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Cabaret Léo Ferré au Studio-Théâtre

Cabaret Léo Ferré – Spectacle vu le 19 mars 2016
A l’affiche du Studio-Théâtre de la Comédie-Française jusqu’au 8 mai 2016
De Léo Ferré
Direction artistique : Claude Mathieu
Direction musicale :  Benoît Urbain
Avec les comédiens : Martine Chevallier, Véronique Vella, Alexandre Pavloff, Julie Sicard, Serge Bagdassarian, Christophe Montenez et Pauline Clément
Et les musiciens : Benoît Urbain, Paul Abirached, Olivier Moret et Alain Grange

Ni Dieu, ni Maître !

Spectacle d’une heure sur les œuvres du chanteur libertaire, la magie est liée à l’interprétation subtile des 17 chansons par les 7 comédiens du Français ; le choix des œuvres paraissant en parfaite harmonie avec la personnalité que chacun a voulu nous offrir. Toutes les dimensions du poète en ressortent magnifiées et nous sommes emportés par l’utopie, la soif de liberté et le jusqu’au boutisme de cet auteur au genre unique.

Parmi ce voyage de 50 ans de créations, quelles seraient les 3 chansons qui nous entraineraient particulièrement dans la passion et l’émotion ?

Le trio de la Maffia constitué par Serge Bagdassarian, Alexandre Pavloff et Christophe Montenez (quelle voix !), nous terrorise, et nous sommes prêts à accepter à peu près n’importe quoi et « Tant pis si t’es au bas d’l’affiche, t’avais qu’à êt’ dans la Maffia ».

Cabaret LeoFerré_Studio-Théâtre_1

©Vincent Pontet – coll. Comédie-Française

Le Paris Canaille des années 1955 nous saute au visage grâce à la fougue et à la puissance unique de Véronique Vella et à « ses Brins des Lilas, Fleurs de Pantin et ses p’tits tapins qui font merveille ».

Enfin, La Mélancolie incarnée par Martine Chevallier nous transperce, aligne en nous l’humain et le divin !

Au-delà d’une interprétation alliant profondeur et légèreté, c’est le travail de l’équipe sur tout le spectacle qui émane. « Concentration, fraternité et attention qualifient autant nos répétitions que les relations entre nous, et cela à chaque représentation », nous dévoile Martine Chevallier.

Le spectateur le sent et en ressort transformé. Sans hésiter, offrez-vous ce présent avec ces compagnons respectueux de Léo Ferré !

Magali Rosselo

Elliot Jenicot_Portrait

Interview d’Elliot Jenicot

Interview d‘Elliot Jenicot, pensionnaire de la Comédie-Française – 1er avril 2016
Au sujet de son Singulis Les fous ne sont plus ce qu’ils étaient à l’affiche du Studio-Théâtre jusqu’au 10 avril 2016, puis en tournée la saison prochaine

 

“J’ai entamé ma cinquième saison au Français, c’est déjà fabuleux pour le sauvage que j’étais !…”

S’il évoque son passé de sauvage, il se définit également comme “un éternel amoureux”, un brin idéaliste. Son immense générosité, il ne peut certes pas la renier. Elle déborde, qu’il soit sur une scène de théâtre ou attablé à une terrasse de café. Fan de musique (“elle m’a beaucoup inspiré pour écrire mes spectacles” évoque-t-il), il semble tout droit sorti d’un groupe de rock, avec ses faux airs d’Iggy Pop.

