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L’Avare, version dynamite de Ludovic Lagarde

L’Avare – spectacle vu le 23 avril 2016 à la Comédie de Reims.
Voir les dates de tournée ici
Mise en scène : Ludovic Lagarde
Avec : Laurent Poitrenaux, Christèle Tual, Julien Storini, Tom Politano, Myrtille Bordier, Alexandre Pallu, Marion Barché, Louise Dupuis

La peste soit de l’avarice, mais pas de cet Avare-là !

Harpagon est dans l’import-export et il a transformé sa maison en entrepôt pour garder sous les yeux sa marchandise : des dizaines de caisses, palettes, boîtes, s’amoncellent sur le plateau. Mais aujourd’hui, on lui a donné du « cash », qu’il a dû dissimuler dans son jardin. Angoisse insupportable, le jour où il doit annoncer son mariage avec la jeune Marianne…

C’est l’une des nombreuses grandes idées de Ludovic Lagarde, qui s’empare de ce classique en le transposant dans notre siècle actuel. Ce qui est toujours un défi : les exégètes ronchons s’interrogent souvent sur l’utilité de ce qui peut être perçu comme une coquetterie. Il n’est en rien ici !

Tout au long de ces 2 heures 40, on entend Molière sous un jour inédit, grâce aux efficaces trouvailles qui en soulignent le sens… Au point qu’on se demande souvent si le texte n’a pas été réécrit, tant il semble coller à ces partis-pris de mise en scène. C’est ici que la magie survient : pas une ligne n’a été modifiée (à l’exception de la toute fin, allégée), et tout fonctionne à merveille.

 

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©Pascal Gély

La troupe de comédiens réunie par Ludovic Lagarde a l’énergie communicative. Il faudrait tous les citer, mais on retiendra Alexandre Pallu, qui compose un hilarant Valère, lèche-bottes et manipulateur, Myrtille Bordier, qui campe une Elise à la limite de la bipolarité, et Louise Dupuis, formidable Maître Jacques, tenancière de food-truck, toute en irrévérence gouailleuse.

Et puis, bien sûr, il y a Laurent Poitrenaux. Il virevolte, il sautille. Il éructe, il minaude. Il s’agite, il s’étire. Il terrorise son petit monde, tout en souffrant au plus profond de son propre avarice. Il exploite au mieux la palette infinie de son jeu et de son corps élastique pour nous proposer un Harpagon halluciné, emprisonné dans sa folie violente, absurde sans être mortifère, presque flamboyante. Ce soir-là, à la Comédie de Reims, les 700 spectateurs se sont levés d’un seul homme pour une longue ovation. Et cet hommage unanime, rare sur une scène nationale, était payé comptant.

Cet Avare a été créé en octobre 2014 à la Comédie de Reims et a beaucoup tourné depuis : la centième n’est pas loin, d’autres dates sont à venir en Province et c’est tant mieux !

1 – Les trouvailles de Ludovic Lagarde et de ses comédiens ne sont jamais gratuites et on entend le texte de Molière comme rarement.
2 – Laurent Poitrenaux, hallucinant Harpagon, chef d’entreprise et de famille, mène une troupe à l’énergie communicative.
3 – Il est réellement incompréhensible qu’aucune scène nationale parisienne n’ait encore programmé cet Avare…il est encore permis d’espérer.

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Revue de presse du 27 avril 2016 : Sur les cendres en avant, Bovary et Valentina-Tchernobyl

 

 

1. Sur les cendres en avant, la dernière création de Pierre Notte au Théâtre du Rond-Point est une comédie (en)chantée :

“La musique, signée également de l’auteur, est bonne, avec ses leitmotivs à la Michel Legrand, mâtinés de Kurt Weill et d’Astor Piazzolla. Le chant s’avère juste et vibrant, la mise en scène, astucieuse.” Les Echos

“Quand le texte est travaillé avec jeux de sonorités, de mots et d’esprit, il « prend », et c’est un bonheur.Télérama

“Une heure trente durant, les quatre comédiennes chantent. Chantent sans s’arrêter, respirant avec un naturel de grandes pros!LeFigaro

“Pierre Notte au sommet de sa forme, avec son talent de dialoguiste hors-pair et son humour décalé, a poli des perles de répliques, s’amusant de toutes les situations et faisant dire à ses personnages des phrases improbables et parfois même surréalistes.Froggy’sDelight

