisme. Marianne

“Conforme à l’esprit de la partition originale, inclus ses quelques traits d’humour, ce condensé atteste que, bien que datant de 1879, cette “tragédie de notre temps”, telle que qualifiée par son auteur Henrik Ibsen, ne s’avère ni désuète ni surannée. Epurée mais efficace et avec une contextualisation confortée par les brefs extraits de tubes rock des sixties des inserts transitionnels, la mise en scène de Philippe Person vise à l’essentiel… La direction d’acteur de Philippe Person étant très tenue, Philippe Calvario et Florence Le Corre délivrent de manière magistrale l’ultime scène qui revêt une intensité sidérante et une humanité bouleversante. Froggy’s delight

“Cette mise en scène ascétique, réduite à trois jours, se veut aussi cinématographique, comme un plan séquence qui, révélant leur intériorité, collerait aux actions de chaque personnage. En dépit d’une certaine linéarité, en limitant l’action à la confrontation entre les personnages de ce quatuor, Person donne à son spectacle une forme aux arêtes coupantes. En se débarrassant du carcan de sa maison, Nora bouscule les conventions et s’affirme comme une héroïne d’une incroyable modernité. Théâtrorama

“Philippe Person a gardé du texte original les quatre personnages principaux. Il resserre ainsi la pièce autour de Nora… Le rythme est vif. On sent un vrai travail, chez chacun des interprètes, pour créer des caractères forts, réels et attachants mais on peut regretter de ne pas apercevoir par moment leurs âmes. De fait, ils restent excessivement propres, bien mis et les scènes de confrontations ou de manipulations se cantonnent à un formel joli, intelligent mais porteur de peu d’émotions. Reg’Arts

“Cette “Maison de poupée” subjugue par l’intensité de son interprétation et la modernité de sa mise en scène.
Le public nombreux salue fort justement cette prestation théâtrale acclamée qui marquera la fin 2016 et le début 2017. La pièce d’Ibsen fait froid dans le dos et détruit le mur des apparences factices, cette mise en scène lui fait honneur pour une empreinte indélébile dans les esprits !
PublikArt

 
 
Faust © Ben Dumas @ Ben Dumas

4. Au Ranelagh, le jeune metteur en scène Ronan Rivière s’attaque avec une exigence saluée au Faust de Goethe :

“Noirceur et fulgurances, ténèbres et flamboiement d’enfer. Les acteurs montrent avec souplesse et acrobatie les aléas de ce pacte terrible en clair-obscur, alternant l’humour et les rires de gaieté et de légèreté avec les sanglots du désespoir. Méphistophélès est d’autant plus inquiétant qu’il apparaît étonnamment humain, presque avec humilité et bonhomie. Et le spectacle baigne dans des sautes lumineuses, scandées par les accords et modulations du piano, entre envolées romantiques et cordes heurtées et grinçantes. Tous ces contrastes entretenus ne laissent personne en repos, le mythe faustien est revivifié dans un dépouillement saisissant. Spectacles Sélection

“Des acteurs inspirés. Un échafaudage brinquebalant ne cesse d’être manipulé par les comédiens au centre d’une scène réduite au maximum. Ce Faust ravit l’audience grâce à l’investissement énergique de la troupe de comédiens et à la mise en scène sommaire mais dynamique du Méphisto. La pièce est un succès, la salle était comble, nul doute que de nombreux autres spectateurs sortiront tout autant ravis de la salle après les prochaines dates ! Publik’Art

“La confirmation d’un jeune talent, Ronan Rivière. “Faust” est une tragédie de 1808. Goethe multiplie les lieux et les personnages. Ronan Rivière a synthétisé tout cela. On remarque, avec intérêt, les références au cinéma expressionniste allemand, mais son diable n’est pas Nosferatu. Méphistophélès, car ainsi le nomme Goethe, est un homme jeune. Ronan Rivière interprète Méphisto. La plupart du temps, on donne le rôle du diable à un homme mûr, ici le fait que ce soit un jeune homme donne une autre grille de lecture. Il a des langueurs romantiques. Jean-Benoît Terral est le Faust vieux et Anthony Audoux le jeune Faust, deux comédiens tout à fait justes. Un spectacle exigeant qui doit faire partie de votre sélection. Ronan Rivière et sa troupe sont à suivre. Après, ne venez pas nous dire que vous n’étiez pas au courant ! Webthéâtre

“L’histoire de Faust est ici resserrée exclusivement autour de son amour pour Marguerite. C’est un raccourci bien troussé de l’œuvre monumentale de Goethe. Un “Faust” qui, malgré quelques langueurs dans certains passages, possède un réel impact visuel et donne envie de redécouvrir l’œuvre de Goethe dans le texte. Reg’Arts

Revue de presse du 28 décembre : Letter to a man, Terabak de Kiev et C’est noël tant pis

Letter to a man, Robert Wilson, Nijinsky, Mikhaïl Baryshnikov, Théâtre de la Ville, Espace Pierre Cardin, revue de presse Pianopanier

1. Letter to a man, l’un des derniers spectacles en date de Robert Wilson interprété par Mikhaïl Baryshnikov à découvrir à l’Espace Pierre Cardin jusqu’au 21 janvier :

“Robert Wilson y retrouve Mikhaïl Barychnikov, et avec lui sa veine russe, qui lui réussit ­particulièrement et avait donné lieu, en 2013, à un véritable chef-d’œuvre, The Old Woman, inspiré par des textes de l’auteur Daniil Kharms. Letter to a Man est en quelque sorte le petit frère de cette « vieille dame » : un spectacle plus modeste, mais où Wilson déploie tous ses sortilèges pour dire la folie d’un homme, et pas n’importe lequel : le danseur Vaslav Nijinski. Le Monde

“Comme dans un film muet, Baryshnikov maquillé à outrance, mime les mots chaotiques de la star des Ballets russes. Pour cela, il fallait absolument un interprète charismatique, pari réussi pour l’étoile russe de 68 ans qui, seule sur scène, incarne Vaslav Nijinski en pleine descente aux enfers. Il y dévoile un talent théâtral plein d’humour qui s’allie naturellement à son expressivité corporelle.” – Toute laCulture

“L’ensemble, qui, de sucroît, pâtit de longs noirs lors des mises en place des éléments de décor, ne parvient pas à convaincre tout en produisant de belles images et comportant d’inattendues fulgurances liées au “bon mauvais goût” décalé de Robet Wilson.” – Froggy’s Delight

