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Comme une pierre qui…rock!

Vendredi 2 juin 2017 – 18h30 – Studio-Théâtre, Paris Ier.
Mercredi 16 juin 1965 – début de matinée – Studio A de Columbia Records, New-York City.
Grâce au talent de Marie Rémond et Sébastien Pouderoux, le spectateur vient de faire un saut dans le temps et l’espace. Al Kooper (Christophe Montenez) se trouve à moins d’un mètre de nous. Oeil hagard, teint blafard, l’un des benjamins de la troupe communique son angoisse et son stress, confirmant ici l’étendue de son talent. Il patiente depuis bien longtemps, semble-t-il, tellement désireux de faire partie de l’aventure. Tout comme lui, nous allons avoir la chance de rencontrer… Bob Dylan “himself”.

Comme une pierre qui... Comme une pierre qui... Comédie-Française@Simon Gosselin

Face à Al Kooper, Mike Bloomfield (Stéphane Varupenne) paraît tellement sûr de lui, tellement pro déjà, tellement “dans son élément”. Tellement capable, surtout, d’échanger avec Sébastien Pouderoux qui campe un Bob Dylan totalement autiste.
En plus de ces trois acteurs, Marie Rémond a fait appel à Gabriel Tur et Hugues Duchêne, tous deux passés par l’Académie de la Comédie-Française. L’un à la batterie et l’autre au clavier parachèvent l’harmonie du groupe, tant d’un point de vue scénique que musical. Tous les cinq sont coachés de la régie par le producteur Tom Wilson (Gilles David), autre ressort comique du spectacle. Car on rit beaucoup, en visionnant cette session d’enregistrement. Et au final, on regrette que la pièce ne dure qu’une heure : on aurait aimé qu’elle soit proportionnellement aussi longue que le tube qu’elle nous fait revisiter…

Ne ratez pas l’occasion de découvrir cet éphémère “Studio-Théâtre d’enregistrement” :

1 – Après les succès amplement mérités d’André et Vers Wanda, Marie Rémond s’attaque avec brio à une autre figure de son panthéon personnel.
2 – Les comédiens sont parfaits, aussi bien sur scène que derrière leurs instruments.
3 –  N’hésitez plus : venez découvrir le “coup de théâtre : Al Kooper” dont parle Marie Rémond…

COMME UNE PIERRE QUI…
À l’affiche du Studio-Théâtre de la Comédie-Française du 25 mai au 2 juillet (mercredi au dimanche, 18h30)
D’après le roman de Greil Marcus
Adaptation et mise en scène : Marie Rémond et Sébastien Pouderoux
Avec : Gilles David, Stéphane Varupenne, Sébastien Pouderoux, Christophe Montenez, Gabriel Tur et Hugues Duchêne

20 000 lieues sous les mers : le fabuleux monde de Némo

En ce moment, en plein coeur de Paris, il est possible d’embarquer pour un fabuleux voyage sous-marin. Et ce ne sont ni vidéo 3D ni installation high-tech qui vous entraîneront à 20 000 lieues sous les mers. Car Valérie Lesort-Hecq et Christian Hecq ont eu l’idée géniale de recourir à la complicité de marionnettes pour nous faire vivre cette aventure.
Des marionnettes en latex qui s’invitent à la Comédie-Française : il ne faut pas louper ça!

2OOOO lieues sous les mers_Louis Arène© Brigitte Enguérand / coll. Comédie-Française

Nul besoin d’avoir lu le roman de Jules Verne : les néophytes plongeront à 20 000% autant que les fans du récit. On admire l’ingéniosité du Capitaine Némo interprété par un Christian Hecq tout en retenue et parfait dans son côté misanthrope. On fait la connaissance de trois compères débarqués par hasard et par accident sur le fameux Nautilus. Christian Gonon en belliqueux Ned Land, Nicolas Lormeau en Professeur Aronnax, Benjamin Lavernhe en désopilant serviteur de ce dernier. On sursaute et l’on bondit de son siège à plusieurs reprises, de peur de se faire accoster par des créatures aussi inquiétantes que poulpes criminels, poissons lanternes et araignées de mer géantes. On pleure de rire face aux pitreries de Flippos – étonnant Noam Morgensztern- et du Sauvage – Thomas Guerry, extérieur à la troupe, reprenant le rôle créé par Elliott Jenicot sur la saison précédente. Tout au long du périple, on se laisse entraîner par la voix chaude et envoûtante de Cécile Brune.

20 000 LIEUES SOUS LES MERS

On part très très loin, on découvre une sorte de quatrième dimension, une matrice insoupçonnée. En bref, on accomplit un réjouissant, un passionnant voyage, et c’est pour ce genre de voyage que l’on hante les salles de spectacle. Un immense merci à Valérie Lesort-Hecq et à Christian Hecq pour leurs talents de magiciens ! Leur équipage un peu dingue nous transforme, le temps d’une soirée, en créatures subaquatiques…

Le seul bémol de ce “20 000 lieues sous les mers”, c’est qu’il est très compliqué de trouver des places pour y assister. Accrochez-vous, cela vaut le coup, tellement c’est une réussite :

1 – Réussite dans l’adaptation du roman de Jules Verne : un véritable “condensé de fidélité”.
2 – Réussite dans la mise en scène et l’interprétation : le plaisir que les comédiens du Français prennent à ce voyage est palpable et contagieux.
3 – Réussite dans la conception et la manipulation des fameux “poissons-marionnettes”, prodigieusement mis en lumière par Pascal Laajili, l’un des maîtres en la matière.

Ce spectacle a reçu le Molière 2016 (bien mérité) de la création visuelle.


