Les éponymes sœurs Dalton sont bien décidées à ne pas être que « les sœurs de leurs frères ».
Nettement plus barjottes que leurs renommés frangins, Eva, Lilia et Leona – dite Tornada – sont aussi nettement plus honnêtes, sans doute sérieusement plus courageuses, et, est-ce possible, sacrément plus fûtées.
Citoyennes de cette « bonne vieille ville calme de Toucalm City », elles se retrouvent chargées de convoyer la fortune que lègue à la ville le défunt James Poker Winner jusqu’à la banque, sise dans cette « satanée vieille ville dangereuse de Dangerous City ». La coquette somme devra servir à de grands et nobles projets : construire des écoles, des crèches, des orphelinats, des infrastructures routières, des bacs à fleurs (ad libitum, les bonnes causes ne manquent pas)… Autant vous dire que le trajet ne sera pas de tout repos (sinon n’importe quel autre Toucalmien aurait pu s’en charger). Tout ce que la région compte de malfrats et de benêts se met en travers de leur périple, et leur allié Luc Lechanceux, shérif aussi brave que borné, est presque aussi préjudiciable que leurs ennemis.
Rien ne manque : banjo, portes de saloon qui claquent, shérif à chapeau de shérif, bastons, fusillades et courses poursuite, farouches Indiens, chevauchées à travers les plaines, évasion de prison et french cancan en froufrous…
Les six interprètes ont une énergie folle, et la comédie est menée tambour battant.
Les dialogues fusent, croustillants à souhait, parsemés de référence qu’apprécieront les adultes – sans pour autant égarer les enfants. Les jolis décors « vintage » sont astucieux, manipulés à vue au fur et à mesure de l’histoire, pour transformer les lieux en un tour de main. Les costumes savamment patinés sont tout aussi réussis.
Les plus petits se régalent tout particulièrement des jeux de bruitages, équivalents hilarants des ZimBoumPifPaf Tacaclop Tacaclop Pan Pan Aaargh des bulles de BD. Un joueur de banjo-ménestrel pas loin d’être aussi horripilant qu’Assurancetourix distille des apartés loufoques et hilarants. Second et premier degrés rivalisent pour réjouir l’assemblée.
Les Nomadesques, compagnie qui a déjà mitonné quelques spectacles qui sont devenus des incontournables du Jeune public (tel « Le loup est revenu » à l’affiche depuis 10 ans sans faiblir !), ont composé là un spectacle familial malin, enlevé, joyeux, bien produit, et qui, ce qui ne gâte rien, se laisse savourer aussi bien par les adultes que les enfants avec un plaisir contagieux. Un futur classique ?
LES SŒURS DALTON
Au Buffon, du 5 au 26 juillet à 16h30
Texte Karine Tabet
Mise en scène Vincent Caire
Lumières Valentin Tosani
Costumes Magalie Castellan
Avec Aurélie Babled, Claire Couture, Karine Tabet, Gael Colin, Cédric Mièle, Cyprien Pertzing
Conseillé à partir de 7-8 ans
http://pianopanier.com/wp-content/uploads/2024/01/les-soeurs-dalton-bandeau-e1706549579807.png6931682Marie-Hélène Guérinhttp://pianopanier.com/wp-content/uploads/2023/10/pianopanier.gifMarie-Hélène Guérin2025-07-08 17:36:072025-07-08 17:36:07Les Sœurs Dalton : la nouvelle création des Nomadesques, un western cartoonesque branché sur 10000 volts !
Avec un gros parallélépipède plein de trappes et de caches, trois fantastiques comédiennes, une justesse d’observation ravageuse et une vivacité d’écriture de chaque instant, David Lescot, dont on avait beaucoup aimé la Revue rouge en 2017, concocte un régal de spectacle « jeunesse ».
Je suis trop vert fait suite à J’ai trop peur et J’ai trop d’amis, que le Théâtre de la Ville a la bonne idée de reprendre pour ceux qui veulent faire plus ample connaissance avec le jeune héros, « moi », 10 ans et des poussières. Dans J’ai trop peur, il affrontait le grand passage de l’école élémentaire au collège (et « la première année au collège, c’est tout simplement horrible ! Tout le monde le sait ! »), puis découvrait dans J’ai trop d’amis la complexité des relations sociales.
On est en novembre, « moi », le jeune héros de la trilogie, se sent bien dans sa classe. Grande nouvelle pour lui et ses camarades : la 6e D va partir en classe verte, après les vacances de Noël, au cœur de la Bretagne. Des semaines à ne penser plus qu’à ça !
Des cailloux se mettent dans le soulier du projet, qui démarre un peu boiteux : sur les vingt-neuf familles de la 6e D, trois ne souscrivent pas, et, déception-frustration-j’suis trop vert ! il ne faut pas plus de deux désaffections sinon, annulation ! Merci l’amitié et la solidarité, obstacles pécuniaires ou hypocondriaques sont balayés et les mômes se retrouvent enfin dans le car scolaire pour LA CLASSE VERTE !
Le jeu des chaises musicales pour les places dans le car, la sensation du réveil un peu vaseux après une nuit de route, la symphonie des bruits de la ferme – tracteur, broyeur à grain, chiens, coups de marteau, vaches, poules… – bruités en direct, pour le plus grand plaisir de l’auditoire -, les cours en pyjama, les matériaux réels manipulés par les comédiennes – feuilles mortes, terre, grains de maïs… : on s’y voit, on y est !
Dans le texte comme dans la mise en scène, le spectacle fourmille de ces mille détails « bien vus » qui titillent l’imagination des petits ou les souvenirs des grands.
La classe est accueillie par les deux ados de la ferme, Cameron et Valérie. L’occasion pour les élèves et les petits spectateurs citadins de découvrir à quoi ressemble une journée de travail à la ferme, aérer la terre, préparer l’engrais, nourrir les animaux, finir la journée bien crotté et bien crevé !, manger les légumes qu’on récolte, – voir d’un peu plus près le lien entre la nature et les humain.e.s qui l’utilisent et en dépendent.
Avec Valérie, 13 ans, qui prône d’un air bourru une agroécologie douce et respectueuse, « moi » met les mains dans la terre, et la tête dans un autre monde, fait d’autres rythmes, d’autres façons de vivre, d’autres légendes.
