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Rambert aux Bouffes du nord : Perdre son sac, Ranger, aux deux extrémités de la vie d’adulte

Perdre son sac : la force d’un coup de poing rageur contre un mur
À 19h, on peut voir, interprété avec fièvre par Lyna Khoudry (déjà interprète pour Rambert dans Actrice, remarquée notamment pour son beau premier rôle dans Papicha), Perdre son sac, un court monologue, une diatribe lancée à la face du monde, où se jouent la colère contre le père, contre la société des pères – monde ultracapitaliste qui réduit une jeunesse fougueuse à l’esclavage des « bullshit jobs », contre l’abêtissement à portée de télécommande, mais aussi le sentiment amoureux comme arme de la lutte des classes, et la puissance du langage. C’est compact, touffu, on aurait aimé trouver plus de reliefs, de clarté et de complexité dans le texte comme dans le jeu, mais on peut aussi voir dans cette opacité monolithique la force désespérée d’un coup de poing rageur contre un mur.
 

Ranger : leçon d’humanité et de théâtre
Dans l’univers lisse, anonyme et chic d’une chambre d’hôtel de luxe, Jacques Weber (qui fut patriarche dans Architecture pour Rambert) s’empare avec maestria de la magnifique partition qu’il lui a composée.
De la puissance du langage, et du sentiment amoureux, il sera aussi question dans Ranger. De la singularité des êtres, de la façon de se trouver une place dans la société, de l’amour des pères et des mères. Ces récurrences traversent l’œuvre de Rambert, la hantent, y reviennent en discrètes allusions ou grandes lignes de force. Rambert n’apporte pas de réponse, mais confronte inlassablement ses personnages à ses interrogations.

On est à Hong-Kong, de nos jours. Dans une chambre immaculée, le grand écrivain est venu recevoir un Prix couronnant son œuvre, il est seul. Il est très seul, ou plutôt pas du tout : l’ombre de sa femme, morte il y a juste un an, l’accompagne. C’est à elle qu’il s’adresse, ils ont eu 55 ans de compagnonnage, un si long dialogue, ça ne s’interrompt pas comme ça. Mais un an sans elle, maintenant c’est assez.
« Ranger », ce n’est pas ce qui l’occupait durant sa vie, mais désormais, sa bien-aimée partie, il s’y attelle. Mettre de l’ordre dans les papiers, dans les souvenirs.
 


 
Le grand écrivain est fatigué de voir ce monde qu’il a rêvé plus beau, qu’ils ont rêvé de transformer, lui échapper, et ne pas être plus beau, plus en paix. Il est fatigué de ces combats menés en vain, et de l’absence de l’aimée. Ils ont été très amoureux, très complices, très insouciants, ont partagé la littérature, la drogue, les voyages, la politique, l’alcool, « un goût féroce pour la liberté ». Ils ont partagé la jeunesse et la vieillesse. « Deux choses que nous n’aurons pas trompées : notre couple et la littérature ».
Le grand écrivain ce soir a envie, besoin, d’encore une fois, comme autrefois, raconter sa journée à sa femme. Sa journée, et leur vie.
Avec une grande douceur, et une immense drôlerie.

Cachets, whisky, rail de coke, beaucoup de whisky, encore de la drogue… le grand auteur a choisi sa destination et son mode de transports. Mais rien de sordide ou d’amer en cela, Rambert sait alléger le tragique de tendresse et d’humour, et sa mise en scène de velours tient le glauque à distance. La modernité clinique de la chambre se réchauffe de quelque objet chargé de couleur ou d’affection – baroque bouquet de rose, ours en peluche venue de l’enfance de sa femme, bouteille de whisky mordorée, des pénombres enveloppantes rompent la lumière crue, de délicates parenthèses musicales sont subtilement tressées au récit. On écoute avec le grand auteur fatigué, salle et scène plongées dans la même nuit et la même attention, une chanson d’Aznavour ; sur un Stranglers suave et sépulcral, il danse, à nouveau jeune, souple, léger, d’une élégance chaloupée. Instants de grâce dans un spectacle intense.
 