Magnifique danseur, Mikhaïl Baryshnikov n’est pas comédien. Sous son visage blanc de clown beckettien, son interprétation dégage peu d’émotion. Eclaté en images violemment stylisées de bleu, noir ou blanc et en sons où se conjuguent le russe et l’anglais, le spectacle flirte certes avec élégance entre cirque et cabaret. Les séquences visuelles s’y enchaînent à une vitesse hallucinante et les mots se répètent dans une hystérie chic, façon Gertrude Stein… C’est fulgurant, virtuose et vain.” – Telerama Sortir

“Pour donner à voir l’angoisse qui ronge le danseur, ses paroles sont répétées plusieurs fois, en russe, en anglais. Le précipice n’est pas loin. Baryshnikov endosse les rôles avec une agilité incroyable : face à un vitrail comme en prière, assis tête renversée, coursant les « cocottes » sur un boulevard parisien. Dans la plus belle scène, Misha est face à une projection d’une immensité de glace. De petites silhouettes apparaissent et disparaissent tandis que le danseur lentement gagne l’écran. Il semble à son tour avalé par cette surface. Le temps est alors suspendu. Les Echos

Robert Wilson a traduit en image les rêves tourmentés de Nijinski. La grande chorégraphe Lucinda Childs (que l’on entend en voix off) hante également ce spectacle totalement magique. Mikhail Baryshnikov est aérien et lumineux. Il amène de l’espièglerie en nous gratifiant de petits pas légers. L’hommage d’un grand danseur à un autre grand danseur.SceneWeb

“Dans l’écrin stylisé que constitue l’univers de Robert Wilson, Mikhail Baryshnikov déclare donner corps à un « théâtre physique », qui passe par quelques mouvements de danse. Un théâtre qui, comme dans toutes les créations du metteur en scène américain, allie radicalité et onirisme, burlesque et poésie, pour nous transporter dans un univers d’une puissance esthétique unique.La Terrasse

– “Élégant, d’une précision désarmante, le danseur de 68 ans est, comme Nijinski, la légèreté même, la souplesse incarnée. Aérien, il effleure le sol et la moindre esquisse suffit à dessiner le geste.” – Les5pièces

– “Ce n’est pas l’âge qui importe, mais ce que l’on danse.” –  Mikhaïl Baryshnikov L’Obs

 

Terabak de Kiev, cabaret, cirque, Stéphane Ricordel, Dakh Daughters, Monfort, La Baraque, revue de presse Pianopanier, espace chapiteau, Yann Frisch

2. Le cabaret annuel du Monfort vient tout droit d’Ukraine : Le Terabak de Kiev mis en scène par Stéphane Ricordel avec la complicité des Dakh Daughters enchante la critique :

– “Décidément, le Monfort Théâtre est bien un des endroits les plus fréquentables pour passer cette période dite « des fêtes de fin d’année » en échappant aux (presque) inévitables guimauves dégoulinantes et autres paillettes bling-bling. Stéphane Ricordel, le patron du lieu parisien, a concocté un cabaret chaleureux et doucement déjanté où se sentent aussi bien les adultes que les enfants et même – miracle – les adolescents.” – Le Monde

TT Aux côtés de Benoît Charpe, vertigineux trampoliniste sur monocycle, se distinguent notamment Josefina Castro Pereyra et Daniel Ortiz dans un duo sensuel au cadre aérien, Oscar Nova de la Fuente dans un stupéfiant numéro de sangles en cul-de-jatte, et l’irrésistible Matias Pilet, enchaînant les acrobaties les plus improbables dans un exceptionnel numéro à la Buster Keaton. Bel esprit pour une soirée qui en étonnera plus d’un ! Télérama Sortir

“Ce cabaret sous chapiteau est un inventaire à la Prévert pour ses numéros et sa poésie, son décalage permanent où de jeunes artistes déploient leur art avec autant d’humour que de talent. Surtout ils représentent cette insolence d’un cabaret ragaillardi par des inventions, des trouvailles qui vous mettent plein de ho et de ha dans les mirettes et tout ça sans paillette ni poudre de perlimpinpin. Un côté brut de coffre et sans façon, sans chichi ni tralala mais une énergie communicative et abrasive.– Un Fauteuil pour l’orchestre

“Ce sont les Dakh Daughters qui sont les Monsieur Loyal. Multi-instrumentistes usant des techniques vocales insoumises des chanteuses traditionnelles ukrainiennes, elles accompagnent les circassiens de leur musique métissée et mâtinée de punk. Création et partage militant caractérisent le travail de cette compagnie sachant ce que lutter veut dire.”  Les Trois Coups

“Une heure trente bien servie d’un méli-mélo pensé par Stéphane Ricordel, maître de céans et ci-devant metteur en scène, comme un «clin d’œil en mémoire des cabarets qui enchantèrent les nuits parisiennes des années 40 au tournant des années 80». Mêlant cirque, musique et magie, le propos s’articule autour des Dakh Daughters, six Ukrainiennes formées au Conservatoire de Kiev, ayant viré leur cuti pour défourailler une sorte d’ethno-punk calorifère qui ne manque pas de sympathisants en France (festivals d’Avignon, des Vieilles Charrues, du Standard idéal…) depuis leurs débuts en 2013, précisément au Monfort.Liberation

“La mise en scène est dynamique, favorise l’humour potache et les téléscopages de numéros, l’ambiance est manifestement très bonne dans les coulisses du chapiteau, et on sent comme un esprit de famille présider aux destinées de la petite troupe réunie pour l’occasion. Rien d’intello, mais rien de sordide ni de putassier: un bel exercice d’équilibre pour trouver l’endroit juste du spectacle populaire mais pas racoleur.Toute la Culture

– “Les Dakh Daughters sont très cabarétiques !” –  Stéphane Ricordel pour La Terrasse

 

C'est noël tant pis, Pierre Notte, Théâtre du Rond-Point, avec Bernard Alane, Brice Hillairet, Sylvie Laguna, Chloé Oliviers, Renaud Triffault, Romain Apelbaum, revue de presse Pianopanier

3 – Reprise au Rond-Point de C’est noël tant pis, un spectacle de Pierre Notte qui jouera les prolongations à la Comédie des Champs-Elysées, succès oblige :

“Pierre Notte malmène “l’esprit de Noël” dans cette farce à la fois hilarante et tragique, où l’humour noir le dispute au désespoir. L’auteur-metteur en scène nous a habitués à ses comédies de moeurs drolatiques ponctuées de petites chansons à la Demy (il y en a aussi ici… mais pas des « Christmas carols »). Dans ce nouvel opus, il y a plus d’épure, plus de gravité aussi. La famille crucifiée dans “C’est Noël, tant pis” souffre d’une névrose au fond très ordinaire, qui remue profondément le spectateur.” – Les Echos