Arrivé il y a cinq ans à la Comédie-Française (“quand Muriel Mayette m’a contacté, elle m’a laissé vingt-quatre heures pour me décider”) il n’avait jamais joué de pièce, en dépit de ses trente années de tournées internationales. Formé au théâtre de rue, au cirque, au music-hall, au café-théâtre, il découvre Place Colette un tout autre univers. Il avoue avoir craint, au tout début, de ne pas se sentir légitime. Et cependant, chacune de ses apparitions sur scène est un pur bonheur ! Pas uniquement dans des rôles de “clown”, comme ceux d’Achille de Rosalba dans Un chapeau de paille d’Italie de Corsetti ou du Sauvage dans 20 000 lieues sous les mers de Christian Hecq et Valérie Lesort. Il nous étonne et nous émeut lorsqu’Eric Ruf lui fait camper un comte de Pâris (Roméo et Juliette) tout en retenue et sobriété. Ou lorsqu’il donne vie à l’unique personnage masculin de La Maison de Bernarda Alba de Lilo Baur.

Et puis, un jour de novembre 2014, alors qu’il devait proposer une lecture au Vieux-Colombier, il surprend son monde en présentant un spectacle sur des textes de Raymond Devos. Une sorte de mise en abîmes, une façon de se raconter lui-même tant le destin de l’un résonne dans le parcours de l’autre… Le Singulis Les fous ne sont plus ce qu’ils étaient vient de naître. Souhaitons-lui longue vie. Qu’il soit l’occasion pour un public le plus large possible de découvrir ou redécouvrir le mirifique Elliot Jenicot.

Revue de presse du 4 avril 2016 : Constellations, Six personnages en quête d’auteur, To be Hamlet or not to

 

 

1. Au Théâtre du Petit Saint-Martin, les Constellations de Nick Payne mises en scène par Marc Paquien scintillent et charment :

Loin de l’exercice de style gratuit, les acteurs instillent une sensibilité et une émotion tenaces.” – Le JDD

La direction d’acteurs au cordeau, la traduction très fine, permettent de garder le fil, entre exercice formel et mélodrame.” – Telerama Sortir

“Grâce à une écriture en apparence simple mais qui se révèle profonde, Payne offre une ribambelle de subtiles variations…” – Time Out

“Remarquable, la mise en scène laisse émerger toutes les aspérités et toute l’humanité de cette histoire profondément touchante.- La Terrasse

“Des répliques légères, drôles ou dramatiques qui vous laissent soudain la gorge nouée. Brillant. Astucieux. Intelligent.” – Reg’Arts

“L’exercice est brillant mais un peu systématique. On s’en lasserait si la mise en scène de Marc Paquien ne donnait à ce fonctionnement paradoxal une nervosité continue, une vie concrète… Beaux interprètes, les interprètes savent aller au-delà de la virtuosité sur laquelle se fonde le texte de Nick Payne.”  Webtheatre

 

2. Quand on aime on ne compte pas : Emmanuel Demarcy-Mota remet encore et encore Six personnages en quête d’auteur sur le plateau, ici au Théâtre de la Ville :

“On aime passionnément. Un face-à-face sans demi-mesure” – La Vie

“Emmanuel Demarcy-Mota magnifie ici la magie du plateau. Envoûtant et inquiétant.” – Télérama Sortir

“Emmanuel Demarcy-Mota fait montre de la pleine maturité de son art.” – La Terrasse

“Aujourd’hui la pièce, devenue un classique, ne dérange personne. Raison de plus pour Emmanuel Demarcy-Mota de la rendre aussi inquiétante qu’éclairante en nous la livrant à nouveau vibrante, débarrassée de ses lourdeurs didactiques et baignée d’une belle dose d’humour dans la fluide traduction signée François Regnault. Un régal.” – Les Inrocks

“Bénéficiant d’une mise en scène au cordeau et magistralement délivrée par les comédiens de la troupe, la partition déjà bien rodée en tournée porte haut la magie du théâtre dramatique.” Froggy’s delight

“Cette confusion des rôles à la fois troublante, dérangeante et fascinante, Emmanuel Demarcy-Mota l’a imaginée dans un espace clair-obscur ingénieux et poétique, à la lisière du fantastique…” – PublikArt

 

3. To be Hamlet or not, en toute légèreté, une pièce écrite et mise en scène par Charlotte Rondelez au Lucernaire :

“…un divertissement un peu désinvolte… Un spectacle vif, très bien rythmé et très drôle… C’est du théâtre simple, probe, enjoué et sans prétention aucune. To be Hamlet or not est dirigé avec intelligence, joué avec une conviction qui enchante.” – Figaroscope

