1. Léonie Simaga, ex-Sociétaire de la Comédie-Française met en scène Pour un oui ou pour un non au Théâtre de Poche-Montparnasse :
– “Léonie Simaga s’empare de l’œuvre de Nathalie Sarraute avec une virtuosité et un savoir-faire qui laissent pantois.
Dans un décor d’une belle sobriété, murs et blocs servant de sièges tout blancs aux arêtes noires, comme un faire part de deuil, deux hommes vont pendant une heure décortiquer à tour de rôle ce que chacun va dire (…) Nicolas Briançon tout en force tranquille, impassible, regard d’acier, dominateur, imposant respire l’aisance de l’homme à qui tout réussit. Face à lui, Nicolas Vaude, nerveux, agité, nerfs à fleur de peau, quasi hystérique peine à trouver ses mots, à dire ce qu’il a sur le cœur.” – Reg’Arts
– “Sur la petite scène du Poche-Montparnasse, les voix portent et tous les gestes se voient. L’effet du texte est ainsi décuplé. Dans un décor blanc stylisé, Léonie Simaga a réglé une chorégraphie au cordeau. Les deux Nicolas s’emploient à donner chair et âme aux mots, sans verser dans la psychologie. Par leur forte présence, ils donnent du poids au verbe et au silence, habitent chaque point de suspension.” – Les Echos
– “T – A l’origine radiophonique, le duo imaginé par Nathalie Sarraute en 1981 est assassin, voire cannibale. Encore faut-il l’interpréter avec finesse sans accuser le trait ; encore faut-il le mettre en scène en évitant les clichés des amis snobs et bobos des beaux quartiers… Ce n’est pas le cas, hélas.” – Télérama Sortir
– “La direction d’acteurs conduit Nicolas Vaude, excellent acteur par ailleurs, à sur-jouer constamment son personnage tandis que Nicolas Briançon travaille la distance. Il n’est pas du tout certain que l’option de l’incarnation soit la bonne piste. Le texte impose de prendre en compte ses respirations particulières liées à la ponctuation, ses béances dans les phrases, ses lacunes. Jouer la situation oblitère le véritable enjeu de la pièce.” – WebTheatre
– “Léonie Simaga, avec le décor et les lumières de Massimo Troncanetti n’a pas raté la marche. Convainquant Nicolas Vaude et Nicolas Briançon, avec la participation de Roxana Carrara, de maintenir l’équilibre difficile, comme sur un filin, entre trop et pas assez de retenue…” – L’Humanité
– ” Deux talents menés de main de maître par Léonie Simaga, hissant ce texte qui laisse tant de liberté au metteur en scène en un sommet de drôlerie – quand d’autres l’ont fait si pesant. On se pose la question telle une évidence : comment sont-ils restés proches si longtemps avec tant de choses à se reprocher ? Probablement pour offrir ce spectacle à un public ravi.” – SceneWeb
2. Au Vieux-Colombier, la mise en scène d’Anne Kessler de La Ronde (adaptation Guy Zilberstein) semble ne pas faire l’unanimité :
– “Coincés dans un système qui réduit les enjeux sociaux, politiques, existentiels de la pièce à une expérience de laboratoire, les onze Comédiens-Français présents sur le plateau semblent dans une impasse. Ils ne trouvent pas le chemin de profondeur qui traverse La Ronde. Une profondeur entre lumière et obscurité, brutalité et apesanteur. La marche de l’humain auxquels ils participent nous laisse indifférents.” – La Terrasse
– “La version de Guy Zilberstein transpose les personnages de Schnitzler dans le Berlin des années 60 et introduit un rôle supplémentaire, celui d’un jeune plasticien à la recherche de ses parents biologiques. Le procédé, regrettable, alourdit la représentation et casse le rythme. L’artifice ne trouve pas sa place. Sur une tournette, le décor change, d’une rencontre à l’autre, et la valse viennoise tourne à la valse triste.” – Le JDD
– “La metteuse en scène a préféré la comédie-ballet grinçante à la danse macabre. On gagne en rire jaune ce qu’on perd en poésie noire. A la fin, les accolades échangées entre l’artiste (Louis Arène) et ses dix géniteurs putatifs parviennent presque à nous émouvoir. Las, il est trop tard pour rentrer vraiment dans cette « Ronde » malencontreusement revue et corrigée.” – Les Echos
– “Guy Zilberstein, auteur de la version scénique, met la pièce en abyme. Il imagine un plasticien orphelin faisant jouer l’œuvre par des acteurs qu’il observe pour savoir qui pourraient être ses parents. Non seulement ce dispositif alourdit la pièce, mais peut-être même qu’il en déplace le réel intérêt.” – Télérama Sortir