 
Une lettre d’amour sera lue, la première lettre de leur histoire. Était-elle belle ? sans doute. Mais, au fond, c’est des décennies qui ont suivi qu’elle est belle. Voilà un cadeau précieux que de voir cela sur une scène, ce que le temps apporte de beauté à la vie, sachons en gré à Pascal Rambert.
C’est un texte d’une grande maîtrise, aux moirures changeantes, aux ombres fluctuantes, entre folle légèreté et tendre gravité qu’il a inventé pour Jacques Weber. Et de son grand corps qui a vécu, de sa voix au grain de rivière charriant des cailloux, l’acteur déambule dans sa chambre d’hôtel comme dans les mots de Rambert, avec une puissance lente, des gestes denses, une incarnation d’une évidence palpable.

Ranger, c’est un chant d’amour et d’adieu pudique et poignant, une immersion dans une intimité large comme un monde. Jacques Weber a de la retenue et de la générosité, une présence magnétique, la malice qu’il faut pour que le grave reste léger. Une leçon d’humanité et de théâtre.

Marie-Hélène Guérin

 

PERDRE SON SAC
Aux Bouffes du Nord à 19h jusqu’au 18 février
Texte, mise en scène et installation Pascal Rambert
Collaboration artistique Pauline Roussille
Régie générale Alessandra Calabi
Régie lumière Thierry Morin
Répétitrice Hélène Thil
Avec Lyna Khoudri

RANGER
aux Bouffes du Nord à 21h jusqu’au 18 février
Texte, mise en scène Pascal Rambert
Collaboration artistique Pauline Roussille
Création lumières Yves Godin
Costumes Anaïs Romand
Espace Pascal Rambert et Aliénor Durand
Répétiteur José-Antonio Pereira
Avec Jacques Weber

Photos Louise Quignon

3 annonciations, la prophétie selon Pascal Rambert

3 annonciations est un spectacle rescapé de la période de pandémie que les théâtres ont particulièrement subi. Créé au TNB en 2020, il retrouve désormais un public dans les murs de Chaillot. Au sortir de ces temps étranges dont nous vivons encore les conséquences, il est étonnant de découvrir cette forme et d’entendre ce texte prophétique. Miroir parlant et lumineux sur notre époque et les réflexions qui occupent aujourd’hui l’espace public, intime et politique. Les mots jaillissent comme des éclats de vérité, une prise de conscience des enjeux essentiels qui se posent lorsque l’humanité se trouve à la croisée des chemins et des ruptures irrémédiables.
Pascal Rambert nous donne à écouter trois figures féminines puissantes qui portent une parole dense, exaltée, mystérieuse et chargée de symboles. Cette trilogie puise dans le thème de l’Annonciation faite à la Vierge Marie pour questionner notre modernité, notre modèle de civilisation et notre société.
 

 
Trois monologues se succèdent. Italien, espagnol et français. Trois langues méditerranéennes, latines, plongeant aux sources de notre culture occidentale, de notre imaginaire et de nos récits fondateurs. Trois musicalités qui se répondent en écho dans cette grande fresque peignant à grands traits la trajectoire d’un monde suspendu au bord du gouffre.
Les comédiennes incarnent chacune une figure annonciatrice, détentrice d’un discours qu’elles délivrent, comme des apparitions au cœur d’un dispositif scénique qui happe les spectateurs. Plongés dans une obscurité totale et dans un état d’écoute intense, libérés de toute distraction visuelle, leurs voix enveloppantes nous guident. Elles sont notre unique point de repère. Puis, dans une douce lumière, comme le premier matin du monde, apparaît une première figure. L’Ange. L’image est forte, inspirée des représentations de l’Annonciation de la Renaissance italienne. Ancrée dans le sol, déployant un jeu d’une rare intensité, dans une économie de mouvements chorégraphiés avec précision, c’est une statue qui prend vie sous nos yeux et qui, d’un geste de la main et par le verbe, donne naissance au monde entier, neuf, vierge. Elle nous confie une responsabilité.