– TT Notte cultive avec modernité un ton à la Michel Audiard à faire hurler de rire. Mais il ne fait pas que ça. A l’écoute des chansons que sa troupe d’acteurs fétiches (Silvie Laguna, Brice Hillairet, Bernard Alane, Chloé Olivères) chante en chœur, on se croirait chez Marguerite Duras. Notte réinvente le conflit de générations comme jamais, en y glissant avec tendresse le fantôme d’une petite grand-mère.” – Télérama Sortir

“La mise en scène très codifiée et rythmée de Pierre Notte, portée par une interprétation au diapason, accompagne avec fluidité cette embardée explosive et drolatique. Le tout agrémenté de trois chansons qui viennent, comme dans toute comédie musicale détournée qui se respecte, suspendre le moment fatidique.Publik’Art

“De pièce en pièce, Notte construit une œuvre qui semble rire de tout, qui fait en effet beaucoup rire mais, dans le même temps, saisit les douleurs de l’enfance et de l’âge adulte et propose à l’humanité de s’en sortir par une compréhension amusée. C’est un grand message qui ne peut se lire qu’à travers les lignes, car Notte ne professe rien, il joue, il jongle, il crée des querelles qu’il arbitre par des chansons rythmées et inspirées.WebTheatre

“Avec l’humour mordant qu’on lui connaît, Pierre Notte prend un malin plaisir à faire exploser le nuage toxique de fausse jovialité qui plane au-dessus du sapin, sans pour autant tomber dans les clichés de la sempiternelle tragi-comédie familiale. Derrière cette succession de gags un peu potaches, chacun dévoile à sa façon un regard impitoyable sur ce que signifie « être en famille », et le tableau se révèle (souvent) beaucoup plus sombre qu’il n’y paraît.Les5pieces

– “Une scénographie astucieuse de Natacha Le Guen de Kerneizon qui transforme le sapin en table de Noël, des lumières de Marc Torrente qui installent une ambiance intimiste, des costumes réussis de Colombe Lauriot Prévost, des acteurs tous excellents : tous les ingrédients sont réunis pour donner à “C’est Noël tant pis” des allures de comédie amère où les rires font table commune avec les larmes. Une histoire profondément humaine d’amour mal exprimé.” – Froggy’sDelight

“La pièce alterne le réalisme, l’absurdité et la rêverie. Mais avec ces situations acides et décalées on aurait aimé un peu plus de nerf et de ruptures dans le jeu pour marquer les différents états dans lesquels passent les personnages. Tout est joué avec brio mais sur le même tempo.La répétition de certaines scènes ralentit considérablement l’ensemble.  On a envie par moment que les comédiens brisent la glace pour accompagner cette composition familiale tourbillonnante et bouillonnante.SceneWeb

– “J’espère que le rire sera salvateur au cœur de cette tragédie noire.” –  Pierre Notte pour La Terrasse

Revue de presse du 21 décembre : Le Petit-Maître corrigé, Audience et Vernissage, Le Sourire d’Audrey Hepburn

Le Petit-Maitre corrigé, Marivaux, Clément Hervieu-Léger, Comédie-Française, Salle Richelieu, revue de presse Pianopanier

1. Clément Hervieu-Léger signe une mise en scène du Petit-Maître corrigé, une pièce qui revient à la Comédie-Française pour la troisième fois en deux siècles :

“Comme souvent, chez Marivaux, les serviteurs sont plus avisés que leurs maîtres. Christophe Montenez joue finement l’évolution de Frontin et Adeline d’Hermy l’impertinence de Marton. Dans les superbes costumes de Caroline de Vivaise, Claire de La Rüe du Can, délicate Hortense, Florence Viala, impétueuse Dorimène, Dominique Blanc, fière marquise, Didier Sandre, sage comte et Pierre Hancisse, pertinent Dorante, font entendre la pièce, vieille de deux siècles, comme si elle était d’aujourd’hui. Le Journal du dimanche

“En guise de scénographie, Eric Ruf a transformé la scène en un morceau de lande envahi par les herbes, accentuant le côté champêtre. Hortense, Rosimond et les autres y dansent une folle sarabande qui rend leurs paroles difficilement audibles, surtout dans la première partie. Fort heureusement, cela ne dure pas. On peut alors  apprécier à leur juste mesure les aléas amoureux de ces hommes et de ces femmes qui découvrent l’amour physique en même temps qu’ils doivent en assumer les codes sociaux d’une époque où l’on ne rigolait pas avec les principes.” – Marianne

“Avec le sens de l’espace d’un Planchon et une direction d’acteur hors pair, Clément Hervieu-Léger orchestre une troupe en apesanteur. Loïc Corbery est irrésistible en petit-maître maniéré, avec cette pointe de gravité qui devient vallée de larmes quand il tombe enfin aux genoux de sa dulcinée. Adeline d’Hermy fait des étincelles en servante dessalée et gouailleuse. Le reste de la distribution est à l’avenant. Les Echos

De hautes herbes envahissent donc le plateau, dans lesquelles les dames de la ville se tordent les pieds, tandis que Rosimond se promène avec une ombrelle ridicule. Eric Ruf, le patron de la Comédie-Française, a conçu ce décor campagnard avec ses toiles peintes à l’ancienne. Mais en fond de scène, il a gardé toute la machinerie du théâtre apparente, montrant bien là qu’il s’agit d’un regard du XXIe siècle sur une pièce du XVIIIe et non d’un théâtre à l’ancienne. Même distance dans le jeu des comédiens, qui appuient là où ça fait mal, sur les rapports de classe très présents dans la pièce. La pièce, dans son décor champêtre et ses costumes à la Watteau pourrait n’être qu’un badinage, un “marivaudage” comme l’expression s’est imposée au fil du temps. Grâce au jeu formidable des comédiens, on est saisi par les enjeux profonds de la pièce. Le Parisien

“Eric Ruf a installé une butte couverte d’herbes folles en avant-scène, de grandes toiles peintes à l’ancienne montent et descendent dissimulant plus ou moins le plateau nu en fond de scène. Une manière de conjuguer l’ancien et le moderne. Clément Hervieu-Léger traite l’opposition ville/campagne avec un humour appuyé… Le rythme de la mise en scène qui va au galop, associé à l’agitation de certains personnages quelque peu tonitruants, nous fait perdre un peu des délices de la langue de Marivaux. Mais ces réserves ne ternissent pas l’excellence des comédiens… On est heureux de découvrir cette pièce qui ne dépare pas dans une œuvre définitivement universel d’une finesse de style et d’analyse incomparable. Webthéâtre