« Les parents t’ont appris plein de trucs, mais ça, ça va être toi qui va leur apprendre »
dit « moi », à sa petite sœur, militante écolo de 3 ans
David Lescot a eu l’idée très futée de faire porter le message de l’éco-responsabilité contemporaine à la petite sœur du narrateur. Mini-activiste radicale de 3 ans, restée à la maison avec papa-maman, elle jette ses jouets en plastique, éteint les lumières et, toute zozotante et zézayante, elle somme la famille de remplacer le chauffage par des paires de chaussettes et des pulls pour sauver les pitits pinguins et les zou’s blancs. Manière de faire un peu de pédagogie avec beaucoup d’humour !
La petite sœur ce jour-là était interprétée par Lyn Thibault, qui jouait aussi d’autres personnages. Sur scène avec elle Camille Bernon portait aussi plusieurs rôles, tandis que Sarah Brannens restait « moi ». Mais ça aurait pu être l’une ou l’autre ou leurs acolytes Elise Marie, Lia Khizioua-Ibanez et Marion Verstraeten : comme dans les volets précédents, elles échangent leurs rôles au gré des représentations. Il y a fort à parier que toutes les combinaisons soient également réjouissantes ! Elles ont toutes beaucoup de précision dans le dessin des différents protagonistes qu’elles interprètent, et une belle énergie, fraîche, enjouée et communicative.
« Nous on sent qu’on a changé, mais les autres ont pas bougé,
alors y a un décalage »
« moi »
À voir avec des enfants dès 7-8 ans : la mise en scène astucieuse, le décor à malice, les dialogues vifs et imagés, le jeu punchy des interprètes les embarqueront allègrement dans ce voyage initiatique. Un spectacle tonifiant, plein de vie et de gourmandise, qui aborde joyeusement et sans naïveté aussi bien l’esprit de groupe que les moments qui font grandir ou les questions liées à l’environnement, pour des gamins des villes et des champs d’aujourd’hui.
À VOIR EN TOURNÉE
du 2 au 17 novembre au Théâtre de la Ville – Paris / les 9-10 et 16 novembre : L’Intégrale
19 et 20 novembre au Théâtre+Cinéma – Scène nationale de Narbonne
21 novembre à Narbonne / programmation du Crédit Agricole
22 novembre à Lattes / programmation du Crédit Agricole
26 novembre à Nîmes / programmation du Crédit Agricole
28 novembre à Mende / programmation du Crédit Agricole
du 9 au 18 décembre au TNG – Centre Dramatique de Lyon
du 13 au 15 janvier au Théâtre de l’Olivier – Istres / Scènes et cinés
du 30 janvier au 1er février au Théâtre des Sablons – Neuilly
les 27 et 28 février à la MCL – Gauchy
les 12 et 13 mars au Théâtre André Malraux – Reuil-Malmaison
du 13 au 16 avril à Les Petits devant, les grands derrière – Poitiers
les 28 et 29 avril au Théâtre du Champ du Roy – Guingamp
Production Compagnie du Kaïros. Coproduction Théâtre de la Ville-Paris.
La Compagnie du Kaïros est soutenue par le ministèrede la Culture – DRAC Île-de-France.
Le texte de la pièce est édité aux Solitaires Intempestifs, collection jeunesse,
avec les illustrations d’Anne Simon. Parution : octobre 2024
http://pianopanier.com/wp-content/uploads/2024/11/JE-SUIS-TROP-VERT_DAVID-LESCOT_c_-CHRISTOPHE-RAYNAUD-DE-LAGE-2-e1730930324491.jpg10742080Marie-Hélène Guérinhttp://pianopanier.com/wp-content/uploads/2023/10/pianopanier.gifMarie-Hélène Guérin2025-06-13 17:09:052025-06-13 17:09:05Je suis trop vert : la classe !
Peter Pan, Peter comme tous les petits garçons de sa génération, Pan comme le dieu Pan, paradoxal dieu de la fertilité qui donne son nom à l’enfant éternel, à celui qui ne féconde que des rêves et qui empêche de grandir ; Peter Pan, pas adulte, pas enfant non plus, figé entre les deux – figé, ce qui est l’inverse de l’état d’enfance. Peter Pan, né des jeux des enfants Llewelyn Davies sous l’œil attentif et attendri de James Matthew Barrie (il deviendra leur tuteur à la mort de leurs parents), support infini d’imaginaire, petit diablotin si familier qu’il a donné son nom à un trouble psychologique…
La compagnie Théâtre Amer en offre un tableau somptueux, d’une esthétique gothique sophistiquée, tout en soignant des dialogues dont l’humour et la vivacité ravissent petits et grands.
Ça gronde et ça fumerolle sur le plateau du Théâtre Paris-Villette, du rouge tranche sur le noir de la scène. C’est Sir James Matthew Barrie en personne, maquillage expressionniste et robe de chambre soyeuse, qui ouvre la porte du Never land.
Il y a de la magie, de l’enfance, et de la sauvagerie dans ce Peter Pan.
Car Peter Pan n’est pas une histoire gentillette : le dieu Pan est un sacré sacripant, Peter a l’égoïsme d’un chiot mal sevré, Clochette a le cœur à double tranchant. Le Capitaine Crochet est un être cultivé, poétique et plein de fureur. Les Enfants perdus sont sans pitié. L’amour d’une mère est infini, Wendy et ses frères savent que leur mère laissera toujours la fenêtre ouverte pour qu’ils puissent rentrer. Mais Peter Pan sait que non, lui était revenu, il n’avait pas voulu rentrer, c’était trop tôt. Et quand il est revenu à nouveau, la fenêtre était fermée, sa mère était penchée vers un autre berceau. Alors maintenant, c’est trop tard. « Rentrer ? Pour quoi faire ? devenir un adulte ? non merci ! »
Car oui, qu’est-ce que ne pas être Peter Pan, qu’est-ce que quitter le pays des Enfants perdus ? Quitter le rêve ? Apprendre que l’amour d’une mère se partage, ne pas pouvoir assouvir sa voracité absolue, perdre sa place de tyran bien-aimé ? Sortir de la roue éternelle de la répétition, retrouver le cours du temps qui s’écoule…
Peter Pan, c’est la matrice des jeux éternels, le foyer vivifiant de l’imagination, c’est « la jeunesse et la joie », mais c’est aussi l’avidité, la tyrannie, un dévoreur d’âme, celui qui évince sans hésiter de son royaume les enfants qui grandissent. Absolu de l’enfance et interdiction d’en sortir. Liberté et prison.