Chacun des récits s’imprègne de la langue de l’interprète, convoque un imaginaire et développe une réflexion sur notre humanité et notre rapport au monde. Comme souvent avec Pascal Rambert, la parole est au centre, elle se répand jusqu’à occuper tout l’espace. L’avalanche des mots, le débit et la présence des comédiennes sur le plateau projettent à la face des spectateurs un message puissant, intriguant et poétique. Le dramaturge puise dans un registre collectif, celui des paraboles bibliques, des œuvres du Quattrocento, des vierges noires portées en cortège en Andalousie au cours de la semaine Sainte, des fictions d’anticipation et des théâtres d’apocalypse.
 

 
Silvia Costa apparaît en ange-guerrier, allégorie de l’Amazone conquérante. Son monologue est le plus énigmatique, le plus dense. Au-delà du sens littéral ou d’une recherche de rationalité, il provoque un trouble des sensations, un sentiment d’abandon, de lavement comme une nouvelle virginité.
L’apparition d’Itsaso Arana est un choc. Son immobilité, son enracinement tel un colosse, image tout à la fois christique et apocalyptique, déclame une parole hypnotisante, dure, violente et percutante. Le discours se fait plus contemporain, abordant une dimension politique. Les bras grand ouverts, elle embrasse le monde.
Enfin, Audrey Bonnet, fidèle collaboratrice et inépuisable source d’inspiration de Pascal Rambert, entre en scène. Tout en douceur. En apesanteur. La langue française comme un souffle, une brise légère, un poème. L’Ange se transforme en figure maternelle. Dans sa combinaison de cosmonaute, elle revient pour nous conter l’avenir, un lendemain sans espoir, détruit. Le monde a disparu mais nos récits perdurent. Nous nous y accrochons comme une ultime bouée de sauvetage.

Trois figures, trois langues et trois temporalités. La naissance, le temps présent et notre futur. Nous sommes les destinataires de ces annonciations contemporaines, poétiques et métaphysiques. Annonciations comme des lettres de mission.

Alban Wal de Tarlé

 

3 ANNONCIATIONS
Vu au théâtre de Chaillot
Guettez la reprise ou les dates de tournée !
Texte et mise en scène Pascal Rambert
avec Audrey Bonnet (FR), Silvia Costa (IT), Barbara Lennie, en alternance avec Itsaso Arana (ES)
espace Pascal Rambert et Yves Godin | lumière Yves Godin | costumes Anaïs Romand | musique Alexandre Meyer | collaboration artistique Pauline Roussille
photos © Marc Domage

Deux amis : Rambert, Berling, Nordey, des hommes et leurs amours

En fond de scène du vaste plateau vide du Rond-Point, tout un bric-à-brac de réserve de théâtre, tables – de bois, carton, plastique, tabourets et chaises, racks orange supportant câbles, casques de moto, « gamelles », bidons, seaux, plots…
C’est un beau cadeau, déjà, cette image, c’est beau de voir une cage de scène à nu, et sa peau de peinture noire éraflée, comme un bœuf écorché, tuyauterie et abattis à vue – rails d’accroche, numéros des cintres peints sur une traverse, échelles, armoires électriques…

Et c’est ça, le sujet, d’une certaine manière : le théâtre, nu, et les deux hommes, en costumes de ville, qui vont y vivre, 1h30 durant.