– “Reste tout de même la Comédie-française : un jeu au cordeau mais sans surprises, à l’exception d’Adeline d’Hermy, des costumes magnifiques, quelques rires et un décor plein de poésie. Seulement, deux heures pour une pièce qui n’a rien à dire, c’est un peu long.” – Rue du Théâtre

“Clément Hervieu-Léger propose une lecture de la pièce faussement classique et sacrément audacieuse. Une lecture moderne qui par la performance des comédiens est une réussite. La pièce est classique et le texte est merveilleux. La mise en scène est classique, la scénographie aussi. On retrouve les magnifiques costumes que seul le Français peut produire et l’expérience de jeu à laquelle les comédiens-français nous ont habitués… Sauf que l’audace est là, les choix de mise en scène et de scénographie sont courageux et risqués. Le jeu des comédiens semble n’éviter aucun excès comique, aucune pitrerie périlleuse sans toutefois basculer dans un cabotinage de boulevard ; et Florence Viala et Adelin d’Hermy sont extraordinaires, merveilleuses, inoubliables. On rit constamment. Un Marivaux si moderne cependant que vieux de trois siècles.Toute laCulture

– “Dans ce texte, il y a les fondements d’une analyse préfreudienne, dans le rapport aux parents par exemple (c’est la seule pièce de Marivaux qui interroge les rapports entre le fils et la mère), ou dans l’épisode de la lettre perdue, parfait acte manqué, concept qui n’apparaît que dans La Psychopathologie de la vie quotidienne.” – Clément Hervieu-Léger pour La Terrasse

Audience et Vernissage, Artistic Théâtre, Vaclav Havel, Anne-Marie Lazzarini, revue de presse Pianopanier

2. À l’Artistic Théâtre, Anne-Marie Lazarini crée un diptyque de la résistance à partir de deux pièces écrites en 1975 par Václav Havel : Audience et Vernissage.

TT Anne-Marie Lazarini a eu la bonne idée de monter les deux textes dans deux espaces souterrains et intimes qui se jouxtent, et où le public pénètre une pièce après l’autre (…) Les deux satires s’emboîtent au plus près des spectateurs, dans une proximité qui fait miroir avec ce que nous vivons aujourd’hui. Télérama Sortir

“Ecrites il y a quarante ans par un dramaturge en butte au totalitarisme, les deux pièces de Václav Havel pourraient sembler intempestives dans notre démocratie libérale et pacifiée. Pourtant, le propos paraît singulièrement actuel et d’autant plus grinçant : les intellos précaires et autres surdiplômés, et tous ceux qui subissent les leçons incessantes des thuriféraires du bien-être et de la quête égoïste de soi ne s’y tromperont pas : la résistance est toujours d’époque et Anne-Marie Lazarini le rappelle avec force et esprit. La Terrasse

“Dans ce monde ou personne ne s’écoute, où chacun se méfie, se piège, les comédiens font leur miel des jeux d’une langue tout en quiproquos, malentendus, sous-entendus, non-dits, jargon des bureaucrates comme des pseudo-esthètes. Cédric Colas est Vanek/Havel, le résistant ; Stéphane Fiévet, le brasseur brut de décoffrage ; Frédérique Lazarini et Marc Schapira, le couple « boboïsé » de parvenus, masquant, par leur insupportable contentement de soi, le mal de notre temps : le vide intérieur. La Croix

“C’est Sempé en version tchèque, sauf que Ferdinand apprécie moyennement la prestation du duo en pâmoison, et encore moins les conseils proposés pour réussir sa propre vie de couple. Il claquera la porte comme il avait claqué le bec du brasseur qui le rêvait en petit rapporteur, et comme Vaclav Havel avait envoyé balader ceux qui voulait le faire rentrer dans le rang quelques années avant la « Révolution de velours » qui allait libérer le pays. Dans ses essais politiques, Vaclav Havel parle longuement du « Pouvoir des sans pouvoir ». Ferdinand, c’est la révolte d’un « Sans pouvoir ».Marianne

“L’excellente mise en scène d’Anne-Marie Lazarini, un œilleton qui s’élargit en cinémascope du pathétique, permet d’accéder, par ces deux courtes pièces à une jubilation réelle. Havel frappe fort. Et nous dérange dans nos nouvelles tyrannies.– Froggy’s Delight

“La mise en scène de Anne -Marie Lazarini, articule avec acuité et cohérence ces deux courtes pièces mises en parallèle, dont les échos universels traversent le temps et l’Histoire, en éclairant leur ironie et leur humour, entre et dérision et absurde, dans un dosage qui restitue la profondeur des propos. Elle s’est entourée de quatre excellents comédiens Cédric Colas (Vanek), Stéphane Fiévet (Sladek), Frédérique Lazzaroni (Véra) et Marc Shapira (Michael) qui portent, chacun dans leur registre, les facettes et accents révélateurs de leur personnage.Web Theatre

 

Le Sourire d'Audrey Hepburn, Clémence Boulouque, Isabelle Carré, Théâtre de l'Oeuvre, Jérôme Kirchner, revue de presse Pianopanier

3 – Isabelle Carré prête sa voix et son corps à une star hollywoodienne sur la scène du Théâtre de l’Œuvre, dans Le Sourire d’Audrey Hepburn :

“Que se cachait-il derrière le sourire d’Audrey Hepburn ? Derrière la vivacité pétillante et gracieuse de l’actrice de Diamants sur canapé et de Vacances romaines ? Un abîme, sous la forme d’un père à la fois absent et très présent, et qui a marqué en creux toute la vie de sa fille. Cette histoire, peu connue, ­Clémence Boulouque l’a racontée dans un livre paru en janvier, Un instant de grâce. Il est aujourd’hui adapté au théâtre, sous un autre titre, Le Sourire d’Audrey Hepburn, et c’est la toujours si fine Isabelle Carré qui endosse l’histoire de l’actrice.” – Le Monde

– T Hélas, le texte, écrit par Clémence Boulouque, est du point de vue théâtral mince comme un fil. On passe un joli moment mais sans faille, sans enjeu dramatique. Le spectacle est un peu vain.” – Télérama Sortir

“Mise en scène par Jérôme Kircher, Isabelle Carré, sans rechercher la ressemblance physique, fait surgir la figure d’Audrey Hepburn, dégage une émotion sensible, laisse imaginer le lent chemin vers la résilience, la reconstruction. Tout en délicatesse, fine et digne, elle est du côté de l’élégance du cœur. Le moment de théâtre vaut davantage pour sa présence que pour le texte, trop lisse. Le Journal du dimanche

“C’est un moment bref, dense, lumineux, qui, par l’art si délicat d’Isabelle Carré nous permet d’approcher ce qu’avait révélé Clémence Boulouque dans son livre. La manière très subtile dont Jérôme Kirchner la dirige -la protège- permet à la comédienne de rendre mille et une nuances sans jamais surligneur. Le blog du Figaro