“Elles ont des vies de merde qu’elles subliment en les chantant. Les airs sonnent « comme un truc de Michel Legrand ». On a la sensation de tous les connaitre et pourtant ce n’est pas le cas.Toute la culture

“Avec ses personnages populaires, on pourrait se croire chez Jacques Demy et Michel Legrand, mais si on y chante, le ton et l’univers sont ceux de Pierre Notte, un peu fourre-tout, déjanté(…)JDD ***

– Interview de Pierre Notte pour La Terrasse

 

2. Jusqu’au 26 mai, le génie portugais Tiago Rodrigues occupe le Théâtre de la Bastille avec son spectacle Bovary :

– “Tiago Rodrigues signe « Bovary », hymne magnifique à une femme libre qui a failli valoir la censure à Flaubert.” Marianne

– “Rodrigues maîtrise avec naturel et fluidité ce chassé-croisé entre histoire, littérature et théâtre.” – Les Echos

– “Dans des lumières superbes de Nuno Meira, le plateau nu du théâtre se recouvre progressivement des feuilles arrachées au roman par les comédiens, placés devant ou derrières de grosses lentilles à effet loupe sur lesquelles viennent danser la lumière.” – Artistik Rezo

– “On n’a pas envie d’en dire plus : ce travail est ennuyeux, tourne à vide, loin du doute et du tremblement que devraient susciter  les questions soulevées, le sens se dilue, la pertinence se perd, le théâtre s’absente.” –  LeblogduFigaro

– “Comment rendre compte au théâtre du procès, de ces allers-retours incandescents avec le roman jusqu’à en effacer les frontières ? Tiago Rodrigues est un magicien et tout ce qu’il touche se transforme en or.” – L’Humanité

– “Même si Rodrigues et ses interprètes maitrisent habilement l’interaction et les allers et retours entre la littérature, le mythe d’Emma, Flaubert, son procès, on ne retrouve pas dans Bovary, pas toujours bien équilibré, au jeu parfois complaisant, la lumineuse simplicité de son précédent spectacle ni de Antoine et Cléopâtre, présenté au dernier Festival d’Avignon.” – JDD **

– C’est une exploration multidimensionnelle passionnante que nous proposent ici Tiago Rodrigues et ses interprètes.” – La Terrasse

 

3. Pièce librement inspirée de “La Supplication” de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de Littérature 2015, Valentina-Tchernobyl est à découvrir à la Manufacture des Abbesses :

– “Sur la petite scène de la Manufacture, pas de décor : une lumière solaire baigne l’actrice en rouge et noir, qui délivre la parole incandescente de Valentina Timofeïevna Panassevitch. Le théâtre et la littérature confondus en une voix, pour abolir l’oubli et dire la victoire de l’amour.” – Les Echos

– “Le génie de ce spectacle est d’avoir su contrebalancer les visions effroyables des conséquences des radiations nucléaires sur un être humain par une dévotion amoureuse sans limite.” – Reg’Arts

– “Sans aucun pathos, avec une émotion retenue et lumineuse, la comédienne distille les informations réalistes sur la mort lente et horrible tout en faisant sans cesse entendre l’amour qui l’habite.” –  Telerama

– “Le récit mémoriel clair et limpide, mais extrêmement violent et bouleversant par cela-même, est porté avec sobriété et justesse par Coralie Emilion-Languille sous la direction de Laure Roussel.” – Froggy’sDelight

 

SurLesCendresEnAvant Pierre Notte

Sur les cendres en avant : la grande fête macabre de Pierre Notte

Sur les cendres en avant – Spectacle vu le 20 avril 2016
A l’affiche du Théâtre du Rond-Point jusqu’au 14 mai 2016
Texte, musique et mise en scène : Pierre Notte
Avec : Juliette Coulon, Blanche Leleu, Chloé Olivères, Elsa Rozenknop
Au piano : Donia Berriri

Une grande fête macabre et joyeuse sur la question du voisinage”C’est en ces termes que Pierre Notte résume son dernier spectacle.

En cette fin avril 2016, à l’heure où Paris est gris, triste et froid, il est un endroit où se ressourcer et reprendre espoir. Oublier ses tracas le temps d’une parenthèse (en)-chantée… Rendez-vous au Théâtre du Rond-Point, salle Jean Tardieu. Ne soyez pas effrayé par les gravats et décombres qui jonchent la partie droite de la scène. De ces débris, de ces ruines, de ces cendres naîtront des trésors.