Pascal Rambert, qu’on suit depuis des années, dont on a aimé Actrice, Argument, Sœurs, etc, a écrit Deux amis pour Stanislas Nordey et Charles Berling, puisant dans leur complicité commune (ils ont tous deux déjà joué des textes de Rambert) et dans leur singularité la matière de leurs personnages.
Deux amis, si « amis » signifie « amants amoureux partenaires de création », signifie « des décennies de passion partagée ». Parce qu’ici on parlera de théâtre et d’amour, les deux grandes affaires de Pascal Rambert.

« Deux chaises, une table et un bâton »

Stan et Charles veulent re-monter les 4 Molières de Vitez. Comme Vitez qui l’avait monté en 1978, en imaginant comme Molière avait pu le monter : avec une table, deux chaises et un bâton.
« Molière fait tout avec 1 table, 2 chaises et 1 bâton, Vitez l’a refait, ça me semble pas insurmontable qu’on refasse pareil. […] On a une table en plastique, on dit que c’est une table en bois, et tout le monde y croit. Là, je suis au théâtre, là, je fais mon métier », proclame Stan.
On se dispute, on cherche, on tâtonne, on scénographie, on construit, on déconstruit, on épilogue, on work-in-progress, la langue est très orale, spontanée, incisive et extrêmement drôle. Rambert qui a le goût du tragique a aussi un humour alerte.

Cet air de naturel, cet air de vie comme s’inventant devant nous, se rompt à quelques reprises, pour des adresses au public d’une simplicité et d’une théâtralité folles, en ces longs monologues hypnotiques caractéristiques de l’écriture de Rambert.
L’un figé dans son temps intérieur, l’autre s’immisçant dans cet interstice de l’action (« Dans les textes de théâtre, il est parfois noté « un temps », et je me glisse dans ce temps », dit Stan), cette fraction de seconde entre deux respirations, pour déployer son regard sur son compagnon, et nous embarquer dans un voyage dans les eaux profondes de leurs amours.
Dans ces moments suspendus, ils parlent des silences de l’autre, et de théâtre, toujours. De son labeur, de sa machinerie et de sa magie – qui sont une seule et même chose, de ses aspérités, de ses frustrations, et de sa nécessité.

Deux scènes « jouées » offrent des mises en abyme des plus jubilatoires :
Lors de la première, Charles suggère d’intégrer à leur montage de Molière un extrait de Ma Nuit chez Maud (Rohmer, 1969), dans lequel jouait Vitez et apparaissait la mère de Stan. La lumière baisse sur le public, pour isoler un temps le plateau : texte en main, attablés, Charles va jouer Trintigant, dans le rôle de Jean-Louis, et Stan va jouer Vitez, dans le rôle de Vidal. Poupées russes, un acteur qui joue un personnage qui joue un acteur qui joue un personnage… Délicieux moment de jeu dans le jeu ! On y sent tout à la fois l’amusement et la tendresse de l’auteur pour ce cinéma pour le moins… daté…
Ensuite, une mise en situation de la scène entre Orgon et Elmire (dans Tartuffe), virant à la déclaration d’amour pantalons aux genoux, pudiquement indécente. C’est touchant de crudité banale.

« En fait seulement la peau »

Puis cinq petits mots sur un écran de portable, lus par mégarde : « En fait seulement la peau ».
En fait ? seulement ? la peau ? ta peau ?
La scène de jalousie va bientôt se gonfler, s’envenimer, devient une action en elle-même : Rambert, qui croit au pouvoir des mots, active la fonction performative du langage, où ainsi le danger naît parce qu’on l’énonce. Charles va gorger chaque mot de venin et en noyer Stan. C’est Le Début de l’A (dont on retrouve la diagonale tranchante, coupant le plateau en deux comme l’histoire est coupée en deux) et La Clôture de l’amour (deux remarquables « Rambert » des années 2005-2010) compactés en un quart d’heure, les chairs et les esprits complices et aimant tournant à l’aigre pour une sonnerie et cinq mots sibyllins – cinq petits mots anodins, dont le curieux agencement fait cinq petites bombes, qui semblent prêtes à fragmenter les décennies et l’amour.