“La difficulté du monologue et du seul en scène, ajoutée ici à un décor discret, place la comédienne au centre des attentions, tout repose sur sa prise de parole. Isabelle Carré est indéniablement une comédienne talentueuse et touchante. Elle vit intensément cette pièce et nous la vivons avec elle.Le Huffington Post

“Le texte pourrait être plus violent mais il fait ainsi triompher la douceur sur la cruauté. Jérôme Kircher a pris le parti difficile (mais c’est le meilleur) d’un spectacle quasi immobile : la comédienne est sur un fauteuil, se déplace peu, tout est dans l’émotion du personnage. Isabelle Carré est, on le sait, une merveille de sensibilité.Web Théâtre

– “Prisonnière d’une ligne qui laisse peu de place au développement d’un jeu profond, à travers des tergiversations prévisibles donc ennuyeuses, Isabelle Carré tourne en rond dans les escarpins d’Audrey Hepburn.” – SceneWeb

“Face à ce père qui n’est peut-être que fantôme, Isabelle Carré ne joue pas Audrey Hepburn. Elle l’« est ». Debout, assise, sur les genoux, immobile devant une fenêtre, elle ne cherche pas à simuler une quelconque ressemblance physique avec cette dernière. Elle en restitue l’âme, l’essence, tout en demeurant toujours fidèle à elle-même. La Croix

Revue de presse du 14 décembre : Le Cerf et le Chien, La Grenouille avait raison, Tableau d’une exécution

Le Cerf et le Chien © Simon Gosselin © Simon Gosselin, collection de la Comédie-Française

1. La Comédie-Française offre au jeune (et moins jeune) public, avec Le Cerf et le Chien sous la houlette de Véronique Vella, une fable poétique, intelligente et humaniste :

“Une parabole animalière poignante sur les vertus de l’amitié et de la tolérance. Les Comédiens-Français sont tous excellents et la mise en scène de Véronique Vella leur offre le cadre musical d’un adorable cabaret agricole, enjoué, drôle, émouvant et, sous le costume de la fable et des bêtes, profondément intelligent et édifiant ! La Terrasse

“Savoureux à tout âge. La légèreté du décor tournant laisse la place à la nature et à la forêt… La mise en scène repose sur l’ingéniosité, la simplicité, atouts maîtres de la représentation. Les fillettes sont interprétées avec fraîcheur, malice et complicité par Elsa Lepoivre et Véronique Vella… C’est drôle, limpide, revigorant. Une jolie réussite au programme de cette fin d’année. Le Journal du dimanche

“La fraîcheur du “Cerf et le Chien” enchantera les grandes personnes. Comme tout spectacle destiné aux enfants quand il est réussi.” – L’Obs

“Dans un décor de livres de contes, le spectacle rivalise d’humour, de comptines et de swing, pour porter le beau message humaniste et naturaliste de Marcel Aymé. Les comédiens-français sont des animaux fantastiques ! Les Echos

“Un très beau conte, plein d’humanité, de tendresse, de cruauté et de chagrin. La sociétaire réussit à conserver les fondamentaux de son travail, tout en se renouvelant. Les interprètes font des merveilles pour que l’on soit vraiment en totale empathie avec eux et qu’on les reconnaisse. Tout est juste, fin, délié, fraternel. C’est un spectacle pour les enfants, à partir de 7 ans. Mais les parents, les grands parents peuvent les accompagner, ils passeront un moment enchanté… Le Grand Théâtre du monde, Armelle Héliot

“Un plaisir à déguster en famille. Dans une scénographie qui emprunte à la palette naturaliste (Julie Camus) et des costumes subtilement allusifs (Isabelle Benoît), les acteurs, gamins lâchés dans la cour de récré, endossent leurs personnages avec jubilation. En ces temps égoïstes et frileux, ce n’est sans doute pas par hasard que Véronique Vella a choisi de nous raconter une histoire qui parle d’amitié, de solidarité, de l’acceptation de l’autre et à voir de 7 à 77 ans. Webthéâtre

“La mise en scène de Véronique Vella est une petite merveille de délicatesse, de tendresse et de créativité. Le décor est d’une grande poésie. Toute l’équipe est remarquable. Dans la personnification du cerf, du boeuf et du chat, Elliot Jennicot, Stéphane Varupenne et Michel Favori sont, si l’on peut se permettre une telle formule, admirable d’animalité humaine… Culture Tops

La Grenouille avait toujours raison © Richard Haughton © Richard Haughton

2. La grenouille avait raison : la nouvelle création de James Thierrée, imparfaite aux yeux de certains, mais tout le monde est d’accord : quelle fête !

“TT Cette étrange épopée familiale puise ses thèmes dans la littérature fantastique, notamment celui du dédoublement, avec un décor fait de machines improbables. La chevelure rebelle, désormais blanchie, James Thierrée, meneur de troupe généreux et facétieux, offre une belle latitude de jeu à ses partenaires. Télérama Sortir

“James Thierrée installe son univers foisonnant et poétique au Théâtre du Rond-point. Un univers féérique et mélancolique, placé sous la tutelle d’un grand lustre marionnette, dans lequel évoluent James Thierrée et ses camarades, qui conjuguent cirque, danse, musique et chant. La Terrasse

“Il ne joue pas, il danse. Il ne danse pas, il flotte. Il ne flotte pas, il plane… Moins échevelé, mieux maîtrisé, plus joyeux que le précédent, « Tabac rouge ». La scène du Rond-Point est transformée en palais des mirages fantôme. Les images fortes et insolites s’enchaînent… les numéros comiques sont très réussis : corps-à-corps indémêlable, jeux de mains dans un bassin, ballet d’assiettes sauvage… Tout n’est pas parfait dans ce spectacle d’une heure et demie. La « Grenouille » n’a peut-être pas toujours raison : trop de déplacements, d’accessoires, de lumières et de couleurs… Certaines scènes s’étirent à l’envi et les chorégraphies, alors, bégaient. Mais la magie de l’ensemble, la fantaisie et le charisme de James, la virtuosité et l’allant de ses partenaires sont tels qu’on ne va pas barguigner. Terminer l’année théâtrale par un telle fête « batracienne » est un privilège. Les Echos

“Le défaut du spectacle, encore un peu distendu quand on l’a vu, au Printemps des comédiens de Montpellier, est de vouloir trop en dire. Mais ces jeux d’une tribu aux airs d’« enfants perdus » offrent une émotion forte. James Thierrée se prend-il pour Peter Pan ? Facétieux, piquant et cruel à la fois… Télérama