Pour raconter un drame de voisinage, Pierre Notte convie sur scène quatre femmes plus ou moins cabossées par la vie. D’abord, il y a Mademoiselle Rose, celle qui reste assise au milieu de ses meubles calcinés. Celle qui n’a que ses jumeaux à la bouche, mais de jumeaux point de trace. Celle qui feint d’ignorer que la cloison a brûlé. Parce qu’elle serait contrainte d’adresser la parole à sa prostituée de voisine. Il y a donc aussi Macha, la putain, qui n’a trouvé d’autre moyen pour subvenir aux besoins de sa sœur Nina. Nina, l’adolescente rebelle en mal de figure paternelle. Nina qui cherche de façon quasi obsessionnelle son épluche-légumes. Nina qui veut de jolies jambes fines de danseuse.
Et puis, surgie sans crier gare et armée jusqu’aux dents, il y a cette femme trompée, jalouse, prête à tout pour sauver son honneur et récupérer son homme.

 

Sur les cendres en avant_2
© Giovanni Cittadini Cesi

Comment ces quatre destins brisés, désespérés parviendront-ils à former un quatuor aussi harmonieux ?
Simplement, l’air de rien, sur des airs spontanés et faciles.
En chansons, en ritournelles, en rengaines et leïtmotivs.
Naturellement, grâce à la poésie instinctive de Pierre Notte qui a su créer cet objet théâtral drôle, tendre, grinçant, léger, pétillant et joliment optimiste.

Au Rond-Point, jusqu’au 14 mai ce ne sont pas les cendres qui vous réchaufferont le coeur, mais les airs d’une truculente comédie de voisinage :

1 – Pierre Notte souhaitait contrebalancer l’aspect très simple et quotidien de l’écriture par la musique et la chanson : pari gagné !
2 – Les quatre comédiennes sont toujours justes, le chant n’altérant pas leur jeu : challenge relevé !
3 – Au final, on sort léger, optimiste, joyeux et réchauffé : soirée gagnée !

 

Pierre_Notte_portrait

Interview de Pierre Notte

Interview de Pierre Notte, auteur, compositeur, metteur en scène et comédien – 15 avril 2016
Au sujet de son spectacle Sur les cendres en avant à l’affiche du Théâtre du Rond-Point jusqu’au 14 mai 2016, puis en tournée

 

“Je crois que j’ai commencé à écrire précisément le jour où j’ai compris que j’avais des difficultés terribles à lire…”

Actuellement à l’affiche du Théâtre du Rond-Point avec sa dernière création, Sur les cendres en avant, un spectacle qu’il a écrit, mis en scène et pour lequel il a composé musiques et chansons, Pierre Notte est un “artiste complet”.

Première casquette – celle qui “coiffe” elle-même toutes les autres : Pierre Notte est auteur. Auteur par nécessité, “auteur parce qu’il ne pourrait pas vivre autrement” , auteur parce que “tout est de l’ordre de l’écriture, toujours” . Un auteur qui écrit partout, tout le temps, n’importe où… Mais pas n’importe quoi !

Ses autres casquettes découlent nécessairement et naturellement de l’écriture. La mise en scène, la composition musicale, l’organisation de l’espace sur un plateau, le travail scénique avec les comédiens et les équipes techniques ne sont que des outils. Des outils qu’il manie non sans un certain talent. Des outils aiguisés et affûtés par d’autres qualités, telles que justesse, précision, bienveillance, humilité, poésie, hauteur de vue et… amour des artistes.

Si ses textes tournent autour de certaines thématiques qui l’obnubilent (l’isolement, la place de l’individu au sein de la collectivité, le vivre-ensemble, la question de la monstruosité) Pierre Notte se renouvelle sans cesse dans la forme : de duos en pièces chorales, de contes en pièces chantées, il évoque un roman en préparation…

Ce qu’il préfère faire dans la vie : mettre en scène un texte qui n’est pas un des siens (comme récemment La Noce de Jean-Luc Lagarde). “Je monte mes textes parce que je veux qu’ils existent”. Et cependant de nombreux metteurs en scène, français ou étrangers se sont emparés de ses œuvres. Permettant ainsi des rencontres assez exceptionnelles. Brice Hillairet (qui va monter Ma folle otarie à Avignon cet été), Anne-Laure Liégeois, Jean-Claude Cotillard, Noémie Rozenblat, Valéry Warnotte… ils sont de plus en plus nombreux à être touchés par son univers. Et nous avec.