Mais la pièce opère un nouveau revirement, on zigzaguait de réalisme en absurde, de comédie en théorie, pour finalement prendre un tournant brutal vers quelque chose de plus ténébreux. Deux hommes gorgés de sève, d’envie et de vie nous accueillaient, deux hommes pathétiques, dérisoires et poignants nous quittent. Il y a de la beauté dans la flamboyance comme dans le déclin. Il faut du métier, du cran et du coeur pour se dévoiler autant.
Pour porter cette pièce-puzzle, tonique et exigeante, dont il faut accepter parfois l’inconfort (mais le confort n’est pas toujours une vertu), Stanislas Nordey et Charles Berling, d’une belle plasticité, se prêtent à tous les registres avec le même engagement, la même justesse. Ces deux grands comédiens, mobiles, joueurs, sont impeccables de bout en bout, denses, présents et d’une immense générosité.
Un délectable et bouillonnant hommage à la puissance des sentiments, des mots et du théâtre.

Marie-Hélène Guérin

 

DEUX AMIS
Au Théâtre du Rond-Point jusqu’au 3 décembre 2022
Texte et mise en scène Pascal Rambert
Avec Charles Berling, Stanislas Nordey
Lumières Yves Godin | Costumes Anaïs Romand
Le décor du spectacle est composé d’appareils électroménagers provenant du réseau associatif Envie, spécialisé dans l’insertion et la réparation d’équipements électriques et électroniques depuis 1984.
Production : Structure Production, Coproduction Châteauvallon – Liberté – Scène Nationale, TNS – Théâtre National de Strasbourg, Théâtre des Bouffes du Nord
Texte publié aux éditions Les Solitaires intempestifs.
Photos Giovanni Cittadini Cesi

Daniel_Jeanneteau_portrait

Interview de Daniel Jeanneteau

Interview de Daniel Jeanneteau, metteur en scène et scénographe – 8 avril 2016
Au sujet de son spectacle La Ménagerie de verre à l’affiche du Théâtre de la Colline jusqu’au 28 avril 2016, puis en tournée

« On pourrait dire que ma vie a commencé par une rencontre sur un quai de l’Ill à Strasbourg… »

Actuellement à l’affiche du Théâtre de la Colline avec sa dernière création, La Ménagerie de verre, Daniel Jeanneteau n’en est certes pas à son coup d’essai. Il se souvient avoir eu un déclic en croisant sur un quai de Strasbourg Axel Bogousslavsky qu’il avait admiré dans le film « Les Enfants » de Marguerite Duras. Ayant osé l’aborder, il devint son ami, lequel ami lui présenta Claude Régy – sa vie en tant que scénographe venait de débuter, et pas avec n’importe qui…

Metteur en scène de ses propres spectacles depuis 2001, il n’en poursuit pas moins ses collaborations à la scénographie. La rencontre avec les univers des autres (Pascal Rambert, Jean-François Sivadier, Alain Ollivier, Jean-Baptiste Sastre…) continue de le nourrir. Son matériau c’est le rêve, et s’il dit modestement que « tout le monde est capable d’avoir des visions », il est sans conteste plus doué que la moyenne…

Autre casquette depuis 2008 : il dirige le Studio-Théâtre de Vitry, un lieu assez unique, favorable au travail et à la concentration. Son objectif est d’y accueillir, encourager et soutenir des compagnies plus ou moins jeunes. « Il ne s’agit pas réellement d’un théâtre mais d’un lieu de création, point de départ d’aventures qui se propagent ailleurs ». Une sorte d’interface, de chaînon manquant entre les artistes et le réseau national. Il pourrait s’enorgueillir de piloter ce type de lieux aujourd’hui particulièrement pertinents dans le paysage culturel français.