Mathieu Coblentz fait de Peter Pan un conte féroce et fiévreux, dont un humour gamin désamorce la cruauté, secouant par surprise enfants et adultes de grands éclats de rire. De la dualité de Peter Pan, il fait logique et matière de jeu, où obscurité et fantaisie se télescopent sans cesse.
La scénographie très stylisée joue des arts de la scène, des artifices assumés. On y trouve des élégances et des exacerbations de théâtre nô, du faste baroque, une utilisation de la mécanique du théâtre et un dépouillement très contemporains. La robe de velours carmin de Wendy semble un rideau de scène, des guindes tombées des cintres seront les barreaux de la cage où le capitaine enfermera les enfants sur son navire. Les cordages dessinent aussi bien des haubans de vaisseau qu’un chapiteau de cirque, dont le capitaine Crochet en frac, canne et chapeau serait un Maître Loyal gothique.
Les interprètes sont fantastiques. Mi-timburtoniens mi-clowns, ils jouent la comédie, chantent, dansent, se métamorphosent avec un sens du théâtral et du rythme impeccables.
Du théâtre d’ombre, quelques pas de danse, du sérieux et du potache, du clavecin et des guitares électriques, des madrigaux et du rock. Des fumigènes et une balançoire. Des pluies de bulles ou d’étoiles, des figurines volantes se découpant en ombres chinoises, une fée Clochette qui virevolte au-dessus du public dans un crépitement d’ailes, tout fait sens et poésie dans ce spectacle flamboyant, admirablement maîtrisé, baroque et punk, ténébreux, merveilleux et émerveillant.
Le Capitaine Crochet quittera son manteau de pirate pour redevenir Sir James Matthew Barrie et conclura, en un retour à la douceur tout en délicatesse, par un bel hommage à la fois au Capitaine Crochet, du Neverland l’adulte, le mal-aimé, et à l’enfant, celui qui invente et imagine, celui qui peut être la fée, le crocodile, Peter Pan et même le Capitaine Crochet.
À voir à partir de 8 ans (validé par mon accompagnant-référent, 8 ans)
Production : Théâtre Amer
Coproduction : Théâtre National Populaire, Villeurbanne ; L’Archipel, Pôle d’action culturelle de la ville de Fouesnant/Scène de territoire pour le Théâtre de Fouesnant-les Glénan ; Centre culturel Athéna, Auray ; Maison du Théâtre, Brest ; Centre culturel de Fougères agglomération ; Théâtre du Champ au Roy, Guingamp ; Théâtre du Pays de Morlaix-Scène de territoire pour le théâtre ; Les Bords de Scènes-Grand-Orly Seine Bièvre ; Théâtre de Cornouaille, scène nationale de Quimper ; Très tôt Théâtre, scène conventionnée jeunes publics, Quimper ; Le Canal, scène conventionnée d’intérêt national art et création pour le théâtre, Redon ; La Paillette-Rennes.
Aides et soutiens : DRAC Bretagne, Région Bretagne, Conseil départemental du Finistère et Théâtre Paris-Villette.
Le texte intégral de Peter and Wendy, traduit de l’anglais par Yvette Métral, est disponible en Librio.iant
http://pianopanier.com/wp-content/uploads/2025/04/peter_pan-13-c-bouky.webp13681368Redaction PianoPanierhttp://pianopanier.com/wp-content/uploads/2023/10/pianopanier.gifRedaction PianoPanier2025-04-21 16:25:212025-04-23 17:01:15Un somptueux Peter Pan, par la compagnie Théâtre Amer
Deux pas vers les étoiles : un titre poétique et une affiche rêveuse nous prennent par la main pour nous emmener vers un fantastique spectacle jeunesse délicat et intelligent, plein de tendresse et de rire, profond comme une question d’enfant et léger comme un sourire.
Junior et Cornelia, dix ans, encore des petits, au bord de se sentir des grands, vont faire ensemble deux pas vers les étoiles.
« Mais toi aussi
t’es bizarre »
Ils sont persuadés qu’ils ne sont pas amis, vu qu’ils n’ont pas d’amis.
Deux mômes un peu singuliers « – Toi tu fais toujours tout comme il faut – Et toi tu es toujours dans la lune », qui vont, le temps d’une esquisse de fugue, se découvrir l’un l’autre et soi-même, et grandir un peu.
Junior, c’est celui qui fait « tout comme il faut ». Premier de la classe. Jamais pris en défaut. Surtout qu’il rêve de devenir astronaute, et que « pour être astronaute, il faut être parfait, c’est tout ». Et surtout que, pour ne pas décevoir son héros de papa, il faut être parfait, c’est tout…
Mais Junior vient de rater un examen de math. Pas moyen d’annoncer ça à l’exigeant paternel, plutôt en profiter pour réaliser tout de suite son rêve, et rallier Houston, USA, depuis sa province canadienne, pour intégrer la NASA. Un sac à dos avec des provisions, des papiers d’identité au nom de son père pour être officiellement majeur, une lampe torche, un guide touristique des USA… et bientôt une complice imprévue, la fûtée Cornélia, qui ne compte pas laisser son camarade fuguer tout seul.
Cornélia, c’est celle qui « est toujours dans la lune », la pas carrée, la pas mignonne, la pas-tout-comme-il-faut, la pas-complètement-là, celle qu’on ne voit pas quand elle lève la main en classe.
« – Sur la lune, les mers sont des déserts de poussière
Mais pourquoi on continue à les appeler comme ça ? demande Cornélia
– Parce que souvent on rêve avant de savoir. »
Lui rêve d’être astronaute « pour aller dans des endroits tout neufs, où tout est possible », elle rêve d’être « belle pour être vue, pour être aimée ; pour exister tout le temps ».
En partageant leurs secrets, en remontant par les mots et la confiance accordée à l’autre à la source de leurs rêves, ils vont trouver le chemin vers un lieu où tout est possible, où l’on existe tout le temps, un lieu qui est pile à l’intersection entre l’acceptation de soi et l’affection de l’autre, un lieu qui rend plus fort quand on y a trouvé sa place, et qu’on peut emporter partout, où qu’on soit.