Les Fureurs d’Ostrowsky : portrait de famille à l’hémoglobine

Les Fureurs d’Ostrowsky – spectacle vu le 20 avril 2016
À l’affiche du Théâtre de Belleville jusqu’au 22 avril – puis au Théâtre Gilgamesh (ex-Girasole) à Avignon du 7 au 30 juillet.
Texte Gilles Ostrowsky et Jean-Michel Rabeux
Délire mythologique
D’après (très très lointainement) la terrible histoire des Atrides
Mise en scène Jean-Michel Rabeux
Avec Gilles Ostrowsky

Au sujet du sang, et du théâtre

Enfermé dans une haute cage aux barreaux solides, un boucher lunaire et sanguinolent surgit de derrière un étal/autel – car il sera beaucoup question de boucherie et de dieux dans cette histoire…

L’habit ne fait décidément pas le moine, et c’est un Gilles Ostrowsky paré comme à la plage, tongs, short, chemisette à fleurs, qui va s’emparer de la fresque sanglante des Atrides, l’engloutir, la mâcher, plus ou moins la digérer (tous ces meurtres fatiguent l’estomac et mettent les nerfs à vif), et nous la restituer, passée au filtre de son corps élastique. Condensée ainsi, projetée en un langage très actuel, la tragédie des Atrides, dans ses répétitions, ses excès, sa réinvention perpétuelle du pire, prend des allures de farce burlesque.

Rabeux a étudié la philo ? Ostroswky a œuvré comme clown ? tous deux en ont gardé le goût de la rébellion et du paradoxe, le “goût du non” (dit de lui-même Rabeux) et du rire fou.

La mise en scène (se) joue des codes du cabaret, du music-hall, du grand-guignol, nous mitonne du brutal, du trivial, pour faire surgir l’universel, le tragique, nous le faire empoigner par le rire et l’effroi.
Avec quelques articles de carnaval, vaguement grotesques, un casque de soldat antique en plastoc, des litres d’hémoglobine, des têtes de poupée, dans l’arène de sa cage ceinte de lumières minimales et précises, avec la virulence du texte pour transe, la liberté de jeu d’Ostrowsky semble sans bornes. Et Ostrowsky-Atrée, Ostrowsky-Agamemnon, Ostrowsky-narrateur lance à plusieurs reprises à son auditoire “imagine !” – “imagine, comment fait-on pour cuisiner des enfants, on n’a pas de recettes, imagine, le père avec son masque, imagine, la mère avec sa hache, imagine, le doute, imagine, le remords !”. “Imagine” : incantation magique ! On est bien au théâtre, et c’est bien un art vivant, où tout est vivant, l’auteur, le personnage, le passé, le futur, l’acteur, le spectateur !

 

LesFureurs@RonanThenadey
Gilles Ostrowsky © Ronan Thenadey

Ostrowsky prévient en “note d’intention “de toute façon on sait tous que les morts parlent très bien au théâtre et là on va pas se priver, on va les faire parler les morts !”. Alors ça jacte, ça gueule, ça geint, ça fredonne et ça impréque, de génération en génération, ça trahit et ça maudit, tout ça sort d’Ostrowsky, les paroles des morts, les paroles des vivants, celles des vivants qui vont transformer des vivants en morts, même celles des chèvres et des bébés qui ne se doutent encore de rien, le texte déboule comme un torrent, avec ses tourbillons, ses chutes, élans de fureurs, blagues incongrues, et parfois un étalement apaisé.

Et si le beau et le bizarre fraient toujours ensemble, cet étrange moment suspendu où Ostrowsky se métamorphose en Clytemnestre, la femme meurtrie, lente mue commençant en se perchant sur des hauts talons instables, ce moment est sûrement un de leurs rejetons, fragile, biscornu, et bizarrement beau.