20 000 lieues sous les mers
Á l’affiche du Théâtre du Vieux-Colombier – du 25  janvier au 12 mars 2017 (20h30, dimanche 15h)
Adaptation et mise en scène : Valérie Lesort et Christian Hecq
Avec : Christian Gonon, Christian Hecq, Nicolas Lormeau, Benjamin Lavernhe, Noam Morgensztern, Thomas Guerry et la voix de Cécile Brune

Christophe Montenez portrait

Interview de Christophe Montenez

Interview de Christophe Montenez, pensionnaire de la Comédie-Française – 9 avril 2016
Bientôt dans la Cour d’Honneur du Festival d’Avignon 2016 dans Les Damnés mis en scène par Ivo van Hove

 

“Mon parcours a été une belle succession de coups de théâtre, il me reste à accomplir et transformer l’essai…” – Christophe Montenez

Le magazine Vogue le classait dernièrement parmi “ces six nouveaux acteurs qui seront les stars de demain”. Dans un peu plus d’un mois, tous les projecteurs de la planète théâtre seront braqués sur ce comédien de 27 ans. Car c’est lui qu’Eric Ruf a choisi pour incarner le personnage de Martin Von Essenbeck dans le spectacle Les Damnés qui fera l’ouverture du prochain Festival d’Avignon. Un spectacle signé Ivo van Hove, l’un des plus brillants metteurs en scène du moment. Un spectacle qui marque le grand retour de la Comédie-Française au Festival d’Avignon et sera repris à la rentrée Salle Richelieu.

Repéré par Murielle Mayette-Holtz en 2014, Christophe Monterez a eu très peu de temps pour accepter son premier rôle au sein de la troupe du Français. Le rôle du fougueux Damis, dans la mise en scène du Tartuffe de Galin Stoev. A l’époque, Christophe est le benjamin de la troupe, entouré de bienveillance et d’attention de la part de tous ses camarades de jeu.

“Humainement j’ai fait de sublimes rencontres, il y a un échange intergénérationnel tellement enrichissant dans cette maison”.

À peine deux ans plus tard, il n’est “déjà plus le dernier sur le trombinoscope” de la Comédie-Française. Il a enchaîné les projets divers et variés : outre son Damis, il a été distribué dans Un Chapeau de paille d’Italie, Lucrèce Borgia, le Misanthrope, les Rustres… Il fut un magnétique Al Kooper dans le petit bijou qui lança la saison 2015-2016 du Studio-Théâtre – Comme une pierre qui… de Marie Rémond et Sébastien Pouderoux.
Des projets un peu plus hybrides, très fondateurs, l’amènent vers la danse – l’Autre de Françoise Gillard – ou le chant – le Cabaret Léo Ferré de Claude Mathieu.

Aux portes du succès, il garde la tête froide, il sait rester stable, pragmatique et humble. Toujours connecté à son collectif Les Bâtards Dorés fondé avec quatre anciens de son Ecole de Théâtre.

“C’est hyper important pour moi de garder un pied dans ce collectif, cela contribue à mon équilibre”.

Il semble sincèrement étonné de la vitesse à laquelle les projets se sont enchaînés pour lui. Modestement, il évoque une succession de coups de chance. Et pourtant, il suffit de l’avoir vu une fois sur un plateau pour comprendre qu’il n’est pas uniquement question d’heureux hasards dans cette histoire. Christophe Montenez brûle les planches autant qu’il crève l’écran – il a tourné dans Le Soldat Vierge, un court métrage d’Erwan Le Duc qui était sélectionné pour la Semaine de la Critique au Festival de Cannes.

On vous aura prévenus : de la scène à l’écran, de Cannes à Avignon, ce jeune homme est déjà une étoile…

 

Je suis Fassbinder

Revue de presse du 18 mai 2016 : Je suis Fassbinder, Britannicus et Le Vide essai de cirque

 

1. Je suis Fassbinder, le spectacle créé par Stanislas Nordey et Falk Richter est à (re)découvrir au Théâtre de la Colline :

– “Le ton de la dernière création écrite par Falk Richter et mise en scène par l’auteur et Stanislas Nordey, Je suis Fassbinder, est donné : un texte sur le climat délétère de notre société et son écho irradiant dans nos vies personnelles. Décidé après les attentats à Charlie Hebdo, ce spectacle inclut jusqu’aux événements du soir du réveillon de Cologne. Crise des réfugiés, terrorisme, état d’urgence en France, montée de la xénophobie en Allemagne, dictatures en Europe : l’inquiétude grandit, le radicalisme avec. Sans pincettes, la confrontation orale sur scène est à fleur de ressenti. Exit le politiquement correct.” – Libération

– “Au départ, il était question du cinéaste Rainer Werner Fassbinder (1945-1982), à qui le dramaturge allemand Falk Richter et le metteur en scène français Stanislas Nordey voulaient consacrer un spectacle. Ils en étaient aux prémices quand a eu lieu la fusillade de Charlie Hebdo, en janvier 2015. Comme tout le monde, ils se sont posé la question : un artiste peut-il tout dire ? Oui, répond Je suis Fassbinder, dont Falk Richter a écrit le texte au jour le jour, en tenant compte des cinq interprètes et de l’actualité, qu’il confronte à celle des années 1970.” – Le Monde

– “Entre Nordey et Richter, le compagnonnage a débuté en 2008, à Avignon. Quand il pris la direction du Théâtre national de Strasbourg, Nordey a fait appel à ce “frère de théâtre” pour créer une nouvelle pièce, écrite après les attentats de janvier 2016. Ils sont Fassbinder comme on est Charlie ou comme on est en terrasse. Entre la terreur des années 70 et celle d’aujourd’hui, Fassbinder est le lien dramaturgique. Et ça attise et gratte férocement.”  Le JDD