Mais s’enorgueillir de quoique ce soit ne semble pas faire partie de l’ADN de Daniel Jeanneteau…

 

Marie-Sophie Ferdane_portrait

Interview de Marie-Sophie Ferdane

Interview de Marie-Sophie Ferdane, comédienne 
A l’affiche de la nouvelle création de Pascal Rambert, Argument à découvrir jusqu’au 13 février 2016 au Théâtre de Gennevilliers – Lire l’article en ligne

 

Il est rare qu’un auteur de théâtre écrive pour des comédiens… Pascal Rambert l’a fait pour Marie-Sophie Ferdane et Laurent Poitrenaux. Rencontre avec la belle Annabelle.

Pascal Rambert qui leur a offert ce merveilleux cadeau dit avoir écrit pour leurs corps : « la bouche de Marie-Sophie Ferdane et la façon de bouger de Laurent Poitrenaux. Leurs corps m’ont envoyé des messages, m’ont renvoyé à une autre époque ».
De cette bouche sort une voix chaude, envoûtante, cristalline et rauque, limpide et grave, musicale à souhait. C’est fou ce que cette comédienne d’exception peut faire avec sa voix. Sur la scène du T2G, elle hurle, gémit, supplie, susurre, fulmine, harangue, implore… et parle comme ses livres.
En composant pour elle le personnage d’Annabelle, Pascal Rambert savait-il à quel point les romans font partie de la vie de Marie-Sophie ? Contrairement à Annabelle, elle a eu la chance de ne pas être entravée dans cet amour des mots. Agrégée de littérature, elle se découvre à l’Ecole Normale Supérieure une passion pour le théâtre, passion qui la guide depuis bientôt vingt ans. De son entrée à l’ENSATT en 1997 à sa performance sur la scène du T2G, elle a enchaîné les rôles et les projets avec les plus grands metteurs en scène : Richard Brunel, Christian Schiaretti, Claudia Stavisky, Jean-Louis Martinelli, Laurent Pelly, Arthur Nauzyciel, Christian Benedetti… De la Célimène de Lukas Hemleb à l’Olga Sergueïevna de Volodia Serre, elle fut pensionnaire de la Comédie-Française entre 2007 et 2013.

C’est par passion aussi qu’elle a mis en scène quatre pièces de Sarah Fourage. Et même si elle déclare « le théâtre c’est ma vie », elle a tourné récemment dans Les Heures souterraines de Philippe Harel. Ce passage des planches à la pellicule lui a valu le prix d’interprétation féminine au dernier Festival de Luchon.
Une fois quittée la lande de Gennevilliers, et en attendant la reprise d’Argument la saison prochaine, on pourra la retrouver sur la tournée de Vanishing Point de Marc Lainé et dans la prochaine mise en scène du Songe d’une nuit d’été de Laurent Pelly.
Quelle chance, quel bienfait que Marie-Sophie soit née à une époque et dans un pays où elle peut vivre sa passion en plein jour.
Et nous la faire partager…

 


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Revue de presse du 27 janvier 2016 : Kings of War, Argument et Bettencourt Boulevard

 

1. L’un des événements de ce début d’année, c’est sans doute le « Kings of War » d’Ivo van Hove à Chaillot :

– « Le plus inventif des metteurs en scène s’empare de cinq pièces de Shakespeare pour un spectacle événement à Chaillot. » – Paris Match

– « Kings of war est un bon cru du grand entrepreneur de spectacles. Comme souvent, il cherche à y analyser les fondements du pouvoir, de tout pouvoir. » – Telerama

– « Kings of War est ainsi sous-tendu de bout en bout par une inflexion nerveuse qui confère à l’ensemble l’intensité dramatique d’une série télé. » – Liberation

« Kings of War est une réflexion brillante, souvent ironique et parfois un peu trop dense sur l’exercice du pouvoir et son corollaire, faire la guerre ou pas. » – France TV Info

– Interview d’Ivo van Hove pour La Terrasse

 