“Un texte intelligent, drôle, délirant… merveilleux d’innovations et de surprises. Sous la fausse apparence d’une improvisation désordonnée, l’ensemble de la troupe joue cette farce joyeuse de façon accomplie.” – Toute la culture

“Une absurdité revendiquée parfois un peu déroutante… Un humour intelligent, qui amuse tout en donnant à réfléchir…” – Reg’Arts

“…une déstructuration débridée de la célébrissime tragédie de Shakespeare. La pièce brille par un scénario certes décalé mais au foisonnement d’intrigues et de références déroutant. To be Hamlet or not donne l’illusion de l’improvisation pour transporter les spectateurs, avec le risque d’en perdre certains en route. Obligation donc de rester l’esprit ouvert et la curiosité en éveil. L’humour et la complicité des acteurs feront le reste, pour un pur moment de détente théâtrale.” – PublikArt

“Un souffle joyeux de rébellion… une pièce dont l’écriture dramatique, le propos, la mise en scène et l’interprétation obéissent à
 un principe fédérateur : la Liberté” – Artistik Rezo

Nathalie Mann_portrait

Interview de Nathalie Mann et Hugues Leforestier

Interview de Nathalie Mann et Hugues Leforestier – Compagnie Fracasse – 18 mars 2016
A l’affiche du Projet Poutine, à découvrir au Théâtre des Béliers  jusqu’au 11 juin 2016

Elle est comédienne et auteure. Il est auteur et comédien. A force de la voir sur scène il a eu envie d’écrire pour elle. Sa première pièce, Brigade Financière, mise en scène en 2013 par Anne Bourgeois fut un succès à Avignon et en tournée. Déjà, on assistait à l’affrontement entre deux figures emblématiques : un grand patron du CAC 40 et une commissaire de la brigade financière. Un huis-clos passionnant, un duel entre deux esprits brillants, une bataille des cerveaux pour une mise en abîme affolante et captivante.

Face au succès de cette première collaboration, ils récidivent et présentent au Festival d’Avignon 2015 Le Projet Poutine. Nouvelle pièce, nouveau sujet, mais toujours cet affrontement entre deux personnages qui vont s’opposer sous nos yeux. Quand Vladimir Poutine, au sommet de son pouvoir se trouve face à une opposante, procureure générale qui ose lui tenir tête… Quand Hugues Leforestier campe le glacial chef d’Etat. Quand l’excellente Nathalie Mann déploie la palette de ses talents… A découvrir sans plus tarder au Théâtre des Béliers.

 

Tempête sous un crâne - Camille et Claire

Reprise au TGP de Tempête sous un crâne : du théâtre populaire !

Tempête sous un crâne – spectacle vu le 26 mars 2016
À l’affiche du Théâtre Gérard Philippe jusqu’au 10 avril
D’après Les Misérables de Victor Hugo
Adaptation : Jean Bellorini et Camille de La Guillonnière
Avec Mathieu Coblentz, Karyll Elgrichi, Camille de La Guillonnière, Clara Mayer, Céline Ottria, Marc Plas, Hugo Sablic

“Il y a un spectacle plus grand que la mer, c’est le ciel ; il y a un spectacle plus grand que le ciel, c’est l’intérieur de l’âme.” Les Misérables, Victor Hugo

Et l’intérieur de l’âme, par la magie du théâtre, ça peut tenir sur quelques planches, et dans la voix et le corps d’une poignée de comédiens. Avec les matériaux de la rue, loupiotes de bal populaire, pétales de papier, bonnets de laine et baskets… Avec la fougue de la jeunesse, des voix et des corps d’aujourd’hui nous parlent de cet hier comme d’un aujourd’hui.