– “Les scènes sur l’Europe et ses faillites sont frappantes. Au sol, par endroits le tapis blanc du film Les Larmes amères de Petra von Kant, et aussi une foule d’images nées d’un créateur et travailleur acharné qui fut incroyablement prolifique (une quarantaine de films en moins de quinze ans). Judith Henry (superbe actrice !), Laurent Sauvage, Eloïse Mignon, Stanislas Nordey et Thomas Gonzalez (qui devrait se présenter à l’Eurovision) sont formidables.” – La Terrasse

– “Au fil des divers tableaux et des différents moments, on retrouve les poncifs d’un discours unilatéral, globalisateur, culpabilisateur sur la prochaine arrivée de la « bête immonde » qui hante certains esprits incapables de se détacher de l’obsession du nazisme, au point de ne pas voir ce qui fait la singularité des questionnements contemporains. La pièce n’en demeure pas moins un grand moment de théâtre, servi par des acteurs formidables (Stanislas Nordey et Laurent Sauvage, Judith Henry, Eloise Mignon et Thomas Gonzalez). Tous se glissent avec talent et entrain dans les doutes de Fassbinder et de ses épigones.” – Marianne

– “Stan (Fassbinder) Nordey est un « héros » magnétique et d’une grande clarté. Laurent Sauvage impressionne dans le rôle de la mère désemparée. Judith Henry incarne avec autant de justesse une femme stressée qu’un continent blessé. Thomas Gonzalez et Eloïse Mignon irradient de leur fraîche insolence ce grand barnum politique et polémique. « Je suis Fassbinder », c’est le théâtre qui dit le monde en direct. Et croit pouvoir encore le changer, peut-être.” – Les Echos

– “Stanislas Nordey et Falk Richter prennent modèle sur le cinéma de Fassbinder pour réinventer un théâtre politique puisant à l’intime.
Leur brûlot commun met à nu les fractures de notre continent dévasté.” – Les Inrocks

– “On s’est posé la question de la parole des artistes… Mourir pour des idées… L’artiste n’a plus le droit de dire ce qu’il pense. Fassbinder était totalement libre. Il ne se censurait jamais. Le spectacle raconte une société en mouvement. Un des points de départ a été la nuit de Cologne, les agressions sur les femmes.” – Interview de Stanislas Nordey pour Madame Figaro

 

Britannicus_affiche_Comédie-Française

2. Britannicus, première mise en scène de Stéphane Braunschweig à la Comédie-Française et premier rôle de Dominique Blanc en tant que nouvelle pensionnaire :

– “Britannicus est l’une des tragédies les plus connues de Racine. Véritable tissu d’intrigues politiques où se mélangent les histoires intimes, amoureuses et familiales, elle met en scène la métamorphose d’un homme, Néron, en tyran, dans une lutte pour le pouvoir avec sa mère Agrippine.” – Arte Info

– “Ne boudons pas les plaisirs qu’offre ce Britannicus année 2016, qui redonne une actualité à une pièce écrite en 1669, laquelle va chercher son sujet dans l’Antiquité romaine, et pose une question d’importance : comment un homme de pouvoir se transforme-t-il en tyran ?” – Le Monde

– “La langue de Racine coule de la bouche des acteurs, sans que les alexandrins ne sonnent appuyés ou déclamatoires. Tous donnent à leur personnage cette ambivalence si racinienne et que creuse Braunschweig avec dextérité, passionné par ce point de rupture qui voit soudain l’homme de pouvoir se décomposer.” – France TV Info

– “Dans ce thriller glacé vu par Braunschweig, la violence est feutrée, subtile, sans aspérités. Le jeu finement nuancé de Dominique Blanc marie fermeté, habileté et douceur. Laurent Stocker compose un tyran en devenir froid, lisse, à l’image de certains dirigeants actuels. Hervé Pierre est un Burrhus humain, Stéphane Varupenne, un jeune Britannicus tout en sincérité, Benjamin Lavernhe un Narcisse terrifiant et Georgia Scalliet une sensible Junie. Tous dignes interprètes de la tragédie.”  Le JDD

– “Les interprètes réunis sont excellents. Mais Stéphane Braunschweig exige d’eux, à l’exception de Dominique Blanc, une énonciation très rapide et blanche qui arase volontairement toute émotion. Quelle drôle d’idée! Pourquoi rajouter à la froideur sans harmonie de l’esthétique générale cet autre carcan formel? Si la langue, si les âmes ne palpitent pas, on trahit Racine.” – Le Figaro

– “Tout en nuance et virtuosité, Dominique Blanc est une Agrippine solaire. Tour à tour volontaire et manipulatrice, séductrice et habile, elle porte haut cette distribution à l’unisson où le cristal de la langue scande au rythme de la passion et de la turpitude des êtres. Dans le rôle de Néron, Laurent Stocker incarne tout le trouble de son personnage aux prises entre le désamour de sa mère et la distanciation cruelle de son action.” – Publik’Art

– “Entendre Burrhus, entendre Narcisse, entendre Agrippine c’est comprendre une dialectique aussi précise que concise. C’est dans la fluidité du discours et sa maîtrise que l’intelligence des personnages éclate. Laurent Stocker, Néron, en joue habilement qui heurte la scansion racinienne tant que n’est pas abouti son projet. C’est d’autant plus flagrant face à Agrippine. C’est avant tout par le discours et sa maîtrise obtenus qu’il devient le tyran.” – Un Fauteuil pour l’orchestre

– “On ne voit pas passer ces deux heures de thriller politique aux répliques cinglantes. Le public aux anges fait un triomphe à la reine déchue et à l’empereur maudit. Plus haletant qu’un 49-3 ou qu’une course à la présidence...” – Les Echos