Dans une scénographie, tout en simplicité, modeste et maline, où les protagonistes dessinent au feutre blanc à même le sol la géométrie de leurs discussions ou pérégrinations – marelle, lignes et cercles, rails de train, Manon Lheureux et Quentin Ballif incarnent avec justesse et précision ces deux gamins, évoquant avec fraîcheur l’enfance sans jamais la surjouer. La mise en scène de David Antoniotti, joueuse, tout en mouvement, offre une partition très visuelle dont on se régale ; petits et grands s’amusent de bon cœur des péripéties de la mini-fugue, et on apprécie tout autant les parenthèses plus intimes, chorégraphiques (signées Sarah Locar) ou oniriques.
Jean-Rock Gaudreault, auteur québécois, a donné une langue très vivante à Junior et Cornelia, une langue vraie et juste, rythmique et rapide comme la pensée des deux petits héros. La poésie qui l’enrichit et la fait décoller du quotidien l’aère et la densifie.
C’est un bien joli chemin initiatique et aventurier qu’auront suivi Junior et Cornelia, une invitation à rêver, car rêver fait exister les rêves et donne la force de faire.
« Le théâtre comme déclencheur d’humanité », professe la compagnie du Crépuscule, qui produit ce spectacle. Le théâtre comme déclencheur d’humanité, et le rêve comme déclencheur de vie !
Et si la fugue n’a (peut-être) pas conduit jusqu’à Houston, Junior et Cornélia ont fait leur mue, l’un quittant son habit de « tout comme il faut » l’autre sa cape d’invisibilité, ils ont marché sur des sentiers nouveaux, ont défriché leurs possibles et fait deux pas vers les étoiles… et nous avec. Un spectacle bref (moins d’une heure, parfait pour le jeune public) mais un grand voyage ! on y rit, on s’y émeut, on en ressort avec le cœur souriant.
http://pianopanier.com/wp-content/uploads/2025/04/deuxpasverslesetoiles_4896_Judith_Policar-e1744931229636.jpg11232348Redaction PianoPanierhttp://pianopanier.com/wp-content/uploads/2023/10/pianopanier.gifRedaction PianoPanier2025-04-17 22:47:102025-04-17 23:26:26Deux pas vers les étoiles : ode au rêve !
Au Théâtre Dunois, on découvrait ces derniers jours la nouvelle création de Naéma Boudoumi, dont on avait aimé la précédente Solitude des mues. Tournée vers les plus jeunes spectateur.ices, mais belle et bonne à voir à tout âge, Grinioteçocette offre une bien délicate et joyeuse réflexion sur l’altérité, sur la possibilité d’une porosité entre les êtres, entre les mondes, sur la beauté de l’échange.
À retrouver en tournée ! Dates en bas d’article.
Matelas gris, vêtements gris, meubles gris, bonhomme gris dedans et gris dehors. Par la fenêtre, il fait gris, il pleut il mouille, c’est pas la fête à la chaussette…
Chez Grangry, oui, tout est gris, tout est carré, les angles sont tout droits, les chaussettes sont noires ou blanches, bien rangées par paire, on n’est pas là pour rigoler. Grangry préfère les bruits de la ville aux rires des enfants, et fermer la fenêtre plutôt que regarder dehors.
Manipulée avec précision et sourire par Elie Baissat ou Victor Calcine (en alternance), marionnette à main quasi ventriloque, une de ses chaussettes, désabusée, lessivée par une longue vie de d’ennui et d’essorages à 1200 tours/minutes nous confie son amertume et ses rêves d’évasion…
Mais que se passe-t-il, un tremblement du cœur, un coup de vent malicieux s’engouffre dans le quotidien de Grangry. Des petites boules de couleur bondissent dans la chambre de Grangry pour une bataille rangée, ou plutôt dérangée, entre socquettes pastel et chaussettes en noir et blanc. Du bleu ! Du rose ! Du orangé ! Grangry se réfugie sous son matelas, glisse un regard circonspect à l’extérieur de sa cache… et ce petit coup d’œil en douce ouvre la porte à deux nouveaux venus qui vont s’immiscer dans son triste train-train, deux drôles de personnages ronds et roses qui apportent le dehors et le pas-pareil dans sa maison.
Grinioteçocette est un rigolard bébé-boule grignoteur de gris, Maison-Maman une mère-grand moelleuse et organique aux jupes briochées. Le marionnettiste – délesté de sa chaussette dépressive – garde une bizarrerie très élégante dans la dodue marionnette-costume de Maison-Maman.
Sarah Topalian, qui avait créé déjà pour La Solitude des mues de magnifiques et mystérieuses créatures textiles, offre à Grinioteçocette et Maison-Maman des corps couleur de chairs et de pivoines aux formes viscérales, accueillantes dans leur étrangeté et leur familiarité.
Grangry se frotte au courbe, s’imprègne du tendre, se noie dans le rose et le beige, s’assouplit. Une plume glissée entre deux doigts de pied il se fait léger et doux comme une tourterelle, danse comme si l’air le portait, comme si les chants du vent et de la mer qui entrent enfin par sa fenêtre lui aéraient le cœur et l’âme.
Enfants et adultes, amusés et épatés, se régalent des pirouettes, chutes et déséquilibres, rétablissements et rebonds, de Pierre Maël Gourvennec, circassien aérien, virtuose et burlesque.Formé au Centre des Arts du Cirque Balthazar et à l’Académie Fratellini, flegme busterkeatonien, silhouette nette et visage imperturbable, il traduit le cheminement émotionnel de Grangry du désarroi à la surprise, de l’enfermement à la libération, par une danse acrobatique pleine de finesse et d’expressivité.
Naéma Boudoumi s’est entourée de créateurs dont on avait déjà apprécié les talents dans La Solitude des mues : Anna Rodriguez pour la gracieuse chorégraphie, Sarah Topalian pour la scénographie et et les marionnettes particulièrement jouissives, Thomas Barlatier pour l’évocatrice création sonore, tressée de mélodies rappelant dans leur pétillante subtilité René Aubry ou Henry Torgue, Charlotte Gaudelus pour la judicieuse création lumière. Elle a confié à Zoé Laulanie la création des superbes illustrations diffusées au fond de la scène. Les dessins au fusain et à l’encre de Chine faisant place aux pastels, aux crayons, à l’aquarelle, peintures faussement enfantines et vraiment poétiques, sont décor et rêveries, support de narration autant que d’imagination, tout à la fois extérieur et intérieur, vue de la fenêtre et états d’âme.