La folie comme remède à la folie

Le mur de la cage va s’abattre, et Oreste, petit-fils d’une lignée de meurtriers, infanticides, traîtres, va pouvoir se libérer du joug de la destinée familiale. “Comme tous et comme toujours, il trempe son épée dans le sang familial, mais là, c’est celui de la mère, et, gronde Ostrowsky mécontent qu’on puisse en arriver là, ça, ça ne pardonne pas : il va pouvoir devenir complétement fou”.

Ostrowsky et Rabeux eux-mêmes se libèrent de la mythologie antique pour offrir à Oreste une porte de sortie, et c’est par quelques pas de danse tâtonnants, sur les notes acidulées de Raindrops keep fallin’ on my head, qu’Oreste va s’échapper définitivement.

Le spectacle n’est plus à l’affiche au Théâtre de Belleville que quelques jours, mais, Parisiens, il n’est pas trop tard. Allez-y ce soir, à 20h30 vous êtes sortis, pile pour le dîner. Et il reprend à Avignon pour le festival, salle Guilgamesh. Guettez-le.

 

Revue de presse du 20 avril 2016 : La Ménagerie de verre, Le Monde d’hier, Romance sauvage

La ménagerie de verre_afficheLe Monde d'hier - Les Mathurins Romance sauvage - Lucernaire

1. La Ménagerie de verre, mise en scène par Daniel Janneteau : une atmosphère flottante et raffinée, qui envoûte certains mais, malgré la qualité incontestée de l’interprétation, en laisse quelques-uns de marbre :

“Une mise en scène onirique et distancée. Pendant la première heure, on peut juger le spectacle un brin formel et figé, mais le rêve de verre se teinte d’une émotion soudaine… La poésie glacée de Daniel Jeanneteau sert ce texte délicat comme le verre. Le sensible l’emporte sur la sensiblerie.” Les Echos

“Une version ouatée et envoûtante. L’écriture fut [pour Tennessee Williams] un antidépresseur sublime. Le théâtre peut l’être aussi.Télérama

“[Daniel Jeanneteau] restitue cette œuvre avec doigté, finesse et sensibilité… Dominique Reymond irradie la scène de sa présence. Elle est bouleversante, intrigante, dérangeante, au point parfois de déclencher des rires suscités par une souffrance pathétique qui confine parfois à l’absurde.” Marianne

“Le metteur en scène a abordé la pièce pour une commande au Japon en 2011 et son travail a gardé un maniérisme gestuel propre au théâtre japonais, qui a tendance à boursoufler les caractères.” Rue du théâtre

“Une mise en scène maniérée et installée de La Ménagerie de verre en restituant certes la beauté fragile de la pièce mais pas sa viscérale intensité. [Les acteurs] ont beau développer un jeu fin et touchant, ils perdent en relief et en épaisseur dans cette atmosphère chimérique hors sujet.” Toute la culture

“La tentation est forte de rechercher les influences japonaises dans cette mise en scène… Elles apparaissent sans excès avec l’apparition de certains codes du théâtre nô, ou dans la création d’un vocabulaire d’images qui semble issu de la poésie du haïku japonais. Une belle réussite également obtenue par l’interprétation…” Webtheatre

“Dominique Reymond, lumineuse et libre, merveilleuse figure de mère réinventée, poétique… Tout en délicatesse, la mise en scène et la scénographie plongent dans un univers de songe éveillé…JDD ***

 

2. Le Monde d’hier, d’après Zweig, salué par les critiques tant pour le fond que pour la forme :

“Un spectacle minimal, mais de grande portée.”  Le Monde

“Dans une interprétation sobre, tendue et fine, Jérôme Kircher dit l’émotion de Zweig, laisse entendre dans les légers tremblements de sa voix le désenchantement, l’inquiétude, la peur des noirs lendemains. Dans une résonance sensible avec le monde d’aujourd’hui.” JDD

“L’adaptation de ce texte, peu évident pour le théâtre, est juste et claire. Seul en scène, Jérôme Kircher donne très finement corps à cette histoire fondamentale pour comprendre le monde d’aujourd’hui.” Télérama Sortir

“On ne peut rendre à Stefan Zweig hommage plus vibrant. Simple, solennel, authentique.” Figaro Magazine

“Un spectacle nécessaire. Le regard de Kircher est intense… Avec panache, il porte les derniers mots du poète désespéré, qui malgré «l’ombre qui le n’a pas quitté à travers toutes ces années» sont une ode à la vie.” Les Echos