– “Britannicus est basée sur les intrigues du pouvoir. Stéphane Braunschweig l’inscrit dans un décor d’aujourd’hui pour en faire l’écho de batailles politiques qui pourraient se dérouler à notre époque. Son parti pris est très contemporain. Incarner une femme politique de notre siècle me permet d’aller dans le sens de la grande modernité qui existe dans le personnage d’Agrippine.” – Interview de Dominique Blanc pour Le Monde

 

le vide essai de cirque_Monfort

 

3. Reprise au Monfort Théâtre du Vide – essai de cirque, un spectacle de Fragan Gehlker, cordéliste incroyablement talentueux :

– “Où il est permis de parler de come-back triomphal, puisqu’une première série de représentations dans la salle excentrée du XVe arrondissement parisien avait fait grand bruit en 2014. Public enthousiaste, salle comble, critique dithyrambique….” – Libération

– “Avec 22 mètres de hauteur sous plafond, au Monfort, à Paris, ce qui finit par ressembler à un long numéro qui ne marche jamais prend le goût d’un bad trip, les chutes fracassantes des cordes scandant les grimpes et les descentes de l’acrobate. Vingt-deux mètres sans cesse mesurés à l’aune du vertige et de la brutalité d’accidents qui surgissent à l’improviste.” – Le Monde

– “La maîtrise de l’agrès, la perfection des figures, la prise de risque sont époustouflants. La mise en scène, en ce qu’elle dynamite complètement l’espace scénique (entrée par les coulisses, fauteuils déboulonnés, inversion du code lumières allumées/lumières éteintes, etc.) et le temps de la représentation (artistes en scène dès l’entrée du public, qui continuent la représentation tandis que le public sort) est déboussolante autant que captivante.” – Toute la Culture

– “Fragan Gehlker a donc la grimpette aiguë et s’esquive par le toit pointu de la salle. Normal, puisqu’il n’a plus de corde pour redescendre autrement. On entend ses pas sur la paroi, on le voit réapparaître par le parterre. C’est simple comme tout mais passablement dangereux.”  Les Inrocks

– “Drôle parce que jouant avec la peur des chutes et le contrepoint entre scène et enregistrements cocasses ; spectaculaire parce que repoussant sans cesse les limites du risque jusqu’à le laisser croire excessif ; émouvant surtout lorsque l’accompagnement au violon – musique sur un fil, malingre et fragile – accompagne quelques ascensions et descentes de corde ; mais aussi superbe parce s’achevant dans un final aussi bouleversant qu’intelligent.” – La Terrasse

– “Faire, refaire. Cette modeste sagesse imprègne l’histoire du spectacle lui-même  : monté dix-neuf fois depuis sa création en 2009, réécrit par Maroussa Diaz Verbeke en 2012, sans cesse ajusté aux lieux qui l’accueillent, il est de retour au Monfort pour la seconde fois.” – La Croix

– “Les cordes finissent toutes par le lâcher mais il continue, accompagné par la musique classique et sublime qu’interprète Alexis Auffray, le violoniste. Le mythe de Sisyphe n’est pas loin.”  Telerama

 

Britannicus, Néron et… Dominique Blanc

Britannicus – spectacle vu le 8 mai 2016
A l’affiche de la Comédie-Française jusqu’au 23 juillet 2016
Mise en scène : Stéphane Braunschweig
Avec : Clotilde de Bayser, Laurent Stocker, Hervé Pierre, Stéphane Varupenne, Georgia Scalliet, Benjamin Lavernhe, Dominique Blanc et les élèves-comédiens de la Comédie-Française

 

“Et ton nom paraîtra, dans la race future, – Aux plus cruels tyrans une cruelle injure.” – Britannicus, Jean Racine

 

Une porte immense et immaculée en avant-scène. Une porte posée, là, qui ne clôt aucun espace. Une porte seule, sans mur aucun. Une porte qui disparaîtra plus tard mais qui, pour l’heure, dévoile une Agrippine qu’on attendait depuis longtemps. Car il nous aura fallu de la patience, à nous autres fidèles spectateurs du Français. Qui avions eu la bonne surprise de voir Eric Ruf confier à Stéphane Braunschweig la mise en scène de Britannicus. Qui avions appris l’engagement de Dominique Blanc au sein de la troupe, dont le premier rôle serait celui d’Agrippine. Qui avions découvert plus tard le reste de la distribution. Georgia Scalliet en Junie, Laurent Stocker en Néron, Stéphane Varupenne en Britannicus, Benjamin Lavernhe en Narcisse, Hervé Pierre en Burrhus – l’affiche faisait déjà rêver.

Le résultat est à la hauteur de l’attente. D’abord parce que la mise en scène du tout nouvel administrateur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe est précise, fluide, accessible, soignée, léchée, esthétique et concrète. Dans un décor ultra contemporain – immense table ornée de chaises en cuir et moquette “rouge puissance” – se dressent ces fameuses portes, symboles des coulisses du pouvoir.

 

Britannicus_Dominique-Blanc-Hervé-Pierre-Clotilde-de-Bayser-Comédie-Française
© Brigitte Enguerrand – collection Comédie-Française

 

Le résultat est là parce que Dominique Blanc est une immense tragédienne. Le personnage d’Agrippine évolue énormément tout au long de la pièce, ce qui permet à la nouvelle pensionnaire de dévoiler la palette inouïe de son jeu. Préoccupée par le changement de son fils, ambitieuse, possessive et craignant de ne plus exercer sur Néron l’autorité d’antan, elle cherche la meilleure alliance possible. Vaut-il mieux s’unir au fils de son second mari, Britannicus – un Stéphane Varupenne touchant de sincérité ? Ou bien à Burrhus, le gouverneur de Néron – formidable Hervé Pierre, tout en mansuétude et humanité ?