À jardin : piano, accordéon, guitare et basse électriques (Céline Ottria); à cour : batterie (Hugo Sablic); au centre du plateau, “première époque”, un lit aux montants de fer, un arbre nu de bois de récup’, deux acteurs (Camille de La Guillonnière et Clara Mayer), “seconde époque” (période parisienne, au cœur des émeutes de 1832), trois autres s’y ajoutent (Mathieu Coblentz, Karyll Elgrichi, Marc Plas), un vélosolex – car la fébrilité et la mobilité s’emparent de cette époque; à l’avant-scène, à deux reprises, une grande flaque de pétales rouges, flaque de fleurs gaies ou du sang des combats. Des lumières précises et élégantes structurent l’espace et le temps. La musique, contrepoint sensible, parfois s’empare d’une scène et c’est le chant de Céline Ottria, quelques notes d’accordéon, un riff de guitare, le rythme sourd d’une percussion qui vont faire battre les cœurs à l’unisson.

Tempête sous un crâne - émeute
© Pierre Dolzani

“Lueurs qui passent”

Dans le chaos de sentiments et de passions qui défendent une barricade, il y a de tout; il y a de la bravoure, de la jeunesse, du point d’honneur, de l’enthousiasme, de l’idéal, de la conviction, de l’acharnement de joueur, et surtout, des intermittences d’espoir.” Chapitre XIII, “Lueurs qui passent”
Ce “tout” qui fait ce chaos de sentiments, c’est le même qui foisonne au cœur de cette représentation : bravoure – il en faut pour relever le défi de l’adaptation de ce chef-d’œuvre ! et pour affronter l’apprentissage et la restitution de ce texte monumental, jeunesse – les comédiens en débordent, enthousiasme, idéal… De la légèreté aussi, car, malgré le poids du titre, et le tragique du sujet, dans cette Tempête sous un crâne s’égrènent aussi traits de malice et sourires.

On peut s’inquiéter, les premières minutes, de la radicalité du parti pris : face au public, sagement debout côte à côte, quoique perchés en léger déséquilibre sur le lit, deux comédiens narrent cette Tempête. Mon jeune voisin, format “à l’américaine” (“oversized” de partout, baskets, jean, embonpoint, tchatche) prévient sa prof, un rang au-dessus : “Les Misérables, j’avais déjà pas lu, ouais, ça craint trop, m’en fous, moi je dors, mais bon, faut savoir, j’ronfle à cause de mon gros bide et de mes grosses narines”. Ohoh, prometteur. Entracte : “m’dame, sérieux, j’avais dis que j’allais pas aimer, j’ai pas dormi, ça va, c’est pas mal”. Héhé ! Bravo à lui d’avoir “laissé sa chance” au spectacle, et bravo aux artistes d’avoir tenu éveillé ce gaillard pas gagné d’avance. Du théâtre populaire ! et “populaire” est un grand et beau mot, qui n’exclut pas l’exigence.

Première période, Camille de la Guillonnière et Clara Mayer, à deux, se répartissent le récit, tour à tour Jean Valjean, narrateur, Fantine, parfois les deux de concert – car Jean Valjean, Fantine… c’est tout un chacun : grande simplicité du dispositif, mais quelle gymnastique mentale incroyable – qu’en conteurs vibrants ils savent nous faire oublier…
Plus tard ils seront cinq comédiens sur le plateau, la narration sera plus souvent bousculée par des moments dialogués, incarnés.