Ce beau langage sensoriel aux multiples formes – visuel, physique, pictural, sonore… – tout autant que le texte malin et vif embarquent les plus petits dès 2 ans avec subtilité et humour dans la métamorphose de ce Grangry enfin grisé de bonheur.
Le monde de Grangry qui a accueilli la couleur s’en trouve tout enchanté, tout barbouillé de joie, et les spectateurs avec.
Marie-Hélène Guérin
GRINIOTEÇOCETTE
Création 2025 / à partir de 2 ans (durée 35 mn, idéale pour les tout-petits !)
Texte et mise en scène Naéma Boudoumi
Avec Pierre Maël Gourvennec, Elie Baissat ou Victor Calcine (en alternance)
Anna Rodriguez chorégraphie | Zoé Laulanie création image | Sarah Topalian scénographie et marionnette | Thomas Barlatier création son | Charlotte Gaudelus création lumière
PRODUCTION
Une production de la Cie Ginko, en coproduction avec La Faïencerie, Le Quai des Arts, La Cidrerie-Beuzeville, en coréalisation avec le Théâtre Dunois
DATES DE TOURNÉE
Avril 2025 – Creil – Scène Nationale : 5 représentations
Nov/déc 2025 – Ville de Bobigny : 35 représentations dans les écoles maternelles, médiathèque et crèches et au CC Pablo Neruda
Février 2026 – Le Volcan – Scène Nationale du Havre : 10 représentations
Festival Off Avignon 2026
http://pianopanier.com/wp-content/uploads/2025/03/griniotecocette-c-Zoe-Laulanie-2-scaled.jpg14402560Redaction PianoPanierhttp://pianopanier.com/wp-content/uploads/2023/10/pianopanier.gifRedaction PianoPanier2025-03-27 00:00:572025-03-27 00:21:04Grinioteçocette : une ode à la joie, pour les tout-petits (et les grands)
Au Théâtre Paris Villette dont la programmation jeunesse est toujours passionnante, on voit en ce moment une transposition actuelle très réussie de l’histoire de Robin des bois.
Sur tout le fond de scène, un pan de forêt emprisonné derrière des barreaux. Planté devant, un petit panneau nous prévient : « Histoire triste ». Bientôt enlevé par une main énergique. Il n’est pas l’heure de se laisser abattre.
Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz ont installé le jeune Robin et sa sœur Christabelle dans une ville d’aujourd’hui avec des rues des commerces un hôpital vaille-que-vaille des écoles couci-couça une forêt-mais-où-on-n’a-pas-le-droit-d’aller. Les parents s’étaient rencontrés à la fête de la brioche, un jour d’été où l’air était « doux comme un agneau ». Maman travaille à réparer des trucs et des machins, des mobylettes et des grille-pains, des fers à souder et des robots ménagers, et Papa est employé aux espaces verts de la ville. Ils répondent au bucolique nom de Desbois, et lorsqu’il fallut déclarer leur premier enfant, un discret air de rébellion leur souffla à l’oreille le joli prénom de Robin. Puis pour la cadette le poétique Christabelle, ce qui a un certain panache, n’est-ce-pas.
La cité est régie par Guy de Guibourne, bigboss bétonneur, engrangeur de dîmes et gabelles, grand interdiseur de tout : d’aller dans la forêt, d’écouter la chanson fétiche des Desbois « Quand le vent se lève » – de Johnny L’Ecarlate – (qui cousinerait gentiment avec L’Estaca de Lluis Llach ?), de courir en descente, de courir tout court, et de bien trop d’autres choses encore.
Ça ne va pas si mal chez les Desbois. Malgré les factures de tout trop cher on s’aime et on s’amuse, on apprend à tirer à l’arc et on chante en catimini « Quand le vent se lève » de Johnny L’Ecarlate. Ça ne va pas si mal, ça va bien même.
Jusqu’au jour où la rejetonne Guibourne humilie Robin devant tous les copains d’école en lui lançant « pauvre nul de sale pauvre ». Claque morale qui révèle à Robin le concret de la violence de la domination de classe.
Jusqu’au lendemain où le papa Guibourne décide de lancer la ville dans un « projet fédérateur » destiné fort populistement à souder la population autour de la perspective du bonheur que peut apporter un parc de loisirs aquatiques. Avec 22 toboggans. L’hôpital et l’école peuvent bien attendre. Les maisons rasées et les arbres coupés pour faire place n’avaient qu’à pas être là. Pour trouver les fonds, trois dispositions nettes et efficaces, prenons-en de la graine :
– Obligation d’acheter des trucs neufs
– Obligation de jeter les vieux trucs
– Interdiction de réparer les trucs
Le progrès par la dé-décroissance. Et voilà comment la famille Desbois, dont la maman est réparatrice-de-trucs, passe de modeste à si pauvre qu’elle doit voler pour se nourrir. Le salut viendra de la forêt, terre-mère où les enfants trouveront refuge, formant une utopique communauté sylvestre avec d’autres jeunes, qui y cherchaient eux aussi havre, chaleur humaine, saine subsistance et possibilité de s’inventer une vie.
« – Et qui était le chef de votre bande ?
– Pas de chef.
– Comment ça, pas de chef ? Un groupe sans chef, c’est comme un repas sans viande, ça n’existe pas !
– Et comment faisiez-vous pour acheter des trucs ?
– On n’achète pas de trucs.
– Mais comment ! comment est-ce possible ! »
Sept années passent, Christabelle et ses compagnons se font arrêter dans la forêt. S’ouvre alors le second volet de la pièce, un procès qui les voient être accusés d’association de malfaiteurs (autre nom d’une manifestation pacifique), travestissement (autre nom d’un bal masqué), sabotage, vols en bande organisée…
Mais qui sabote quoi, et qui vole qui ? qui se dissimule et qui ment ? qui blesse la collectivité et qui la répare ?