Le long plaidoyer-réquisitoire de l’acte IV, au cours duquel Agrippine tente d’obtenir la libération de Britannicus par Néron, est le point culminant de la pièce. Car pour tenir tête à Dominique Blanc, il ne fallait pas moins que le remarquable talent de Laurent Stocker. Ce “monstre naissant”, tel que le décrit sa propre mère, ce Néron assoiffé de pouvoir, prêt à tout pour le conserver, y compris faire assassiner son demi-frère. D’un point de vue plus psychologique, Stéphane Braunschweig veut montrer que “l’impossibilité d’obtenir l’amour de sa mère se retourne en haine”.

 

Britannicus Laurent-Stocker-Stephane-Varupenne-Comédie-Française
© Brigitte Enguerrand – collection Comédie-Française

 

Laurent Stocker campe un Néron comme pris au piège de son propre destin. Sous l’influence de Narcisse – Benjamin Lavernhe, glacial de détermination et de duplicité – il va commettre des crimes qui le dépassent : enlever Junie (la touchante Georgia Scalliet), se parjurer face à sa mère, emprisonner puis assassiner Britannicus. Laurent Stocker laisse percevoir un personnage qui est tout sauf manichéen. Comme le sont et le seront toujours les tyrans de son espèce.

Stéphane Braunschweig et Dominique Blanc font tous deux leur entrée dans la maison de Molière, leur Agrippine est au centre d’un spectacle très réussi 

1 – La scénographie traduit parfaitement le souhait de Stéphane Braunschweig de transposer la tragédie de Racine dans les coulisses d’un pouvoir façon “House of Cards” .
2 – Autour d’une nouvelle pensionnaire transcendante, les comédiens du Français nous livrent un jeu précis, nuancé, fluide, incisif et saisissant.
3 – Ce texte écrit en 1669 semble d’une terrible actualité, dans sa version  “braunschweigienne” 2016.

Griselidis Coraly Zahonero Comédie-Française

Revue de presse du 11 mai 2016 : Grisélidis, Les Faux British, Und et La déplacée ou la vie à la campagne

1. Au Studio-Théâtre de la Comédie-Française, Coraly Zahonero clôture la série des Singulis avec son Grisélidis que l’on pourra retrouver au Festival d’Avignon cet été :

– “Au Studio-Théâtre de la Comédie-Française, la sociétaire Coraly Zahonero évoque en mots et en musique un destin hors norme (…) celui de Grisélidis Réal, une femme qui a marqué les esprits et continue de fasciner le monde du théâtre.” – Le Figaro

– “Courtisane, poète et peintre, Grisélidis Réal a fait de sa vie la matière de ses écrits. Elle devient aujourd’hui celle d’une performance théâtrale de Coraly Zahonero, qui revendique ce spectacle comme un acte militant en tant qu’artiste et en tant que femme.”  Télérama

– “Coraly Zahonero a puisé dans les écrits et aussi dans les interviews données ici et là par cette femme de grand caractère, cette femme dérangeante. Elle a construit un spectacle assez sophistiqué, s’entourant de deux jeunes musiciennes très douées à la belle présence : Hélène Arntzen aux saxophones et Floriane Bonanni au violon.” – Le Blog du Figaro

– “La praxis sans la théorie et inversement n’a aucun intérêt, c’est ce qu’on se dit en écoutant les mots de la prostituée, qui de toute expérience fait son miel narratif et réflexif. Mouvements de main délicat, maintien parfait, buste droit, yeux qui aimantent : le corps raconte tout, et il faut redire que Coraly Zahonero, qui a tout conçu, du choix de texte à la mise en scène, est parfaite dans son incarnation.” – Libération

– “La scénographie et la musique accompagnent notre réflexion. Le boudoir succède à la rue avant que le ciel bleu cru et provocant du final renvoie au saxophone doux mais nerveux de l’ouverture. On accompagne Grisélidis dans son gagne-pain, on la voit amoureuse, on épouse ses combats.” – Toute la culture 

– “Je rejoins Grisélidis dans son combat contre l’injustice et l’hypocrisie. Comme elle l’a dit, il faut mettre sur la table la vérité, il faut la regarder en face et il faut l’accepter, il faut la soutenir, il faut la démystifier. La scène de théâtre est, pour moi, le lieu où l’on peut mettre à nu les vérités humaines.” – Interview de Coraly Zahonero pour La Terrasse

 

 

Les-faux-british-affiche-Saint-Georges

2. Après avoir triomphé au Tristan Bernard, Les Faux British font salle comble tous les soirs au Théâtre Saint-Georges :

– “C’est une petite pièce sans tête d’affiche qui cartonne depuis janvier au Théâtre Saint-Georges, après plusieurs mois à guichets fermés au Tristan Bernard : “Les Faux British”, sorte de jeu de Cluedo transféré à la scène, font se plier de rire les spectateurs (…) La pièce doit jouer jusqu’à l’été, voire reprendre à la rentrée et une tournée en région est envisagée avec une autre équipe.” – Le Parisien

– “La pièce fut un succès à Londres et son adaptation théâtrale par la joyeuse équipe de la compagnie des Femmes à barbe (qui s’était déjà illustrée avec La Taverne de Münchausen, cabaret XVIIIe sur le fil du stand-up) est réussie (…) Personnages tout droit tirés du Cluedo (le majordome, la jeune première…) et mobiles cousus de fil blanc font la saveur kitsch du spectacle. ” – Télérama

– “La trame du polar est secondaire, elle est classique et convenue. Tout repose sur la mécanique des gags. Parfaitement rythmée, celle-ci est clairement basée sur les nombreux incidents qui peuvent émailler une représentation d’amateurs passionnés mais peu rodés, et les idées, telles que l’écroulement des décors, sont du déjà vu mais c’est précisément cette addition des situations comiques attendues qui crée la dynamique de la pièce.” – Artistik Rezo