Dits, clamés, fredonnés, joués, chantés, les mots de Victor Hugo nous parviennent avec clarté, vigueur, on n’en perd pas une goutte. Comme une réduction en cuisine : on a concentré les sucs. Réaliste peinture de la société; engagement politique – autant dans ses romans qu’à la tribune de l’Assemblée nationale; finesse, tendresse du regard sur les passions humaines, tout y est de l’écriture d’Hugo et de l’épopée des Misérables. Les comédiens se partagent ses mots puissants, et au passage les gorgent de leur propre sève, nous les renvoient comme rafraîchis, étonnamment vivifiés. Ils vont s’entasser tous les cinq sur le vélosolex pour raconter le déploiement des émeutes à travers Paris, et ils le feront une joie vorace. Et dans cette fiévreuse course des vies et de l’Histoire, Jean Bellorini et Camille de La Guillonnière et la troupe ont su préserver des bulles de poésie; des morceaux de papier rouge seront lancés en l’air et mettront un temps infini à redescendre, suspendant l’attention à leur douce retombée, Marius-Mathieu Coblenz trouvera, perdra, retrouvera des raisons de vivre, Marc Plas entamera une danse étrange, désossée et solitaire, Clara Mayer, petit Gavroche pétillant et bravache, tombera sur la barricade avec vaillance et on en aura le regard troublé, Karyll Elgrichi, longue tige brune sera une Eponine dure et déchirante.
Allez palpiter avec eux.

 

Revue de presse du 30 mars 2016 : La Musica-la Musica deuxième, Le syndrome de Cassandre et Le portrait de Dorian Gray

 

 

1. La Musica, la Musica deuxième, les deux pièces de Marguerite Duras réunies sur la scène du Vieux-Colombier :

– “Anatoli Vassiliev a choisi de présenter les deux textes à la suite, en un exercice étourdissant pour les comédiens mais parfois fastidieux pour le spectateur.” – Le JDD

– “Le couple est composé de deux comédiens magnifiques : Thierry Hancisse, séducteur brisé au pouvoir intact, troublant, pervers, face à une Florence Viala sublime de féminité, de force et de jeu, jetant sa gangue comme une robe d’une autre heure.” – Froggy’s Delight

– “Les acteurs – Thierry Hancisse et Florence Viala – et se débrouillent comme ils peuvent pour donner vie à l’ultime création désincarnée du prétentieux gourou de la scène moscovite.” – Telerama

– “Les acteurs magnétiques, touchés par la grâce, désossent cet éternel retour de l’amour, sans hostilité, ni rivalité, mais comme s’ils tâchaient de se consoler.” Un fauteuil pour l’orchestre

– “La prouesse des comédiens, immenses Florence Viala toute en légèreté facétieuse et Thierry Hancisse, totalement écorché, tient dans ces changements abrupts de registres et dans la manière incroyable qu’ils ont de bouger, bousculer constamment les lignes.” – Toute la Culture

– “La critique sera, est déjà, divisée. Mais il ne fait aucun doute que ce spectacle sans pareil entrera dans la légende du Vieux-Colombier.” – Mediapart

– Interview d’Anatoli Vassiliev pour La Terrasse

 

2. La magiclown Yann Frisch est actuellement sur la scène du Rond-Point avec la tournée de son spectacle Le syndrome de Cassandre :

– “De la magie et de l’art du clown, Yann Frisch propose une synthèse inédite et subversive qui, derrière son comique keatonien nous renvoie à de vraies interrogations.” – France TV Info

– “Le Syndrome de Cassandre est un spectacle fou, et vraiment, l’une des plus belles et drôles choses qu’on puisse voir.” – Un fauteuil pour l’orchestre

– “Il manipule les objets, leur fait dire des histoires – à ne pas mettre entre toutes les oreilles.” – La Terrasse

– “Au-delà de la démonstration de talent, c’est un véritable travail d’auteur qui sous-tend cette création. En effet, l’artiste revient sur la condition du clown dont l’existence n’a d’épaisseur que dans le regard de cet autre, le public.” – Les trois coups

– “Quand la personne a un bras plus grand que l’autre, forcément elle peut pas applaudir.” – Les 5 pièces

 

3. Encore quelques jours pour aller applaudir Arnaud Denis dans  Le portrait de Dorian Gray au Lucernaire… avant la reprise à la Comédie des Champs-Elysées :

– “Thomas Le Douarec est depuis des années fasciné par ce livre, par cette histoire, par ce personnage. C’est la cinquième fois qu’il propose une version scénique du Portrait de Dorian Gray.” – Le Figaro