2. Pascal Rambert propose sa nouvelle création au T2G, « Argument », un texte magnifique porté par deux immenses comédiens :

– « Tout ici subjugue et déroute : le décor crépusculaire de Daniel Jeanneteau fait de rideaux d’eau, de fumées blanches et de clair-obscur ; le texte poétique et politique du dramaturge ; le jeu intense de deux comédiens d’exception, Laurent Poitrenaux et Marie-Sophie Ferdane. » – Les Echos

– « La joute verbale prend des airs de conte gothique, parce que la pluie tombe sur la lande où se situe une partie du récit, et que les lumières magnifiques d’Yves Godin, complice habituel du dramaturge, composent la blancheur d’un linceul... » – Telerama

– « On se retrouve ainsi dans l’affrontement de deux êtres qu’affectionne particulièrement Pascal Rambert. » – Marianne

– « La puissance du jeu des deux comédiens, dans cet entrelacs de cris et de chuchotements, comme le dépouillement du dispositif, incarnent dans une sorte de corps oniriques cette folle révolte. » – Mag’Centre

– « En propulsant au temps de la Commune la crise conjugale entre un bourgeois conservateur et sa femme sensible aux idées socialistes, Pascal Rambert fait de l’amour une donnée fondamentalement politique. » – Les Inrocks

– Interview de Pascal Rambert pour France Inter

 

3. « Bettencourt Boulevard », la pièce de Michel Vinaver mise en scène par Christian Schiaretti débarque à la Colline :

– « La vie est un théâtre et cette affaire Bettencourt, où telle la star Gloria Swanson au crépuscule de sa vie dans Sunset Boulevard, la « star » Liliane fait son grand numéro, même sans le vouloir, fait partie de notre patrimoine. » – Le Point

– « Pas de dénonciation, mais la mise en perspective d’une affaire qui pourrait prendre la valeur d’un mythe de notre époque. » – Le Monde

– « Le spectacle pourrait en être insupportable, sans l’écriture de Vinaver extraordinairement éclatée, bousculant les temps, enchevêtrant les dialogues et les situations. » – La Croix

– « Les personnages portent leurs noms réels, et leur interprétation n’hésite pas non plus à se rapprocher du réel par la voix ou les manières. » – La Terrasse

– « On est bluffés de tant d’intelligence allègre. D’autant que jamais Vinaver ne juge ses drôles de protagonistes. » – Telerama

– Interview de Christian Schiaretti pour Les trois coups

Marie-Sophie Ferdane Nathan Aznar Argument

Argument, le nouvel enchantement de Pascal Rambert

Le nouveau spectacle de Pascal Rambert est hypnotique.
Hypnotique est la langue, si belle, de ce saisissant auteur. Une langue touffue, moderne, raffinée, tourmentée, travaillée… purement théâtrale.
Hypnotiques sont les deux comédiens qui incarnent ces mots. Deux immenses comédiens : Marie-Sophie Ferdane et Laurent Poitrenaux. Tels des Stradivarius, ils nous dévoilent l’étendue inouïe de leur palette et nous font vivre des émotions rares. Hypnotiques sont leurs voix, leurs corps, leur alchimie dans l’affrontement. Car le spectacle nous parle d’amour, de passion dévorante, mais surtout de jalousie destructrice et meurtrière. Un couple se heurte, se nuit, se détruit, s’injurie, se malmène, s’abomine sous les yeux fous d’un enfant.