– “Décor kitsch et comédiens forçant le trait avec un plaisir sans bornes, gags potaches et répliques en boucle, confusion des rôles et héros maladroits. Menée sans le moindre temps mort, cette comédie foutraque emprunte à la fois aux Monty Python et au Cluedo, et sa mécanique infernale suscite des éclats de rire débridés.” – Elle

– “Erreur dans les répliques, manque de rigueur, accessoires oubliés, portes bloquées et comédiens assommés. Les ratages s’enchainent et la représentation vire au fiasco. Après une heure trente de rythme effréné le public sort réjouit par la performance des comédiens et le ton très “Monty Python” de la pièce.” – France TV Info

 

Und_affiche-Theatre de la Ville

3. Und, texte d’Howard Barker, est mis en scène par Jacques Vincey au Théâtre des Abbesses, avec Natalie Dessay dans le rôle titre :

– Quelle performance ! Seule en scène pendant près d’une heure vingt, en équilibre instable sur un tabouret, Natalie Dessay époustoufle dans Und, actuellement à l’affiche du théâtre de la Ville (aux Abbesses). Créée à l’Olympia de Tours, cette adaptation en français de la pièce d’Howard Barker était une gageure. Pour ses débuts au théâtre, Natalie Dessay aurait pu choisir un texte plus facile que ce monologue d’une femme au bord de la folie. La chanteuse ne s’est pourtant pas défilée lorsque Jacques Vincey lui a proposé de se confronter à ce drame énigmatique.” – Le Point

– Mise en scène par Jacques Vincey dans Und, une pièce d’Howard Barker inédite en France, Natalie Dessay réalise son rêve de toujours : jouer au théâtre. Servie par une magnifique scénographie, elle livre une première interprétation pleine de virtuosité (…) Pendant une heure et dix minutes, Nathalie Dessay réussit à faire vivre une matière aride, déconcertante, a priori impénétrable, à laquelle personne en France n’avait jusqu’ici eu le courage de se mesurer.” – La Croix

– “Un moment très musical car ce texte est une partition. Mais soulignons à quel point l’interprète sait à merveille, et sans effets, dans une retenue, une sobriété qui forcent l’admiration, exprimer avec une vertigineuse finesse toutes les nuances de la pensée, obscure, de Barker. Pari réussi haut la main par cette artiste qui veut toujours se dépasser et qui, ici, montre à quel point elle est profonde, grave, déterminée.” – Le Figaro

– “La femme que l’on écoute est tour à tour impérieuse, effrayée, joyeuse, sarcastique, froide, vaniteuse, etc. Elle est là où on ne l’attend pas. De plus, il est clair que Howard Barker a un vrai intérêt pour la voix, lui qui a aussi travaillé pour l’opéra et la radio. Natalie Dessau module parfaitement et à loisir son instrument. La scénographie est d’une incroyable beauté. Les blocs de glace fondent lentement. Les gouttes, qui tombent sur le sol revêtu d’une immense bâche en plastique, résonnent et rythment les mots et les gestes.” – Les Trois Coups

– “Prise dans le tourbillon irrésistible d’une chute annoncée, Natalie Dessay passe de l’arrogance à la souffrance. Elle est incomparablement belle dans la douleur. Dans la mise en scène incisive de Jacques Vincey, elle porte peu à peu le malheur et la peur de l’inconnu. Jusqu’au dernier de ses mots, elle ne livrera pas ses secrets. En a-t-elle d’ailleurs ?” – Froggy’s Delight

– “Il fallait du courage pour accepter ce texte et pour cohabiter avec un décor aussi surprenant qu’éblouissant : Natalie Dessay joue pendant une heure quinze avec des blocs de glace suspendus au-dessus d’elle. Ils fondent peu à peu, s’écoulent sur elle et autour d’elle dans un long goutte-à-goutte, avant de se fracasser sur scène.”  France Info

– “Natalie Dessay, dont le talent d’actrice explosait à l’opéra tant dans le drame (“Lucia di Lammermoor”) que dans la comédie (“La Fille du régiment”) reconnaît que “pontanément, (elle) aurait choisi une pièce chorale. Ce n’est que partie remise: elle travaille pour 2017 à un projet de pièce drôle, du Feydeau.” –  France TV Info

 

LA-DEPLACEE-OU-LA-VIE-A-LA-CAMPAGNE

 

4. Le Théâtre du Soleil accueille la mise en scène par Bernard Bloch de La Déplacée ou la vie à la campagne, une pièce totalement méconnue de Heiner Müller :

– “Le texte est fort et la mise en scène appuie le trait. Neuf chaises et des va et vient énergiques entre elles. Neuf jeunes acteurs talentueux interprètent vingt-cinq personnages (dont un cheval et un chien). Les rôles semblent interchangeables ce qui assoit la figure allégorique de ce microcosme agricole et qui donne  au récitatif toute sa place et sa force.” – Toute la culture 

– “La mise en place paraît dans un premier temps, hypnotique, voire trop statique. Mais ce jeu empesé de marionnettes va bientôt révéler la mutation des personnages et les déplacements vont se fluidifier. A cause de leurs contradictions, leur endoctrinement et l’inévitable dimension de la nature humaine à la domination des uns sur les autres, leur marche vers le communisme va s’accélérer.” – Un fauteuil pour l’orchestre

– “La pièce est jouée par neuf jeunes acteurs et actrices habillés de noir, sur une scène quasiment nue. La mise en scène n’aide pas à se concentrer sur ce texte très dense. On reste perplexe devant ce spectacle aujourd’hui archéologique.” – Telerama

– “Cette pièce est née suite à une proposition de l’Ecole de l’Ecole de Théâtre de l’Essonne (EDT91). Neuf acteurs âgés de 20 à 28 ans interprètent vingt-cinq personnages (dont un cheval et un chien). Il est intéressant et assez inhabituel pour ces jeunes comédiens de se confronter à un théâtre politique qui met en jeu des figures historiques et sociales, et qui permet à travers la réalité du passé d’interroger d’autres futurs possibles.” – Interview de Bernard Bloch pour La Terrasse

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Compagnie au Studio-Théâtre : “Soyez câlins !”