– “Durant cinq semaines, Libération a suivi les répétitions de la pièce d’Arthur Schnitzler par la troupe de la Comédie-Française, dans une mise en scène d’Anne Kessler. Passage en revue de quelques duos d’acteurs qui composent ce carrousel d’amants éphémères.” – Libération
– “Les rencontres sont à la fois touchantes de sensibilité et émouvantes de gravité, via le face à face entre des personnages porteurs de leur propre singularité et magnifiquement interprétés (Au Français, il est vrai, ce n’est pas une nouveauté). Les situations sont cocasses et les dialogues pimentés, parfois drôles ou absurdes, toujours porteurs d’une humanité complexe, en raison des hommes et des femmes qui se croisent, d’origine si diverses.” – Marianne
– “Incarnant chacun magistralement des archétypes pourtant très réduits, les comédiens du Français parviennent magistralement à nous enjoindre à nous identifier. Même si la couche critique et sociale inspirée par Fassbinder et la deuxième école de Francfort est toujours là, le miracle et la délicatesse de cette Ronde est que la théorie ne tue ni l’émotion, ni la catharsis. Une version fidèle et bien emmenée d’une œuvre magistrale.” – ToutelaCulture
3. Reprise du passionnant exercice théâtral de Peter Brook aux Bouffes du Nord, The Valley of Astonishment :
– “Aux côtés de son complice Marcello Magni, Kathryn Hunter fait preuve, comme il y a deux ans, d’une présence scénique prodigieuse. Tout, chez la comédienne, suscite, plus qu’un simple intérêt, une attention de chaque instant. Sa voix, aux accents éraillés. Son visage, son regard, d’une sensibilité aiguë. Son corps enfin, qui impose une démarche insolite, tant terrienne qu’aérienne, une façon éminemment personnelle d’occuper l’espace. A l’instar de la représentation à laquelle elle prend part, Kathryn Hunter semble se contenter d’être.” – La Terrasse
– “Cas de synesthésie, association de plusieurs sens, ou de proprioception sont décrits, appréhendés sans recours à aucun jargon scientifique, juste par le jeu des comédiens, tour à tour patients et médecins. Le travail de Peter Brook et Marie-Hélène Estienne s’appuie sur les recherches de neurologues et de médecins et sur la rencontre avec des patients. Il devient une matière théâtrale subtile et profonde, qui place l’esprit humain, la science et la poésie au cœur de la scène. ” – Le JDD
– T – Pourquoi bouderait-on son plaisir puisque la représentation fonctionne à merveille, vive et brève, au rythme des percussions de Toshi Tsuchitori ? Et nous fait réfléchir avec humour et intelligence au poids des différences, à la misère d’être autre, autrement.” – Télérama Sortir
– “De ces personnages qui ne pourraient être que des phénomènes aux dons à la limite du handicap, Peter Brook et Marie-Hélène Estienne font, au contraire, des hommes semblables à tous les autres. L’humain est derrière toute expérience humaine. Une mémoire absolue ou le bruit d’une goutte de pluie ont autant d’importance dans le grand théâtre de la vie. On comprend pourquoi un tel spectacle vise et atteint le cœur autant que l’esprit.” – Froggy’s delight
– “Le public des Bouffes du Nord est aussi gentiment mis à contribution pour les scènes se déroulant au music-hall. Peter Brook et Marie-Hélène Estienne – qui cosignent le spectacle – n’ont pas oublié les recettes qui ont fait le succès de l’Homme qui. Et ils ont toujours un talent unique pour raconter simplement une histoire, en alternant rire et émotion. Mais ils auraient pu se rappeler qu’un conte vaut aussi par la qualité du texte qui l’inspire et la densité poétique qu’il génère.” – Libération
4. Dans Une Chambre en Inde, Ariane Mnouchkine et sa troupe du Théâtre du Soleil se moquent de l’Islam, comme Molière l’aurait fait, sur le mode de la comédie :
– “TT– Si, à 78 ans, la menteuse en scène Ariane Mnouchkine a emmené pendant plusieurs semaines sa troupe du Soleil au sud de l’Inde, à la découverte d’une tradition théâtrale tamoule populaire, c’est pour regarder d’ailleurs, du plus loin possible, les failles secouant notre démocratie depuis les attentats de 2015 et 2016 (…) Un bel acte de foi en l’art du théâtre et sa valeur universelle.” – Télérama Sortir