Un malicieux retournement de situation retourne l’axe du procès : et si Robin – ou R.O.B.I.N. – était le nom d’une organisation secrète visant à mieux répartir les richesses ? et si les hors-la-loi n’étaient pas ceux qui sont sur le banc des accusés ?
Clémence Barbier, Paul Moulin et Maïa Sandoz ont concocté une salutaire et tonique adaptation du mythe de Robin des bois. L’écriture est rythmée, souvent poétique, toujours franche et vive. Les quatre interprètes se font enfants, adultes, riches ou pauvres, juges ou accusés, leur souplesse de jeu et une grande limpidité de mise en scène permettent de ne jamais s’égarer entre les protagonistes.
Maïa Sandoz a su créer une belle théâtralité, faite de simplicité et d’onirisme, autour de cette histoire qui, de tristement banale, prend une enthousiasmante ampleur. La scénographie est légère, tout en mouvements, les lumières et la création sonore sont soignées, l’espace est utilisé astucieusement, les accessoires et les costumes ont de l’esprit.
R.O.B.I.N. s’adresse aux enfants avec malice et maturité. Le texte aborde sans métaphore édulcorante mais avec beaucoup de fraîcheur et de frontalité les questions de la justice sociale et de l’impact de la société capitaliste et de consommation sur la nature, et les êtres vivants qui l’habitent, et offre une joyeuse leçon de solidarité et de désobéissance civile.
L’espoir est une Z.A.D. et R.O.B.I.N. la défend avec élan et une joie vivifiante !
A voir en famille à partir de 8 ans.
production Théâtre de L’Argument / coproduction Théâtre des 2 Rives – Charenton-le-Pont, Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, Théâtre de l’Usine de Saint-Céré, Les Célestins – Théâtre Lyon / soutiens Théâtre du Fil de l’Eau – Pantin, région Ile de France, ville de Paris, TNBA / avec la participation du Jeune Théâtre national / Le Théâtre de L’Argument est conventionné par la DRAC Île-de-France et le Conseil départemental du Val-de-Marne
http://pianopanier.com/wp-content/uploads/2025/02/robin_1-maiasandoz.jpg9582000Redaction PianoPanierhttp://pianopanier.com/wp-content/uploads/2023/10/pianopanier.gifRedaction PianoPanier2025-02-16 23:40:522025-02-17 11:34:59R.O.B.I.N. : la justice sociale comme Zone à défendre
Avec un gros parallélépipède plein de trappes et de caches, trois fantastiques comédiennes, une justesse d’observation ravageuse et une vivacité d’écriture de chaque instant, David Lescot, dont on avait beaucoup aimé la Revue rouge en 2017, concocte un régal de spectacle « jeunesse ».
Je suis trop vert fait suite à J’ai trop peur et J’ai trop d’amis, que le Théâtre de la Ville a la bonne idée de reprendre pour ceux qui veulent faire plus ample connaissance avec le jeune héros, « moi », 10 ans et des poussières. Dans J’ai trop peur, il affrontait le grand passage de l’école élémentaire au collège (et « la première année au collège, c’est tout simplement horrible ! Tout le monde le sait ! »), puis découvrait dans J’ai trop d’amis la complexité des relations sociales.
On est en novembre, « moi », le jeune héros de la trilogie, se sent bien dans sa classe. Grande nouvelle pour lui et ses camarades : la 6e D va partir en classe verte, après les vacances de Noël, au cœur de la Bretagne. Des semaines à ne penser plus qu’à ça !
Des cailloux se mettent dans le soulier du projet, qui démarre un peu boiteux : sur les vingt-neuf familles de la 6e D, trois ne souscrivent pas, et, déception-frustration-j’suis trop vert ! il ne faut pas plus de deux désaffections sinon, annulation ! Merci l’amitié et la solidarité, obstacles pécuniaires ou hypocondriaques sont balayés et les mômes se retrouvent enfin dans le car scolaire pour LA CLASSE VERTE !
Le jeu des chaises musicales pour les places dans le car, la sensation du réveil un peu vaseux après une nuit de route, la symphonie des bruits de la ferme – tracteur, broyeur à grain, chiens, coups de marteau, vaches, poules… – bruités en direct, pour le plus grand plaisir de l’auditoire -, les cours en pyjama, les matériaux réels manipulés par les comédiennes – feuilles mortes, terre, grains de maïs… : on s’y voit, on y est !
Dans le texte comme dans la mise en scène, le spectacle fourmille de ces mille détails « bien vus » qui titillent l’imagination des petits ou les souvenirs des grands.
La classe est accueillie par les deux ados de la ferme, Cameron et Valérie. L’occasion pour les élèves et les petits spectateurs citadins de découvrir à quoi ressemble une journée de travail à la ferme, aérer la terre, préparer l’engrais, nourrir les animaux, finir la journée bien crotté et bien crevé !, manger les légumes qu’on récolte, – voir d’un peu plus près le lien entre la nature et les humain.e.s qui l’utilisent et en dépendent.
Avec Valérie, 13 ans, qui prône d’un air bourru une agroécologie douce et respectueuse, « moi » met les mains dans la terre, et la tête dans un autre monde, fait d’autres rythmes, d’autres façons de vivre, d’autres légendes.
« Les parents t’ont appris plein de trucs, mais ça, ça va être toi qui va leur apprendre »
dit « moi », à sa petite sœur, militante écolo de 3 ans
David Lescot a eu l’idée très futée de faire porter le message de l’éco-responsabilité contemporaine à la petite sœur du narrateur. Mini-activiste radicale de 3 ans, restée à la maison avec papa-maman, elle jette ses jouets en plastique, éteint les lumières et, toute zozotante et zézayante, elle somme la famille de remplacer le chauffage par des paires de chaussettes et des pulls pour sauver les pitits pinguins et les zou’s blancs. Manière de faire un peu de pédagogie avec beaucoup d’humour !
La petite sœur ce jour-là était interprétée par Lyn Thibault, qui jouait aussi d’autres personnages. Sur scène avec elle Camille Bernon portait aussi plusieurs rôles, tandis que Sarah Brannens restait « moi ». Mais ça aurait pu être l’une ou l’autre ou leurs acolytes Elise Marie, Lia Khizioua-Ibanez et Marion Verstraeten : comme dans les volets précédents, elles échangent leurs rôles au gré des représentations. Il y a fort à parier que toutes les combinaisons soient également réjouissantes ! Elles ont toutes beaucoup de précision dans le dessin des différents protagonistes qu’elles interprètent, et une belle énergie, fraîche, enjouée et communicative.