Compagnie de Samuel Beckett – Spectacle vu le 16 avril 2016
A l’affiche du Studio-Théâtre de la Comédie-Française jusqu’au 24 avril 2016
Conception et interprétation : Christian Gonon
Collaboration artistique et dramaturgie : Pascal Antonini
Lumières : Julien Barbazin

 

“Compagnie”, écrit par Samuel Beckett 9 ans avant sa mort, a été joué en 1984 par Pierre Dux, avec une mise en scène de Pierre Chabert. L’auteur irlandais qui, de façon générale, ne voulait pas expliquer intellectuellement son œuvre, s’était néanmoins livré à cette confidence : “Soyez câlins avec ce texte !”.

Aujourd’hui, c’est Christian Gonon qui nous offre cet objet théâtral difficilement identifiable ; une heure de spectacle sépare la première phrase : “Une voix parvient à quelqu’un dans le noir. Imaginer” de la dernière : “Seul”. Dans cet intervalle, nous remontons le temps et partageons différents souvenirs de l’enfance de l’écrivain : naissance, relation aux parents, transport amoureux, soin d’un animal. La solitude et la finitude de la condition humaine sont abordées via des mots réalistes et crus.

 

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©Vincent Pontet – coll. Comédie-Française

 

Le mental-seul n’est pas de la meilleure compagnie pour réaliser ce voyage initiatique et accepter ce saut dans le vide qui nous interroge sur le sens de notre propre vie !

Christian Gonon, seul en scène, apporte délicatesse par rapport aux mots et aux silences, humour pudique et sensualité à ce puissant travail de dissection de l’âme humaine, préparé avec Pascal Antonini, depuis plusieurs mois.

En ne retenant qu’une phrase, Christian Gonon choisit de nous dire : “Si tes yeux venaient à s’ouvrir, le noir s’éclaircirait“.

“Compagnie” est superbe –les lumières en clair/obscur favorisant le regard intérieur-, déconcertant et hypnotisant ! Courez-y !

Magali Rosselo

 

Revue de presse du 13 avril 2016 : Old Times, Nos serments et Cabaret Léo Ferré

 

 

1. La pièce du londonien Harold Pinter Old Times ne convainc pas, en dépit d’un remarquable trio de comédiens :

– “La mise en scène esthétisante de Benoit Giros ne parvient pas à rendre le mystère et la tension dramaturgies inhérents à la structure de l’écriture au détriment d’une lecture trop sage, trop objective, dommage.” – Publik’Art

– “De bons acteurs seuls ne suffisent pas à envoûter un parterre de spectateurs ni à extirper un texte plat et cryptique de sa torpeur.” – Time Out

– “Il y a beaucoup de talents réunis. Les deux comédiennes ont une autorité intérieure face à l’homme, plus fragile...” – Le blog du Figaro

“Piégé par la construction diabolique de la pièce, Benoît Giros gâche ses atouts.” Le Point

“Benoît Giros ne parvient pas à trouver le ton juste des abîmes pintériens et l’interprétation, trop pragmatique, passe à côté.” Le JDD

“Si Emmanuel Salinger, en contre-emploi et au jeu démonstratif, convainc peu, le duo formé par Marianne Denicourt et Adèle Haenel fonctionne parfaitement.” Froggy’s Delight

– “La pièce de Pinter est filandreuse, molle ; la mise en scène fantomatique. Pourquoi être allé rechercher cette vieille et faible pièce des années 1970 ?” – Telerama

– Interview d’Adèle Haenel pour L’Express

 

2. Nos serments, la nouvelle création très réussie de Julie Duclos de retour au Théâtre de la Colline :

– “Un spectacle marquant et attachant porté par une inspiration singulière.” – Publik’Art

– “Julie Duclos fait du théâtre au présent à partir d’un film du passé et réussit un coup d’éclat : restituer, en la réinventant, la trame narrative du film de Jean Eustache, La Maman et la Putain.” – Les Inrocks

– “Le spectacle devient vaudeville sentimental habité par la grâce. Affranchi du cinéma, Nos serments distille la micro-magie du vécu propre au théâtre.” – Les Echos

– “Julie Duclos, dont c’est seulement la troisième mise en scène, se révèle une excellente directrice d’acteurs dans sa capacité à toujours laisser respirer les situations sans rien hâter.” – Libération

– “Ces amours temporaires, abondamment commentées par ceux et celles qui les vivent, ont quelque chose de rohmérien, à l’image de la vaillante héroïne, jouée par la lumineuse Alix Riemer. L’ensemble est savoureux et très juste.” – Telerama

– “La scénographie, les lumières, le son, la mise en scène : tout est travaillé avec précision, tout est réalisé avec un indéniable talent.” – La Terrasse

– “Les comédiens de la compagnie l’In-quarto dégagent une présence immédiate, réelle et théâtrale, en étant à la fois eux-mêmes et le personnage.” – Le JDD

 

3. Comme chaque année, la Comédie-Française propose son Cabaret ; cette année Léo Ferré à l’honneur :

– “Le charme du spectacle repose sur l’interprétation sensible, ciselée, à fleur de peau -jamais ampoulée ou mélo.” – Les Echos

– “Aucun de ces comédiens n’a de disque à vendre. Relayer l’émotion est leur seul but.” – TV5 Monde

– “Les morceaux choisis évoquent, la révolte, la mélancolie, l’amour des femmes, de Paris, des mots et même des poètes.” – Le Huffington Post