“La partition élaborée par Laurent Seksik à partir d’extraits de l’œuvre originale empreinte de gravité ne se prête pas aux effets scéniques mais à l’écoute, ce que privilégient Patrick Pineau et Jérôme Kircher. Jérôme Kircher, comédien rare, se concentre sur l’incarnation sensible d’un texte qui éclaire et interroge le monde présent et l’homme d’aujourd’hui.” Froggy’s delight

 

3. Romance sauvage : Les Epis noirs version légère (en duo, Pierre Lericq et Manon Andersen) pour un spectacle survitaminé et intense ! :

“La connivence avec le public est totale et chaque spectateur semble être le troisième larron de cette farce truculente. La mise en scène minimaliste n’empêche aucune fantaisie pour des comédiens en roue libre. Avec cette poésie jubilatoire qui colle à l’esprit longtemps après la pièce.” Publikart

“Pierre Lericq suit sa route, faire de musique, de burlesque, d’incantations, de provocations… son nouveau spectacle est poétique, cocasse, enlevé. Avec la charmante Manon Andersen, il forme un duo très efficace. Figaro Magazine

“Aucune mièvrerie, aucune complaisance mais une force éclatante et dans les mots et dans la musique. Du rythme, de la poésie, un soupçon de philosophie, de la démesure, de l’auto-dérision… éminemment jubilatoire, un spectacle complet où les artistes ne s’économisent pas, nous laissant abasourdis et émerveillés .” Reg’Arts

Les Epis Noirs sont dressés vers le vent de la fantaisie, de l’amour et du bonheur. Pierre Lericq a quelque chose de Higelin dans la voix, le timbre vibre avec les sentiments… Manon Andersen se montre tour à tour pudique, pulpeuse, sage, dévergondée, lyrique et fantasmée. Le duo d’artistes se démène sur scène, le public apprécie et applaudit à tout rompre.” Théâtrothèque TTT

“Une fantaisie débridée et imprévisible. De belles chansons aussi graves que désinvoltes sur l’amour, présentées dans un superbe écrin, mis en valeur par une mise en scène précise et efficace…Un spectacle frais, irrésistible et émouvant.” Froggy’s delight

“Un spectacle total où l’amour et la liberté se mettent en questions et en chansons. Préparez-vous à voyager en haute altitude, entre paroi et précipice, théâtre et concert, burlesque et poésie, en suivant le fil onirique de cette Romance sauvage.” Artistik Rezo

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Compagnie au Studio-Théâtre : “Soyez câlins !”

Compagnie de Samuel Beckett – Spectacle vu le 16 avril 2016
A l’affiche du Studio-Théâtre de la Comédie-Française jusqu’au 24 avril 2016
Conception et interprétation : Christian Gonon
Collaboration artistique et dramaturgie : Pascal Antonini
Lumières : Julien Barbazin

 

“Compagnie”, écrit par Samuel Beckett 9 ans avant sa mort, a été joué en 1984 par Pierre Dux, avec une mise en scène de Pierre Chabert. L’auteur irlandais qui, de façon générale, ne voulait pas expliquer intellectuellement son œuvre, s’était néanmoins livré à cette confidence : “Soyez câlins avec ce texte !”.

Aujourd’hui, c’est Christian Gonon qui nous offre cet objet théâtral difficilement identifiable ; une heure de spectacle sépare la première phrase : “Une voix parvient à quelqu’un dans le noir. Imaginer” de la dernière : “Seul”. Dans cet intervalle, nous remontons le temps et partageons différents souvenirs de l’enfance de l’écrivain : naissance, relation aux parents, transport amoureux, soin d’un animal. La solitude et la finitude de la condition humaine sont abordées via des mots réalistes et crus.

 

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©Vincent Pontet – coll. Comédie-Française

 

Le mental-seul n’est pas de la meilleure compagnie pour réaliser ce voyage initiatique et accepter ce saut dans le vide qui nous interroge sur le sens de notre propre vie !

Christian Gonon, seul en scène, apporte délicatesse par rapport aux mots et aux silences, humour pudique et sensualité à ce puissant travail de dissection de l’âme humaine, préparé avec Pascal Antonini, depuis plusieurs mois.

En ne retenant qu’une phrase, Christian Gonon choisit de nous dire : “Si tes yeux venaient à s’ouvrir, le noir s’éclaircirait“.