“Las ! Il faut bien confesser la déception ressentie au vu de cette nouvelle création…
On retrouve pourtant, dans cette Grenouille, tout ce qu’on aime dans l’univers foutraque et bohême de James Thierrée… [Mais] le spectateur s’égare un peu…
Le Monde

“Avec “La grenouille avait raison”, son nouveau spectacle au titre aussi énigmatique que les fantasmagories qu’il met en scène et en corps, James Thierrée ensorcelle… Un chef-d’œuvre technique également, car il faut admirer un imbroglio d’acier, de poulies, de liens, ou cet escalier en colimaçon qui part de nulle part et s’élance, sans l’atteindre, vers le ciel… Cette débauche d’accessoires renvoyant à une multitude d’images ensorcelantes ne gêne pas. On se laisse facilement emmener dans ce labyrinthe encombré à la poursuite d’une fratrie mystérieuse enfermée là-dessous pour un crime inconnu. Tout juste manque-t-il un ressort dramaturgique moins ténu pour émouvoir vraiment… Les Trois Coups

Tableau d'une exécution © Simon Gosselin © Simon Gosselin

3 – À retrouver début janvier à L’Odéon-Berthier, Tableau d’une exécution d’Howard Barker, mis en scène par Claudia Stavisky : du théâtre exigeant et passionnant, porté par une belle distribution :

“Avec un sens de la dramaturgie, sans didactisme pesant, Barker illustre la “relation totalement inégalitaire” entre l’Etat et les artistes. Dans sa mise en scène, Claudia Stavisky ne recherche pas l’illustration inutile, elle laisse filtrer le processus de création, l’exécution du tableau, à travers des brossages de cartons à grands traits, des couleurs rouges, et entendre les interrogations de l’artiste, sa détermination et sa capacité de résistance face à la critique, au pouvoir. L’interprétation est forte, notamment celle de Galactia par Christiane Cohendy, impressionnante, formidablement engagée, fougueuse, charnelle et vive… Le Journal du dimanche

“Evitant autant l’écueil d’une illustration pesante que celui d’une abstraction sèche, révélant au contraire toute la finesse et la complexité de ce qui se trame, la mise en scène de Claudia Stavisky se déploie autour de l’exécution de la toile dans un espace évolutif figurant l’atelier de l’artiste. Le travail scénique accorde toute son importance à la matérialité du travail du peintre, à la langue aussi magnifiquement incarnée par les comédiens, langue tranchante, abrupte, et pourtant recherchée, poétique et lyrique. Christiane Cohendy interprète Galactia avec subtilité, fougue et profondeur. De même, ses partenaires forment une équipe au cordeau. La Terrasse

“Le texte, violent, invite le public à s’interroger sur le lien entre l’art et le pouvoir mais aussi sur les atrocités de la guerre. L’objectif de cette pièce d’Howard Barker est d’interroger le monde. En une vingtaine de tableaux, le public est invité à être actif. “Je crois que la subversion la plus vive réside dans la question et non dans la réponse” dit Howard Barker de son œuvre. Au théâtre des Célestins, le public est bel et bien mis à contribution. Avec un texte fort et une mise en scène saluée par la critique, impossible pour les spectateurs de rester passifs et indifférents. CultureBox

“Ce théâtre est difficile. La langue en est puissante, ardue, violente. “Tableau d’une exécution” est ici donnée dans la traduction fidèle, inventive, faite pour le jeu de Jean-Michel Déprats. Christiane Cohendy est magnifiquement entourée. Tout le monde se tient sur la crête étroite du tragique et d’un frémissement burlesque, du passé et du pur présent. Howard Barker est ironique et cruel. Ses personnages sont très difficiles à incarner et ici, chacun, très bien dirigé par Claudia Stavisky, a trouvé un subtil équilibre, une ambivalence qui donne une nervosité angoissante à la pièce. Son, lumière, tout participe de cet opéra emporté, qui demeure pourtant intime, profond, secret, énigmatique. Le Grand Théâtre du monde, Armelle Héliot

“Passionnant. Ce Barker là est aussi drôle que rosse. Aussi roué que sincère. Aussi mordant que précis.
C’est la grande Christiane Cohendy qui interprète Galactia, rôle écrasant qu’elle tient de bout en bout sans faiblir. Pendant environ deux heures, dix comédiens de qualité vont habiter le plateau… Après une exposition un peu lente, sur un plateau un peu vaste, le spectateur rentre lui aussi dans le tableau, s’y perd un peu longtemps, il est vrai, mais se trouve récompensé, in fine, par la richesse du propos, la folle ambition de l’auteur et la forte vision de la metteure en scène. Ce théâtre de la catastrophe est ici un théâtre de la réussite.
Les Lendemains de la générale, Laurence Liban

“Une belle distribution et notamment à Christiane Cohendy qui porte avec brio le rôle d’une femme peintre que son choix de la vérité dans son art oppose au pouvoir en place. La mise en scène est à la hauteur de l’enjeu. Claudia Stavisky va brosser de main de maître un portrait de femme et d’artiste aussi attachant que complexe, aussi puissant que juste.
Cela fait longtemps qu’on attendait de Claudia Stavisky une telle preuve de son talent. Elle nous l’apporte ici, à la fois à travers sa mise en scène et sa direction d’acteurs. Une de ses meilleures réussites, sans doute la plus belle.
Les Trois Coups

Revue de presse, 7 décembre : Pour un oui ou pour un non, La Ronde, The Valley of Astonishment et Une Chambre en Inde

"Pour un oui ou pour un non", Nicolas Briançon, Nicolas Vaude,Roxana Carrara, Nathalie Sarraute, Leonie Simaga, Théâtre de Poche-Montparnasse

1. Léonie Simaga, ex-Sociétaire de la Comédie-Française met en scène Pour un oui ou pour un non au Théâtre de Poche-Montparnasse :

– “Léonie Simaga s’empare de l’œuvre de Nathalie Sarraute avec une virtuosité et un savoir-faire qui laissent pantois.
Dans un décor d’une belle sobriété, murs et blocs servant de sièges tout blancs aux arêtes noires, comme un faire part de deuil, deux hommes vont pendant une heure décortiquer à tour de rôle ce que chacun va dire (…) Nicolas Briançon tout en force tranquille, impassible, regard d’acier, dominateur, imposant respire l’aisance de l’homme à qui tout réussit. Face à lui, Nicolas Vaude, nerveux, agité, nerfs à fleur de peau, quasi hystérique peine à trouver ses mots, à dire ce qu’il a sur le cœur.Reg’Arts