– “Ariane Mnouchkine et les siens n’ont peur de rien. Ici, on arrive même à faire rire de Daech et de ses tournages de propagande. On fustige les émirs d’Arabie saoudite et d’autres puissants avides de pouvoir et d’argent. On défend les femmes. Les enfants. On dénonce, en Inde, ceux qui ne pensent qu’argent. On voit surgir une vache aux yeux mélancoliques et deux singes irrésistibles. On nomme les dictateurs, on cite, en une scène finale stricte et impressionnante, Le Dictateur de Charlie Chaplin. On rit. On n’arrête pas de rire. Et c’est là qu’est la plus grande force, le plus grand courage du Soleil. Rions, rions. Déstabilisons le mal.” – Le Figaro
– “Il est rare de voir un spectacle aussi ample, dans une chambre. Et qui brasse l’entièreté de la planète, alors même qu’Ariane Mnouchkine se cache à peine derrière son personnage de Cornelia, mais aussi de Constantin Lear, le grand absent qui est parti, comme elle le fit après les attentats. Et cependant, il s’agit de l’autobiographie de tout le monde, comme aurait dit Gertrude Stein.” – Libération
– “Un temps prévu en deux soirées, ce spectacle a été resserré, et si il subsiste encore quelques petits étirements temporels pour certaines séquences, ils n’enlèvent rien à la plénitude d’une représentation théâtrale superbe à bien des égards, en prise directe avec la réalité de notre temps. Avec une grande exigence artistique, dans un esprit noble du théâtre populaire et citoyen qui caractérise le Théâtre du Soleil depuis de longues années. Qu’il en soit remercié.” – WebTheatre
– “Le plateau, métamorphosé en chambre-usine à rêves, chatoie sous les lumières qui fusent des persiennes et bruisse des mille sons d’une ville indienne. Les beaux chants et musiques orchestrés par Jean-Jacques Lemêtre ensorcellent. Les images oniriques (singes bondissants, vache sacrée, danses rituelles) font tourner la tête. Les mouvements d’ensemble étonnamment fluides (une quarantaine de comédiens virtuoses évoluent sur scène) et l’utilisation de l’espace, savamment maîtrisée, achèvent d’emballer le public.” – Les Echos
– “Lorsque Cordélia s’endort, ses rêves prennent vie dans la chambre. Dans ces moments de théâtre dans le théâtre, Mnouchkine convoque Shakespeare, Tchekhov, Gandhi, le Mahabharata, Charlie Chaplin… Autant d’hommes et d’œuvres qui ont puisé leur universalité dans la rue, auprès du peuple.” – Un fauteuil pour l’orchestre
– “C’est un spectacle plein de surprises que livrent la troupe et sa « cheffe ». La première est de taille : Une chambre en Inde s’offre comme une comédie, un spectacle de quatre heures joyeux et drôle, même s’il se collette avec les maux de notre monde. La deuxième surprise, subséquente, c’est qu’Ariane Mnouchkine s’y met en scène, pour la première fois, de manière à peine déguisée.” – Le Monde
– “C’est le monde entier que le Théâtre du Soleil convoque, et ce sont des figures actuelles qu’il interroge, qu’il vilipende, et qu’il ridiculise, car contre la peur que génère la folie du monde, contre la haine brutale qui transforme les hommes en assassins, la troupe du Soleil a choisi le rire. Un rire accusateur et décapant.” – La Terrasse
– “Entre l’ordinateur ou Skype ne cesse de clignoter avec les nouvelles du monde, son lit où éreintée elle tente de s’assoupir, alors que les rêves l’assaillent, Cornelia, double magnifique d’Ariane Mnouchkine, tente d’émerger, échevelée, ridicule, mais toujours vivante et sensible au monde. Et c’est ce qui est prodigieux dans cette création ou les scènes les plus quotidiennes viennent percuter le fantastique le plus onirique.” – ArtistikRezo
– “On savoure avec bonheur ce grand spectacle populaire qui réunit plus d’une trentaine d’artistes sur scène (ce qui devient rarissime de nos jours) et témoigne une fois de plus de l’extraordinaire vitalité de la troupe du Théâtre du Soleil, Ariane Mnouchkine en tête, applaudie chaudement par un public debout, qui célèbre le théâtre dressé fièrement face à la barbarie en un magnifique hommage plein d’espoir.” – Froggy’sDelight
– ” Avec le rire pour surmonter les peurs et pour dénoncer la haine, le spectacle fait mouche. On passera sur les quelques petites longueurs dans la deuxième partie (notamment la 4ème scène du Theru koothu qui paraît interminable) pour se concentrer sur l’essentiel, la matière théâtrale en prise avec l’époque. Ariane Mnouchkine utilise même la vidéo!” –SceneWeb
– “Pour parler de la peur que ce monde engendre, nous avons choisi le comique comme une sorte d’antibiotique. Nous voulons rire de nous-mêmes, rire de nos échecs et rire de nos peurs, ce qui ne veut pas dire en nier la légitimité.” – Arianne Mnouchkine pour La Terrasse