– Arnaud Denis incarne Dorian. Le comédien qu’on avait déjà pu voir dans un autre texte d’Oscar Wilde (“L’importance d’être sérieux”) est ici un fabuleux Dorian Gray, effectuant un remarquable parcours pour ce rôle, de la débauche à la rédemption.” – Froggy’s Delight

– “Interprété par un Arnaud Denis velléitaire et parfaitement candide, ce Dorian Gray intrigue et séduit.” – Publik’Art

– “Thomas Le Douarec et sa belle équipe signent là un spectacle aussi séduisant que l’était Dorian Gray pour ceux qu’il rencontrait.” – Marianne

– “Thomas Le Douarec a réussi une adaptation absolument parfaite, avec un choix de répliques brillantes, drôles et bien enlevées.” – Reg’Arts

– “On rit beaucoup. Le Douarec épouse dans un personnage haut en couleurs, magnifiquement élégant et so british la joyeuse misogynie, l’insensibilité païenne et le réjouissant libertinage de Harry/Wilde.” – Toute la Culture

 

Anne-Marie Godin_portrait

Traces : interview d’Anne-Marie Godin et Lucas Boutin

Interview d’Anne-Marie Godin et Lucas Boutin, de la Compagnie Les 7 Doigts de la Main – 18 mars 2016
A l’affiche de Traces, à découvrir au Théâtre Bobino  jusqu’au 30 avril

 

Les 7 Doigts de la Main, c’est ce collectif de cirque qui nous enchante depuis 2002. Anne-Marie Godin et Lucas Boutin ont rejoint l’aventure il y a 4 ans.

Traces : lorsqu’on assiste à cet incroyable show qui tourne depuis dix ans, on peut supposer que les sept circassiens sont les fameux 7 Doigts de la Main. Il n’en est rien. Le show fut l’un des premiers créés par les sept membres fondateurs de ce collectif né au début des années 2000. Au départ, ils n’étaient d’ailleurs pas sept au plateau. Et pourtant la fille et les six garçons installés depuis début février sur la scène de Bobino peuvent être assurément considérés comme “des doigts”. Agiles, performants, athlètes, ils ont chacun leur discipline de prédilection.

Parmi cette équipe multi-culturelle, voici les deux francophones : Anne-Marie Godin (québécoise qui excelle dans les acrobaties et le main à main) et Lucas Boutin (le seul français du groupe, installé depuis 4 ans au Canada). Tous deux ont rejoint le collectif en 2012. Ils évoquent leurs souvenirs, leurs voyages, leurs envies, leurs joies de faire partie de cette aventure tellement exceptionnelle.

Amok

L’amour Amok

Amok – Spectacle vu le 22 mars 2016
A l’affiche du Théâtre de Poche-Montparnasse jusqu’au 22 mai 2016
De Stefan Zweig – Adaption Alexis Moncorgé
Mise en scène Caroline Darnay

Où il est question d’honneur, d’orgueil, d’amour à mort et… d’amok.

Paris bruisse du succès de ce seul en scène depuis quelques semaines. Il s’agit de la toute première création de Chayle et Compagnie. Dès les premiers instants, on comprend pourquoi le bouche à oreille a fait un tel travail autour de ce spectacle. Le matériau de départ n’est ni plus ni moins qu’une de ces nouvelles de Stefan Zweig dont on raffole. Amok ou le Fou de Malaisie, c’est l’histoire d’un médecin allemand parti pratiquer en Indonésie. C’est l’histoire de son amour obsessionnel pour une femme. Une passion tellement funeste que le narrateur la compare à l’amok, cet accès subit de violence meurtrière observé par de nombreux ethnologues, notamment en Malaisie. Adapter à la scène cette œuvre de Zweig constituait déjà une gageure. Décider d’en façonner un seul en scène était un pari plus risqué encore. Caroline Darnay et Alexis Moncorgé le relèvent avec brio.