“Sur la petite scène du Poche-Montparnasse, les voix portent et tous les gestes se voient. L’effet du texte est ainsi décuplé. Dans un décor blanc stylisé, Léonie Simaga a réglé une chorégraphie au cordeau. Les deux Nicolas s’emploient à donner chair et âme aux mots, sans verser dans la psychologie. Par leur forte présence, ils donnent du poids au verbe et au silence, habitent chaque point de suspension. Les Echos

– A l’origine radiophonique, le duo imaginé par Nathalie Sarraute en 1981 est assassin, voire cannibale. Encore faut-il l’interpréter avec finesse sans accuser le trait ; encore faut-il le mettre en scène en évitant les clichés des amis snobs et bobos des beaux quartiers… Ce n’est pas le cas, hélas. Télérama Sortir

“La direction d’acteurs conduit Nicolas Vaude, excellent acteur par ailleurs, à sur-jouer constamment son personnage tandis que Nicolas Briançon travaille la distance. Il n’est pas du tout certain que l’option de l’incarnation soit la bonne piste. Le texte impose de prendre en compte ses respirations particulières liées à la ponctuation, ses béances dans les phrases, ses lacunes. Jouer la situation oblitère le véritable enjeu de la pièce.WebTheatre

“Léonie Simaga, avec le décor et les lumières de Massimo Troncanetti n’a pas raté la marche. Convainquant Nicolas Vaude et Nicolas Briançon, avec la participation de Roxana Carrara, de maintenir l’équilibre difficile, comme sur un filin, entre trop et pas assez de retenue… L’Humanité

” Deux talents menés de main de maître par Léonie Simaga, hissant ce texte qui laisse tant de liberté au metteur en scène en un sommet de drôlerie – quand d’autres l’ont fait si pesant. On se pose la question telle une évidence : comment sont-ils restés proches si longtemps avec tant de choses à se reprocher ? Probablement pour offrir ce spectacle à un public ravi.– SceneWeb

 

La Ronde, Arthur Schnitzler, Anne Kessler, Théâtre du Vieux-Colombier, Comédie-Française,

2. Au Vieux-Colombier, la mise en scène d’Anne Kessler de La Ronde (adaptation Guy Zilberstein) semble ne pas faire l’unanimité :

“Coincés dans un système qui réduit les enjeux sociaux, politiques, existentiels de la pièce à une expérience de laboratoire, les onze Comédiens-Français présents sur le plateau semblent dans une impasse. Ils ne trouvent pas le chemin de profondeur qui traverse La Ronde. Une profondeur entre lumière et obscurité, brutalité et apesanteur. La marche de l’humain auxquels ils participent nous laisse indifférents. La Terrasse

“La version de Guy Zilberstein transpose les personnages de Schnitzler dans le Berlin des années 60 et introduit un rôle supplémentaire, celui d’un jeune plasticien à la recherche de ses parents biologiques. Le procédé, regrettable, alourdit la représentation et casse le rythme. L’artifice ne trouve pas sa place. Sur une tournette, le décor change, d’une rencontre à l’autre, et la valse viennoise tourne à la valse triste. Le JDD

“La metteuse en scène a préféré la comédie-ballet grinçante à la danse macabre. On gagne en rire jaune ce qu’on perd en poésie noire. A la fin, les accolades échangées entre l’artiste (Louis Arène) et ses dix géniteurs putatifs parviennent presque à nous émouvoir. Las, il est trop tard pour rentrer vraiment dans cette « Ronde » malencontreusement revue et corrigée. Les Echos

“Guy Zilberstein, auteur de la version scénique, met la pièce en abyme. Il imagine un plasticien orphelin faisant jouer l’œuvre par des acteurs qu’il observe pour savoir qui pourraient être ses parents. Non seulement ce dispositif alourdit la pièce, mais peut-être même qu’il en déplace le réel intérêt. Télérama Sortir

“Durant cinq semaines, Libération a suivi les répétitions de la pièce d’Arthur Schnitzler par la troupe de la Comédie-Française, dans une mise en scène d’Anne Kessler. Passage en revue de quelques duos d’acteurs qui composent ce carrousel d’amants éphémères. Libération

“Les rencontres sont à la fois touchantes de sensibilité et émouvantes de gravité, via le face à face entre des personnages porteurs de leur propre singularité et magnifiquement interprétés (Au Français, il est vrai, ce n’est pas une nouveauté). Les situations sont cocasses et les dialogues pimentés, parfois drôles ou absurdes, toujours porteurs d’une humanité complexe, en raison des hommes et des femmes qui se croisent, d’origine si diverses.Marianne

“Incarnant chacun magistralement des archétypes pourtant très  réduits, les comédiens du Français parviennent magistralement à nous enjoindre à nous identifier. Même si la couche critique et sociale inspirée par Fassbinder et la deuxième école de Francfort est toujours là, le miracle et la délicatesse de cette Ronde est que la théorie ne tue ni l’émotion, ni la catharsis. Une version fidèle et bien emmenée d’une œuvre magistrale.ToutelaCulture

 

The Valley of Astonishment, Peter Brook, Marie-Hélène Estienne, Théâtre des Bouffes du Nord, Marcello Magni

3. Reprise du passionnant exercice théâtral de Peter Brook aux Bouffes du Nord, The Valley of Astonishment :

“Aux côtés de son complice Marcello Magni, Kathryn Hunter fait preuve, comme il y a deux ans, d’une présence scénique prodigieuse. Tout, chez la comédienne, suscite, plus qu’un simple intérêt, une attention de chaque instant. Sa voix, aux accents éraillés. Son visage, son regard, d’une sensibilité aiguë. Son corps enfin, qui impose une démarche insolite, tant terrienne qu’aérienne, une façon éminemment personnelle d’occuper l’espace. A l’instar de la représentation à laquelle elle prend part, Kathryn Hunter semble se contenter d’être. La Terrasse

“Cas de synesthésie, association de plusieurs sens, ou de proprioception sont décrits, appréhendés sans recours à aucun jargon scientifique, juste par le jeu des comédiens, tour à tour patients et médecins. Le travail de Peter Brook et Marie-Hélène Estienne s’appuie sur les recherches de neurologues et de médecins et sur la rencontre avec des patients. Il devient une matière théâtrale subtile et profonde, qui place l’esprit humain, la science et la poésie au cœur de la scène. – Le JDD

T – Pourquoi bouderait-on son plaisir puisque la représentation fonctionne à merveille, vive et brève, au rythme des percussions de Toshi Tsuchitori ? Et nous fait réfléchir avec humour et intelligence au poids des dif­férences, à la misère d’être autre, autrement.” – Télérama Sortir