“Compagnie” est superbe –les lumières en clair/obscur favorisant le regard intérieur-, déconcertant et hypnotisant ! Courez-y !

Magali Rosselo

 

Daniel_Jeanneteau_portrait

Interview de Daniel Jeanneteau

Interview de Daniel Jeanneteau, metteur en scène et scénographe – 8 avril 2016
Au sujet de son spectacle La Ménagerie de verre à l’affiche du Théâtre de la Colline jusqu’au 28 avril 2016, puis en tournée

“On pourrait dire que ma vie a commencé par une rencontre sur un quai de l’Ill à Strasbourg…”

Actuellement à l’affiche du Théâtre de la Colline avec sa dernière création, La Ménagerie de verre, Daniel Jeanneteau n’en est certes pas à son coup d’essai. Il se souvient avoir eu un déclic en croisant sur un quai de Strasbourg Axel Bogousslavsky qu’il avait admiré dans le film “Les Enfants” de Marguerite Duras. Ayant osé l’aborder, il devint son ami, lequel ami lui présenta Claude Régy – sa vie en tant que scénographe venait de débuter, et pas avec n’importe qui…

Metteur en scène de ses propres spectacles depuis 2001, il n’en poursuit pas moins ses collaborations à la scénographie. La rencontre avec les univers des autres (Pascal Rambert, Jean-François Sivadier, Alain Ollivier, Jean-Baptiste Sastre…) continue de le nourrir. Son matériau c’est le rêve, et s’il dit modestement que “tout le monde est capable d’avoir des visions”, il est sans conteste plus doué que la moyenne…

Autre casquette depuis 2008 : il dirige le Studio-Théâtre de Vitry, un lieu assez unique, favorable au travail et à la concentration. Son objectif est d’y accueillir, encourager et soutenir des compagnies plus ou moins jeunes. “Il ne s’agit pas réellement d’un théâtre mais d’un lieu de création, point de départ d’aventures qui se propagent ailleurs”. Une sorte d’interface, de chaînon manquant entre les artistes et le réseau national. Il pourrait s’enorgueillir de piloter ce type de lieux aujourd’hui particulièrement pertinents dans le paysage culturel français.

Mais s’enorgueillir de quoique ce soit ne semble pas faire partie de l’ADN de Daniel Jeanneteau…

 

Alexis Moncorge portrait

Interview d’Alexis Moncorgé, Molière 2016 de la révélation masculine

Interview d‘Alexis Moncorgé, comédien – 30 mars 2016
Au sujet de son spectacle Amok à l’affiche du Théâtre de Poche-Montparnasse jusqu’au 22 mai 2016, puis à Avignon cet été

“J’ai besoin du public, le public est mon partenaire particulier et c’est un vrai bonheur…”

À ceux qui évoqueraient une ressemblance troublante entre ce talentueux comédien et l’une des plus célèbres “gueules” du cinéma français, on serait tenté de répondre : “rien de plus normal, Alexis Moncorgé est le petit-fils de Jean Gabin”. Tombé dans la marmite dès son plus jeune âge, il déclare avoir toujours voulu “faire l’acteur”. En attendant de le voir un jour sur grand écran, on peut déjà l’applaudir sur une scène de théâtre, grâce à un projet qu’il a apporté et porté lui-même. En effet, la tête sur les épaules, il a conscience que ce métier est compliqué. Qu’il faut “y aller”, faire les choses soi-même ( “la flamme, la foi, l’envie, le talent ne suffisent pas”…). Grand fan de Zweig, il s’est donc lancé dans l’adaptation de l’une de ses nouvelles, “lui-même comme un amok”. Bien lui en a pris : le résultat est l’un des gros succès de la rentrée théâtrale de janvier.