« Nous on sent qu’on a changé, mais les autres ont pas bougé,
alors y a un décalage »
« moi »
À voir avec des enfants dès 7-8 ans : la mise en scène astucieuse, le décor à malice, les dialogues vifs et imagés, le jeu punchy des interprètes les embarqueront allègrement dans ce voyage initiatique. Un spectacle tonifiant, plein de vie et de gourmandise, qui aborde joyeusement et sans naïveté aussi bien l’esprit de groupe que les moments qui font grandir ou les questions liées à l’environnement, pour des gamins des villes et des champs d’aujourd’hui.
À VOIR EN TOURNÉE
du 2 au 17 novembre au Théâtre de la Ville – Paris / les 9-10 et 16 novembre : L’Intégrale
19 et 20 novembre au Théâtre+Cinéma – Scène nationale de Narbonne
21 novembre à Narbonne / programmation du Crédit Agricole
22 novembre à Lattes / programmation du Crédit Agricole
26 novembre à Nîmes / programmation du Crédit Agricole
28 novembre à Mende / programmation du Crédit Agricole
du 9 au 18 décembre au TNG – Centre Dramatique de Lyon
du 13 au 15 janvier au Théâtre de l’Olivier – Istres / Scènes et cinés
du 30 janvier au 1er février au Théâtre des Sablons – Neuilly
les 27 et 28 février à la MCL – Gauchy
les 12 et 13 mars au Théâtre André Malraux – Reuil-Malmaison
du 13 au 16 avril à Les Petits devant, les grands derrière – Poitiers
les 28 et 29 avril au Théâtre du Champ du Roy – Guingamp
Production Compagnie du Kaïros. Coproduction Théâtre de la Ville-Paris.
La Compagnie du Kaïros est soutenue par le ministèrede la Culture – DRAC Île-de-France.
Le texte de la pièce est édité aux Solitaires Intempestifs, collection jeunesse,
avec les illustrations d’Anne Simon. Parution : octobre 2024
http://pianopanier.com/wp-content/uploads/2024/11/JE-SUIS-TROP-VERT_DAVID-LESCOT_c_-CHRISTOPHE-RAYNAUD-DE-LAGE-2-e1730930324491.jpg10742080Redaction PianoPanierhttp://pianopanier.com/wp-content/uploads/2023/10/pianopanier.gifRedaction PianoPanier2024-11-06 21:58:012024-11-10 22:48:42Je suis trop vert : la classe !
« « Le Petit Prince est un livre pour enfants écrit à l’intention des grandes personnes. »
Antoine de Saint-Exupéry
La Scala-Paris, pour les fêtes de fin d’années, fait le cadeau aux enfants et aux « grandes personnes » d’une délicieuse adaptation, joliment respectueuse, et très poétique du grand classique d’Antoine de Saint-Exupéry.
On a tous des images du conte initiatique de Saint-Exupéry, qui voit un Petit Prince venu des étoiles faire le récit des aventures qui l’ont mené jusque sur Terre à un aviateur en panne dans le désert.
Tout est là, le petit prince ébouriffé avec son écharpe jaune paille, le dessin du serpent dans le boa, le mouton dans sa boîte, la rose et le renard, la nostalgie, l’amitié, ce que l’on sait voir avec le cœur et ce que la puissance des rêves peut rendre réel.
Sous les yeux émerveillés des enfants (et des grands, qui en profitent pour retrouver des yeux d’enfants), la rose qui peuple le monde du petit prince, puisqu’elle est venue d’ailleurs, parle avec un accent british, et le petit prince s’envole réellement, flottant au milieu des étoiles. L’accompagnant dans sa quête, on bondit de planètes en planètes à la rencontre des adultes insensés à force d’être si sérieux, si occupés à posséder, obéir, exercer le pouvoir, jusqu’aux rencontres déterminantes, les roses, le renard, le serpent, l’aviateur, autant de jalons de ce parcours initiatique à hauteur de cœur pur.
On peut peut-être regretter le jeu un peu extérieur, un peu «dessin animé », de Hoël Le Corre, qui fabrique un ton enfantin à son Petit Prince – sa présence malicieuse et vive et son minois juvénile n’ont pas besoin de cela pour convaincre petits et grands. Il y a une grande mélancolie dans ce conte, la solitude hante ces personnages, mais ces questions existentielles sont traitées avec une tendresse et une esthétique qui les éclairent avec beaucoup de douceur. C’est Philippe Torreton qui prête sa voix au narrateur, avec ce qu’il faut de simplicité, de clarté et de profondeur. La mise en scène de François Ha Van est élégante, rythmée, joueuse, et la scénographie enchante, mêlant la magie numérique à un univers graphique très réussi. Les dessins sont à la fois poétiques et évocateurs, souvent somptueux, tel la magnifique tapisserie du parterre de roses ou les cartes du géographe. L’impeccable création musicale de Guillaume Aufaure électrise la nuit scintillante et les spectateurs, quel que soit leur âge, se laissent charmer, redescendant sur Terre après ce voyage avec le sourire et des étoiles dans les yeux.
PROCHAINES REPRÉSENTATIONS
Du 10 au 31 décembre à 11h ou 14h
Du 13 février au 2 mars, du mardi au samedi à 19h et les dimanches à 15h
Une production : Le Vélo Volé
Avec le soutien duThéâtre de l’Arlequin de Morsang-Sur-Orge et de la Ville de Boulogne-Billancourt
http://pianopanier.com/wp-content/uploads/2023/11/LePetitPrince-c-Thomas-OBrien-04949-2-scaled.jpg25601707Marie-Hélène Guérinhttp://pianopanier.com/wp-content/uploads/2023/10/pianopanier.gifMarie-Hélène Guérin2024-06-26 13:57:562024-06-26 14:00:12À La Scala - Avignon, un délicieux Petit Prince
C’était la dernière à Paris lorsque j’ai assisté à la représentation, alors pas moyen de se précipiter sur le site du Lavoir Moderne Parisien pour réserver une chouette sortie avec vos bambins. Mais à noter dans un coin de sa tête, à voir en tournée ou à l’occasion d’une reprise…
Dans la chaleureuse salle du Lavoir Moderne Parisien, on rajoute des coussins devant le premier rang pour accueillir tous les minots. Pas de vidéo, de tulle ou de châssis : sans fioritures, de plain-pied au centre d’un espace carré, une maison de bois, entre maquette, boîte à surprise et maison de poupée, grande comme un enfant, trône. C’est l’astucieux décor d’un spectacle gai et coloré, qui s’adresse aux petits (à partir de 4 ans) sans les prendre pour des bébés.