“De ces personnages qui ne pourraient être que des phénomènes aux dons à la limite du handicap, Peter Brook et Marie-Hélène Estienne font, au contraire, des hommes semblables à tous les autres. L’humain est derrière toute expérience humaine. Une mémoire absolue ou le bruit d’une goutte de pluie ont autant d’importance dans le grand théâtre de la vie. On comprend pourquoi un tel spectacle vise et atteint le cœur autant que l’esprit. Froggy’s delight

“Le public des Bouffes du Nord est aussi gentiment mis à contribution pour les scènes se déroulant au music-hall. Peter Brook et Marie-Hélène Estienne – qui cosignent le spectacle – n’ont pas oublié les recettes qui ont fait le succès de l’Homme qui. Et ils ont toujours un talent unique pour raconter simplement une histoire, en alternant rire et émotion. Mais ils auraient pu se rappeler qu’un conte vaut aussi par la qualité du texte qui l’inspire et la densité poétique qu’il génère.– Libération

 

Une chambre en Inde, Ariane Mnouchkine, Théâtre de Soleil, Cartoucherie de Vincenne - revue de presse Pianopanier

4. Dans Une Chambre en Inde, Ariane Mnouchkine et sa troupe du Théâtre du Soleil se moquent de l’Islam, comme Molière l’aurait fait, sur le mode de la comédie :

TT Si, à 78 ans, la menteuse en scène Ariane Mnouchkine a emmené pendant plusieurs semaines sa troupe du Soleil au sud de l’Inde, à la découverte d’une tradition théâtrale tamoule populaire, c’est pour regarder d’ailleurs, du plus loin possible, les failles secouant notre démocratie depuis les attentats de 2015 et 2016 (…) Un bel acte de foi en l’art du théâtre et sa valeur universelle. Télérama Sortir

“Ariane Mnouchkine et les siens n’ont peur de rien. Ici, on arrive même à faire rire de Daech et de ses tournages de propagande. On fustige les émirs d’Arabie saoudite et d’autres puissants avides de pouvoir et d’argent. On défend les femmes. Les enfants. On dénonce, en Inde, ceux qui ne pensent qu’argent. On voit surgir une vache aux yeux mélancoliques et deux singes irrésistibles. On nomme les dictateurs, on cite, en une scène finale stricte et impressionnante, Le Dictateur de Charlie Chaplin. On rit. On n’arrête pas de rire. Et c’est là qu’est la plus grande force, le plus grand courage du Soleil. Rions, rions. Déstabilisons le mal.Le Figaro

– “Il est rare de voir un spectacle aussi ample, dans une chambre. Et qui brasse l’entièreté de la planète, alors même qu’Ariane Mnouchkine se cache à peine derrière son personnage de Cornelia, mais aussi de Constantin Lear, le grand absent qui est parti, comme elle le fit après les attentats. Et cependant, il s’agit de l’autobiographie de tout le monde, comme aurait dit Gertrude Stein.” – Libération

– “Un temps prévu en deux soirées, ce spectacle a été resserré, et si il subsiste encore quelques petits étirements temporels pour certaines séquences, ils n’enlèvent rien à la plénitude d’une représentation théâtrale superbe à bien des égards, en prise directe avec la réalité de notre temps. Avec une grande exigence artistique, dans un esprit noble du théâtre populaire et citoyen qui caractérise le Théâtre du Soleil depuis de longues années. Qu’il en soit remercié.” – WebTheatre

“Le plateau, métamorphosé en chambre-usine à rêves, chatoie sous les lumières qui fusent des persiennes et bruisse des mille sons d’une ville indienne. Les beaux chants et musiques orchestrés par Jean-Jacques Lemêtre ensorcellent. Les images oniriques (singes bondissants, vache sacrée, danses rituelles) font tourner la tête. Les mouvements d’ensemble étonnamment fluides (une quarantaine de comédiens virtuoses évoluent sur scène) et l’utilisation de l’espace, savamment maîtrisée, achèvent d’emballer le public.Les Echos

– “Lorsque Cordélia s’endort, ses rêves prennent vie dans la chambre. Dans ces moments de théâtre dans le théâtre, Mnouchkine convoque Shakespeare, Tchekhov, Gandhi, le Mahabharata, Charlie Chaplin… Autant d’hommes et d’œuvres qui ont puisé leur universalité dans la rue, auprès du peuple.” – Un fauteuil pour l’orchestre

– “C’est un spectacle plein de surprises que livrent la troupe et sa « cheffe ». La première est de taille : Une chambre en Inde s’offre comme une comédie, un spectacle de quatre heures joyeux et drôle, même s’il se collette avec les maux de notre monde. La deuxième surprise, subséquente, c’est qu’Ariane Mnouchkine s’y met en scène, pour la première fois, de manière à peine déguisée.” – Le Monde

– “C’est le monde entier que le Théâtre du Soleil convoque, et ce sont des figures actuelles qu’il interroge, qu’il vilipende, et qu’il ridiculise, car contre la peur que génère la folie du monde, contre la haine brutale qui transforme les hommes en assassins, la troupe du Soleil a choisi le rire. Un rire accusateur et décapant.” La Terrasse

– “Entre l’ordinateur ou Skype ne cesse de clignoter avec les nouvelles du monde, son lit où éreintée elle tente de s’assoupir, alors que les rêves l’assaillent, Cornelia, double magnifique d’Ariane Mnouchkine, tente d’émerger, échevelée, ridicule, mais toujours vivante et sensible au monde. Et c’est ce qui est prodigieux dans cette création ou les scènes les plus quotidiennes viennent percuter le fantastique le plus onirique.” – ArtistikRezo

– “On savoure avec bonheur ce grand spectacle populaire qui réunit plus d’une trentaine d’artistes sur scène (ce qui devient rarissime de nos jours) et témoigne une fois de plus de l’extraordinaire vitalité de la troupe du Théâtre du Soleil, Ariane Mnouchkine en tête, applaudie chaudement par un public debout, qui célèbre le théâtre dressé fièrement face à la barbarie en un magnifique hommage plein d’espoir.” – Froggy’sDelight

– ” Avec le rire pour surmonter les peurs et pour dénoncer la haine, le spectacle fait mouche. On passera sur les quelques petites longueurs dans la deuxième partie (notamment la 4ème scène du Theru koothu qui paraît interminable) pour se concentrer sur l’essentiel, la matière théâtrale en prise avec l’époque. Ariane Mnouchkine utilise même la vidéo!” –SceneWeb

– “Pour parler de la peur que ce monde engendre, nous avons choisi le comique comme une sorte d’antibiotique. Nous voulons rire de nous-mêmes, rire de nos échecs et rire de nos peurs, ce qui ne veut pas dire en nier la légitimité.” – Arianne Mnouchkine pour La Terrasse