 

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©Christophe Brachet

Imposant, captivant, envoûtant, le comédien incarne avec entrain l’ensemble des protagonistes mais c’est indéniablement son personnage principal du jeune médecin fuyant la Malaisie qui nous émeut violemment. Lorsqu’il nous confie son lourd secret, lorsqu’il se dévoile, se met à nu, nous sommes conquis. Les yeux tantôt mouillés tantôt hargneux, la voix tantôt chancelante tantôt éclatante, il nous fait revivre son histoire d’amour enflammée. Peu à peu, l’air de rien, il nous entraîne dans sa chute, dans son plongeon à mort, dans son amok à lui.

Ce spectacle affiche souvent complet, il est donc préférable de réserver à l’avance car il serait dommage de passer à côté :

1 – On aime être aussi proche de ce comédien jusqu’ici méconnu : le “petit Poche” offre un moment rare et privilégie, pour lui comme pour nous.
2 – Stefan Zweig a souvent été mis à l’honneur sur les planches de théâtre, cette nouvelle sans doute moins connue rassemble tous ses thèmes de prédilection.
3 – La mise en scène au cordeau et les jeux de lumière pénétrants participent de la belle écoute qui règne dans la salle.

 

 

 

 

 

 

Revue de presse du 23 mars 2016 : Splendid’s, Par-delà les marronniers et Phèdre(s)

 

 

1. Arthur Nauzyciel présente au Théâtre de la Colline Splendid’s, la pièce de Jean Genêt qu’il avait créée au CDN d’Orléans en janvier 2014 :

– “Un spectacle splendide, d’une beauté vénéneuse et rêveuse, qui ouvre les chambres les plus secrètes de l’auteur du Journal du voleur.” – Le Monde

– “Un coup de poker où Arthur Nauzyciel ramasse la mise en montant la pièce en anglais pour qu’on la découvre avec des surtitres comme un thriller visionné en VO.” – Les Inrocks

– “Les comédiens flottent, dansent, évoluent parfois au ralenti -telles des statues animées.” – Les Echos

– “Majoritairement dite en langue anglaise, la pièce acquiert de ce fait une dimension plus vaste. Sa vraie dimension, sans doute.” – L’Express

– “En projetant en ouverture de sa mise en scène de Splendid’s le court-métrage de Genet, Un chant d’amour, Arthur Nauzyciel installe la pièce dans le flottement délibérément indécis du fantasme.” – Libération

– “Une étonnante douceur (prolongée par les lentes mélodies de jazz sirupeux et la voix archimusicale de Jeanne Moreau diffusée à la radio), un flottement lunaire, une intimité feutrée, une distance rêveuse font la particularité du beau et délicat geste artistique d’Arthur Nauzyciel.” – Toute la Culture

– Interview d’Arthur Nauzyciel pour La Terrasse

 

2. La nouvelle création de Jean-Michel Ribes est à découvrir au Théâtre du Rond-Point, sous le titre énigmatique Par-delà les marronniers :

– “Ce spectacle haut en couleurs propose de redécouvrir trois écrivains fous, portés par les talentueux Maxime d’Aboville, Michel Fau et Hervé Laissïnce .” – France TV Info

– “Sur le papier, il y a de quoi se réjouir. Les trois dandys fracassés dont il est question ici sont un sujet en or.” – Le Monde

– “La revue est une bonne idée, car elle met du sucre glace et du glamour sur l’amer et la mort, mais elle noie un peu le poisson.” – L’Express

– “Ribes veut faire résonner un rire de résistance. La résistance est bien présente, mais le rire est trop rare.” – Les Echos

– “Dans de superbes costumes et amusants décors, Par-delà les marronniers est une baudelairienne autant que dadaïste invitation au voyage.” – Telerama

– Interview de Jean-Michel Ribes pour La Terrasse

 