Un comédien qui émerge, qui intéresse, qui a rencontré son public à Avignon, puis à Paris avant une tournée la saison prochaine. Du succès d’Amok à une nomination aux Molières, d’Avignon 2015 à Avignon 2016, de ses débuts sur les planches (La paix du ménage) à son projet de janvier 2017 (il jouera au Théâtre du Ranelagh dans L’Aigle à deux têtes mis en scène par son ami Issame Chayle), il y a fort à parier que l’on n’a pas fini d’entendre parler de lui. Aller plus loin, toujours plus loin : telle pourrait être sa devise. Aussi loin qu’il ira, nous serons sans doute de plus en plus nombreux à le suivre…

 

Revue de presse du 13 avril 2016 : Old Times, Nos serments et Cabaret Léo Ferré

 

 

1. La pièce du londonien Harold Pinter Old Times ne convainc pas, en dépit d’un remarquable trio de comédiens :

– “La mise en scène esthétisante de Benoit Giros ne parvient pas à rendre le mystère et la tension dramaturgies inhérents à la structure de l’écriture au détriment d’une lecture trop sage, trop objective, dommage.” – Publik’Art

– “De bons acteurs seuls ne suffisent pas à envoûter un parterre de spectateurs ni à extirper un texte plat et cryptique de sa torpeur.” – Time Out

– “Il y a beaucoup de talents réunis. Les deux comédiennes ont une autorité intérieure face à l’homme, plus fragile...” – Le blog du Figaro

“Piégé par la construction diabolique de la pièce, Benoît Giros gâche ses atouts.” Le Point

“Benoît Giros ne parvient pas à trouver le ton juste des abîmes pintériens et l’interprétation, trop pragmatique, passe à côté.” Le JDD

“Si Emmanuel Salinger, en contre-emploi et au jeu démonstratif, convainc peu, le duo formé par Marianne Denicourt et Adèle Haenel fonctionne parfaitement.” Froggy’s Delight

– “La pièce de Pinter est filandreuse, molle ; la mise en scène fantomatique. Pourquoi être allé rechercher cette vieille et faible pièce des années 1970 ?” – Telerama

– Interview d’Adèle Haenel pour L’Express

 

2. Nos serments, la nouvelle création très réussie de Julie Duclos de retour au Théâtre de la Colline :

– “Un spectacle marquant et attachant porté par une inspiration singulière.” – Publik’Art

– “Julie Duclos fait du théâtre au présent à partir d’un film du passé et réussit un coup d’éclat : restituer, en la réinventant, la trame narrative du film de Jean Eustache, La Maman et la Putain.” – Les Inrocks

– “Le spectacle devient vaudeville sentimental habité par la grâce. Affranchi du cinéma, Nos serments distille la micro-magie du vécu propre au théâtre.” – Les Echos

– “Julie Duclos, dont c’est seulement la troisième mise en scène, se révèle une excellente directrice d’acteurs dans sa capacité à toujours laisser respirer les situations sans rien hâter.” – Libération

– “Ces amours temporaires, abondamment commentées par ceux et celles qui les vivent, ont quelque chose de rohmérien, à l’image de la vaillante héroïne, jouée par la lumineuse Alix Riemer. L’ensemble est savoureux et très juste.” – Telerama

– “La scénographie, les lumières, le son, la mise en scène : tout est travaillé avec précision, tout est réalisé avec un indéniable talent.” – La Terrasse

– “Les comédiens de la compagnie l’In-quarto dégagent une présence immédiate, réelle et théâtrale, en étant à la fois eux-mêmes et le personnage.” – Le JDD

 

3. Comme chaque année, la Comédie-Française propose son Cabaret ; cette année Léo Ferré à l’honneur :

– “Le charme du spectacle repose sur l’interprétation sensible, ciselée, à fleur de peau -jamais ampoulée ou mélo.” – Les Echos

– “Aucun de ces comédiens n’a de disque à vendre. Relayer l’émotion est leur seul but.” – TV5 Monde

– “Les morceaux choisis évoquent, la révolte, la mélancolie, l’amour des femmes, de Paris, des mots et même des poètes.” – Le Huffington Post

– “Sous la direction artistique de Claude Mathieu, sept Comédiens-Français (Martine Chevalier, Véronique Vella, Alexandre Pavloff, Julie Sicard, Serge Bagdassarian, Christophe Montenez et Pauline Clément) parviennent à restituer par bribes le style d’un artiste solitaire qui cultivait le mélodrame, les effets du chanté/parlé et tutoyait les anges.” Le Telegramme

– “La scénographie, les lumières, le son, la mise en scène : tout est travaillé avec précision, tout est réalisé avec un indéniable talent.” – La Terrasse

– “Un cabaret parfaitement composé, accompagné par l’habituel complice et directeur musical Benoît Urbain au piano et à l’accordéon, Paul Abirached à la guitare, Olivier Moret à la contrebasse et Alain Grange au violoncelle.” – Le JDD