– “Sous la direction artistique de Claude Mathieu, sept Comédiens-Français (Martine Chevalier, Véronique Vella, Alexandre Pavloff, Julie Sicard, Serge Bagdassarian, Christophe Montenez et Pauline Clément) parviennent à restituer par bribes le style d’un artiste solitaire qui cultivait le mélodrame, les effets du chanté/parlé et tutoyait les anges.” Le Telegramme

– “La scénographie, les lumières, le son, la mise en scène : tout est travaillé avec précision, tout est réalisé avec un indéniable talent.” – La Terrasse

– “Un cabaret parfaitement composé, accompagné par l’habituel complice et directeur musical Benoît Urbain au piano et à l’accordéon, Paul Abirached à la guitare, Olivier Moret à la contrebasse et Alain Grange au violoncelle.” – Le JDD

 

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Cabaret Léo Ferré au Studio-Théâtre

Cabaret Léo Ferré – Spectacle vu le 19 mars 2016
A l’affiche du Studio-Théâtre de la Comédie-Française jusqu’au 8 mai 2016
De Léo Ferré
Direction artistique : Claude Mathieu
Direction musicale :  Benoît Urbain
Avec les comédiens : Martine Chevallier, Véronique Vella, Alexandre Pavloff, Julie Sicard, Serge Bagdassarian, Christophe Montenez et Pauline Clément
Et les musiciens : Benoît Urbain, Paul Abirached, Olivier Moret et Alain Grange

Ni Dieu, ni Maître !

Spectacle d’une heure sur les œuvres du chanteur libertaire, la magie est liée à l’interprétation subtile des 17 chansons par les 7 comédiens du Français ; le choix des œuvres paraissant en parfaite harmonie avec la personnalité que chacun a voulu nous offrir. Toutes les dimensions du poète en ressortent magnifiées et nous sommes emportés par l’utopie, la soif de liberté et le jusqu’au boutisme de cet auteur au genre unique.

Parmi ce voyage de 50 ans de créations, quelles seraient les 3 chansons qui nous entraineraient particulièrement dans la passion et l’émotion ?

Le trio de la Maffia constitué par Serge Bagdassarian, Alexandre Pavloff et Christophe Montenez (quelle voix !), nous terrorise, et nous sommes prêts à accepter à peu près n’importe quoi et « Tant pis si t’es au bas d’l’affiche, t’avais qu’à êt’ dans la Maffia ».

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©Vincent Pontet – coll. Comédie-Française

Le Paris Canaille des années 1955 nous saute au visage grâce à la fougue et à la puissance unique de Véronique Vella et à « ses Brins des Lilas, Fleurs de Pantin et ses p’tits tapins qui font merveille ».

Enfin, La Mélancolie incarnée par Martine Chevallier nous transperce, aligne en nous l’humain et le divin !

Au-delà d’une interprétation alliant profondeur et légèreté, c’est le travail de l’équipe sur tout le spectacle qui émane. « Concentration, fraternité et attention qualifient autant nos répétitions que les relations entre nous, et cela à chaque représentation », nous dévoile Martine Chevallier.

Le spectateur le sent et en ressort transformé. Sans hésiter, offrez-vous ce présent avec ces compagnons respectueux de Léo Ferré !

Magali Rosselo

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Interview d’Elliot Jenicot

Interview d‘Elliot Jenicot, pensionnaire de la Comédie-Française – 1er avril 2016
Au sujet de son Singulis Les fous ne sont plus ce qu’ils étaient à l’affiche du Studio-Théâtre jusqu’au 10 avril 2016, puis en tournée la saison prochaine

 

“J’ai entamé ma cinquième saison au Français, c’est déjà fabuleux pour le sauvage que j’étais !…”

S’il évoque son passé de sauvage, il se définit également comme “un éternel amoureux”, un brin idéaliste. Son immense générosité, il ne peut certes pas la renier. Elle déborde, qu’il soit sur une scène de théâtre ou attablé à une terrasse de café. Fan de musique (“elle m’a beaucoup inspiré pour écrire mes spectacles” évoque-t-il), il semble tout droit sorti d’un groupe de rock, avec ses faux airs d’Iggy Pop.

Arrivé il y a cinq ans à la Comédie-Française (“quand Muriel Mayette m’a contacté, elle m’a laissé vingt-quatre heures pour me décider”) il n’avait jamais joué de pièce, en dépit de ses trente années de tournées internationales. Formé au théâtre de rue, au cirque, au music-hall, au café-théâtre, il découvre Place Colette un tout autre univers. Il avoue avoir craint, au tout début, de ne pas se sentir légitime. Et cependant, chacune de ses apparitions sur scène est un pur bonheur ! Pas uniquement dans des rôles de “clown”, comme ceux d’Achille de Rosalba dans Un chapeau de paille d’Italie de Corsetti ou du Sauvage dans 20 000 lieues sous les mers de Christian Hecq et Valérie Lesort. Il nous étonne et nous émeut lorsqu’Eric Ruf lui fait camper un comte de Pâris (Roméo et Juliette) tout en retenue et sobriété. Ou lorsqu’il donne vie à l’unique personnage masculin de La Maison de Bernarda Alba de Lilo Baur.

Et puis, un jour de novembre 2014, alors qu’il devait proposer une lecture au Vieux-Colombier, il surprend son monde en présentant un spectacle sur des textes de Raymond Devos. Une sorte de mise en abîmes, une façon de se raconter lui-même tant le destin de l’un résonne dans le parcours de l’autre… Le Singulis Les fous ne sont plus ce qu’ils étaient vient de naître. Souhaitons-lui longue vie. Qu’il soit l’occasion pour un public le plus large possible de découvrir ou redécouvrir le mirifique Elliot Jenicot.