Cela fait dix jours qu’Anya, quatre ans et demi, attend que son chat revienne à la maison. Dix jours aussi que les objets se disparaissent un par un : sa lampe girafe, les chemises de papa, et maintenant la photo du chat. Qu’arrive-t-il à tous ces objets familiers ? Jusqu’où ces « désapparitions » vont-elles aller ?
Un peu inquiète mais intrépide, Anya va mener l’enquête. Accompagnée de son doudou Froussard, elle affrontera ses peurs avec fantaisie et courage ! « Divorçation » des parents ? Invasion de sorciers noctambules ? Fantômes dans le grenier ? Ouf, derrière toutes ces inquiétudes et ces mystères, une réponse lumineuse attend Anya, invitation joyeuse à accepter le changement, et à aller vagabonder sur les chemins de la curiosité et de la découverte !
Marie-Camille Le Baccon, toute jeune comédienne passée par l’ESCA d’Asnières, joue Anya avec une fraîcheur et une spontanéité irrésistibles, sans minauderie ni bêtification. Guillaume Riant fait un doudou bonhomme à souhait, et amuse beaucoup aussi dans quelques rôles annexes.
Ce « Chat sur la photo » aborde les anxiétés des enfants sans ambages, mais avec finesse et légèreté, et rappelle pertinemment aux adultes qu’il vaut généralement mieux parler aux enfants plutôt que de laisser leur imagination fertile partir en quête de réponses…
Avec un texte très malicieux, une mise en scène ludique parsemée d’astuces de magie – qui surprennent les plus grands et émerveillent les plus petits – et un incroyable travail sur le son, la Compagnie de Louise a inventé là un bien joli spectacle mi-polar mi-parcours initiatique, fûté, intelligent et drôle.
Voilà de quoi donner envie de suivre le travail de cette compagnie, et la programmation du Lavoir Moderne Parisien !
Production : Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN
Coproduction : La Compagnie de Louise ; Théâtre de la Coupe d’Or – Rochefort
http://pianopanier.com/wp-content/uploads/2024/04/le-chat-sur-la-photo-c-raynaud-de-lage-01.jpg16012400Redaction PianoPanierhttp://pianopanier.com/wp-content/uploads/2023/10/pianopanier.gifRedaction PianoPanier2024-04-22 17:01:072024-04-24 13:47:23Le Chat sur la photo : du théâtre-magie pour minots malins qui n'ont peur de rien
Les éponymes sœurs Dalton sont bien décidées à ne pas être que « les sœurs de leurs frères ».
Nettement plus barjottes que leurs renommés frangins, Eva, Lilia et Leona – dite Tornada – sont aussi nettement plus honnêtes, sans doute sérieusement plus courageuses, et, est-ce possible, sacrément plus fûtées.
Citoyennes de cette « bonne vieille ville calme de Toucalm City », elles se retrouvent chargées de convoyer la fortune que lègue à la ville le défunt James Poker Winner jusqu’à la banque, sise dans cette « satanée vieille ville dangereuse de Dangerous City ». La coquette somme devra servir à de grands et nobles projets : construire des écoles, des crèches, des orphelinats, des infrastructures routières, des bacs à fleurs (ad libitum, les bonnes causes ne manquent pas)… Autant vous dire que le trajet ne sera pas de tout repos (sinon n’importe quel autre Toucalmien aurait pu s’en charger). Tout ce que la région compte de malfrats et de benêts se met en travers de leur périple, et leur allié Luc Lechanceux, shérif aussi brave que borné, est presque aussi préjudiciable que leurs ennemis.
Rien ne manque : banjo, portes de saloon qui claquent, shérif à chapeau de shérif, bastons, fusillades et courses poursuite, farouches Indiens, chevauchées à travers les plaines, évasion de prison et french cancan en froufrous…
Les six interprètes ont une énergie folle, et la comédie est menée tambour battant.
Les dialogues fusent, croustillants à souhait, parsemés de référence qu’apprécieront les adultes – sans pour autant égarer les enfants. Les jolis décors « vintage » sont astucieux, manipulés à vue au fur et à mesure de l’histoire, pour transformer les lieux en un tour de main. Les costumes savamment patinés sont tout aussi réussis.
Les plus petits se régalent tout particulièrement des jeux de bruitages, équivalents hilarants des ZimBoumPifPaf Tacaclop Tacaclop Pan Pan Aaargh des bulles de BD. Un joueur de banjo-ménestrel pas loin d’être aussi horripilant qu’Assurancetourix distille des apartés loufoques et hilarants. Second et premier degrés rivalisent pour réjouir l’assemblée.
Les Nomadesques, compagnie qui a déjà mitonné quelques spectacles qui sont devenus des incontournables du Jeune public (tel « Le loup est revenu » à l’affiche depuis 10 ans sans faiblir !), ont composé là un spectacle familial malin, enlevé, joyeux, bien produit, et qui, ce qui ne gâte rien, se laisse savourer aussi bien par les adultes que les enfants avec un plaisir contagieux. Un futur classique ?
LES SŒURS DALTON
Au théâtre Le Ranelagh
Texte Karine Tabet
Mise en scène Vincent Caire
Lumières Valentin Tosani
Costumes Magalie Castellan
Avec Aurélie Babled, Claire Couture, Karine Tabet, Gael Colin, Cédric Mièle, Cyprien Pertzing
Conseillé à partir de 7-8 ans
http://pianopanier.com/wp-content/uploads/2024/01/les-soeurs-dalton-bandeau-e1706549579807.png6931682Redaction PianoPanierhttp://pianopanier.com/wp-content/uploads/2023/10/pianopanier.gifRedaction PianoPanier2024-01-29 17:34:222024-02-02 15:24:06Les Sœurs Dalton : la nouvelle création des Nomadesques, un western cartoonesque branché sur 10000 volts !