3. Isabelle Huppert brûle de nouveau les planches du Théâtre de l’Odéon dans Phèdre(s) de Krzysztof Warlikowski :

– “Krzysztof Warlikowski a tenu sa folle promesse. Son Phèdre(s) à l’affiche de l’Odéon est un bien, un voyage épique, rock et provoc’.” – Les Echos

“Avouons-le, à moins de se plonger pendant quelques jours dans des textes, des explications, des analyses, on est bien incapable de comprendre ce que veut nous dire Warlikowski.” – Le Figaro

– “Qui peut, dans la même soirée, impressionner avec Wajdi Mouawad, déchirer avec Sarah Kane, appeler des larmes avec Racine, et faire rire avec J. M. Coetzee ? Isabelle Huppert.” – Le Monde

– “C’est pour Isabelle Huppert, exceptionnelle, phénoménale, qu’il faut aller voir ce très long spectacle compliqué, sophistiqué et prétentieux sur le désir, les interdits du désir, ses abîmes, ses fureurs, ses douleurs.” – Telerama

– “We may know more about Huppert’s range as an actress than we do about Phaedra by the end, but it’s a worthwhile journey.” – Financial Times

– “Isabelle Huppert magnétise son auditoire par un talent hors norme, d’une sobriété et d’une fluidité confondantes.” – Artistik Rezo

– Interview d’Isabelle Huppert pour Europe 1

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Le syndrome de Cassandre par le clown magi-chien

Le Syndrome de Cassandre – Spectacle vu le 17 mars 2016
A l’affiche du Théâtre de Rond-Point jusqu’au 10 avril 2016
Un spectacle de et avec Yann Frisch
Coécriture Raphaël Navarro

Quand un clown prisonnier d’une cage invisible nous appelle au secours…

Il nous accueille une banane à la bouche. Mais lui ne l’a pas, la banane. Il est plutôt maussade, bougon, sombre et mélancolique.
On a l’impression de le déranger. Le sentiment d’être au zoo, stoppés net devant la cage d’une créature évoquant un homme à tête de chien. Une cage d’exception pour un être d’exception. Qui est-il ? Mi-clown mi-magicien, il est surtout extrêmement seul, bien qu’habitué aux visites comme la nôtre. Alors il se moque de nous, contrefait nos rires. Et plus il raille, plus on rigole.

Il semble n’avoir jamais connu d’autre univers que ce cube transparent, cette prison de verre qui abrite objets de compagnie et fantasmes les plus fous. Aux côtés d’un pantin désarticulé qu’il nous présente comme sa mère se côtoient une chaise invisible, une scie musicale, un tiroir façon jukebox, un cochon en plastique patriote, une échelle d’accès à un nuage, et tout un tas d’accessoires dignes des plus grands illusionnistes.

 

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©Sylvain Frappat

Philosophe résigné, poète désabusé, artiste incompris, le “magi-chien” se plie de plus ou moins bonne grâce à nos desiderata. Quitte à friser le ridicule, à sombrer davantage dans la dépression. A plusieurs reprises, il tente de nous faire passer notre chemin. Alternant la conjuration, les injonctions, osant jusqu’aux injures. On a beau se sentir un peu cruel, on ne peut cependant s’empêcher de demeurer. D’épier chacun de ses gestes, à l’affût de nouveaux tours et de bons mots. N’est-on pas venu pour rire à ses dépens, pour rire envers et contre tout, pour rire du meilleur et du pire ? Car le pire est toujours à venir… C’est ce que notre clown tente de nous faire entendre, à l’image de la Cassandre des tragédies grecques. Il n’y parviendra qu’à l’ultime fin du spectacle – et quelle fin !

Sacré champion du monde de magie close-up en 2012, Yann Frisch se dévoile ici davantage clown que magicien :

1 – Yann Frisch est circassien, magicien, clown, poète, comédien, et surtout bourré de talents.
2 – Lorsqu’il prend à partie le public, c’est toujours de façon subtile et percutante : notre Cassandre, c’est lui !
3 – Rarement fin de spectacle nous aura autant sidérés : le clou du spectacle.