Laurent Poireaux Argument
© Marc Domage
Hypnotique la présence quasi irréelle de cet enfant, le leur, leur fils – fantôme ? fantasme ? désir ?
Hypnotiques les deux scènes finales, ces deux monologues ahurissants, comme en écho à la Clôture de l’Amour. Les sanglots de Laurent Poitrenaux qui font surgir nos larmes. Le poing tendu de Marie-Sophie Ferdane qui nous pousse à la révolte et à l’insoumission.
Hypnotique la scénographie, la lumière ténébreuse, le déluge, cette lande quasi hostile sur laquelle Pascal Rambert nous projette violemment.
Hypnotique l’enchaînement de sons plus ou moins perceptibles : gazouillis, ruissellement, tempête, coups de clairons, de fusils, de cloche…
Hypnotique la voix exceptionnelle, chaude et bouleversante de Denis Podalydès qui ponctue chacun des actes.
Au final, on sort hagards, sonnés, éberlués. Persuadés et reconnaissants d’avoir vécu un grand moment de théâtre.

Marie-Sophie Ferdane Nathan Aznar Laurent Poireaux Argument

Poursuivant et enrichissant son œuvre contemporaine, Pascal Rambert nous mène encore plus loin :

1 – Il a choisi le duo Marie-Sophie Ferdane et Laurent Poitrenaux pour leurs corps, eux ont accepté pour sa langue ; le résultat est à la fois charnel et spirituel.
2 – Imperceptiblement, le trio qu’ils forment avec leur mystérieux enfant nous renvoie à nos propres démons, doutes et angoisses.
3 – Un spectacle que l’on garde en mémoire, qui nous rattrape et nous hante, qui sort de scène, à l’image d’Anabelle échappée de son tombeau.

De la langue si caractéristique de Pascal Rambert à la lande d’Anabelle et Louis : la promesse d’un saisissant voyage…

Argument – Spectacle vu le 6 janvier 2016 au CDN d’Orléans
A l’affiche du Théâtre de Gennevilliers (T2G) jusqu’au 13 février 2016 (puis en tournée)
Texte et mise en scène : Pascal Rambert

 

L’Art du rire, le Festival Rambert à nu et le Printemps des Comédiens

Revue de presse du 10 juin 2015

 

1. Reprise de l’Art du rire de Jos Houben au Théâtre du Rond-Point :

– « Houben, véritable absurde, véritable belge, de ce pays de l’entre-deux, convainc et entraine dans sa folie un public libéré du conformisme ambiant et du nuage toxique du « politiquement correct. » – Froggy’s Delight

– « Dans ce spectacle, « L’Art du rire », Jos Houben explique à qui voudra l’entendre comment fonctionne le rire, et peut-être, comment le déclencher chez autrui. » – Sortir à Paris

– « Le rire étant le propre de l’homme, L’Art du rire de Jos Houben a de beaux jours devant lui. » – Les Inrocks

 

2. Festival Rambert à nu du 9 au 20 juin au Théâtre de Bouffes du Nord :

– « Le Théâtre des Bouffes du Nord met en lumière 20 ans du travail d’un auteur singulier, Pascal Rambert, dramaturge, metteur en scène, chorégraphe, acteur et performeur, qu’il résume lui-même en trois mots: Parler, aimer, souffrir » – L’Express

– « Le pari du festival est de donner cinq pièces « à nu », sans décor, dans le cadre patiné du théâtre des Bouffes du Nord. » – Le Parisien

– « « Rambert à nu », ou comment Pascal Rambert, directeur de théâtre et metteur en scène, se voit confronter à repenser intégralement les scénographes de ses pièces de théâtre. » – Sortir à Paris

 

3. Coup d’envoi du 28ème Printemps des Comédiens à Montpellier :

– « Créé à l’initiative du Conseil Général de l’Hérault en 1987, le Printemps des Comédiens accueille entre vingt et vingt cinq spectacles et plus de 40 000 spectateurs payants. » – France Inter

– « Annulée soir après soir par le combat des intermittents, la saison dernière, la manifestation renaît en ce 10 juin sous la houlette de Jean Varela et le soutien du conseil général de l’Hérault. » – Le Figaro

– « Cyril Teste met en scène “Nobody”. Une création qui tournera en France jusqu’en février 2016. » – Midi Libre